Média : une photo de voyage!
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Tina
Il m'a autorisée à rester. Pour tout avouer, au premier abord, il m'a effrayée. Il paraissait si hautain qu'il en devenait insolent. Après tout, pourquoi me le proposer s'il n'en ressentait pas l'envie ? Sa voix semblait si... cruelle.
Malgré tout, par la suite, il a affirmé apprécier nos moments d'échange. À cet instant précis, j'ai cru percevoir quelque chose en lui. Un élément différent de ce qu'il accepte de me montrer habituellement. Plus que tout, il s'est montré intéressé par ma personne. Il ne m'a pas jugée étrange ou que sais-je encore. Non, il aime mes conversations. Je crois que ce détail a tout changé et m'a amenée à accepter.
D'habitude, je ne parviens que rarement à me sentir à l'aise avec quelqu'un d'autre. Ce sentiment de décalage constant m'a amenée à m'éloigner de mon entourage.
Confortablement installée sous cette couverture depuis plus d'une heure, je décide finalement de quitter cette pièce. Le ciel s'étant éclairci, je choisis de sortir prendre l'air. J'enfile mon manteau puis emprunte à nouveau le couloir dans l'optique de rejoindre l'extérieur. J'ouvre doucement la porte avant de m'engouffrer dans ces températures fraîches. La verdure sous mes pieds contraste avec l'azur au-dessus de ma tête.
Le sol est boueux, mes chaussures s'enfoncent dedans. Pourtant, je continue mon avancée, pataugeant dans la terre. Je suis un petit chemin, entouré de deux murets de pierres délimitant le terrain des moutons blancs. Bien que ces derniers s'enfuient souvent, se retrouvant sur la route. Certains se baladent à mes côtés. Seulement quelques dizaines de mètres devant moi se situe la falaise. Je l'atteins en l'espace de quelques minutes. Ainsi, je surplombe la mer. En contrebas, les vagues s'écrasent sur les rochers, sans violence particulière. Vers l'horizon, le bleu du ciel et de l'étendue d'eau se confondent presque, ne formant plus qu'une seule surface.
Une faible brise fait voler mes cheveux bruns. Agacée, je les attache négligemment. Admirant ce paysage hors du commun, j'enfonce mes mains dans mes poches. Des oiseaux volent avant de se poser sur un rocher plus loin. Leurs grandes ailes battent dans le vide puis, ils repartent dans les airs.
Au bout d'un long moment de calme et de sérénité, je retourne sur mes pas. Rejoignant la maison, je remarque que mes baskets sont recouvertes de terre. Ainsi, je m'assois sur une chaise de la terrasse et les retire avant de rentrer. En relevant le regard, je discerne Nolan derrière la fenêtre de sa chambre. Il fixe la falaise d'un air terriblement triste. Puis, il m'observe moi, et les traits de son visage sont tirés par l'envie. Le besoin d'effectuer le même chemin que moi. Par la suite, il se recule dans l'ombre.
Impuissante, j'arpente le corridor en chaussettes. En passant devant sa chambre, j'hésite à aller lui parler. Simplement, je me souviens de la puissance qu'il peut mettre dans ses mots lorsqu'il se trouve en de mauvaises dispositions. Alors, je m'abstiens. La pulpe de mes doigts frôle doucement la paroi en bois. À cet instant, elle s'ouvre brusquement, m'amenant à reculer de plusieurs pas.
Je découvre le visage surpris de l'Irlandais. Les mains sur les roues de son fauteuil, il me dévisage. Il tente de donner l'impression d'un homme dur. Simplement, dans ses pupilles, je décèle une faille.
— Désolée, je rentrais d'une balade, murmuré-je, prise sur le fait.
Il se renferme encore plus et je me maudis pour avoir choisi ces mots sur tous ceux qui existent. Il baisse les yeux et esquisse un demi-tour. Cependant, je m'avance vers lui plus rapidement. Mes doigts se referment sur la poignée de son fauteuil, l'empêchant d'avancer.

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Zébrés
RomanceTourmentés par les aléas de la vie, ils cherchent désespérément des réponses. Lui, rejette toutes les personnes qui tentent de l'approcher. Malgré la présence de son frère, il doute de pouvoir reprendre le dessus un jour. Elle, se méfie de tout mais...