Zébrés

32 ; Tu me déçois

NDA : ce chapitre n'a pas eu le temps de passer entre les mains de ma bêta, je m'excuse par avance des éventuelles coquilles. Bonne lecture !

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Deux semaines plus tard

Tina

Nous voici de retour en Irlande depuis hier soir. Les retrouvailles entre les deux frères ont été émouvantes mais empreintes de pudeur. Nyle comme Nolan ne souhaitait pas montrer sa joie de se retrouver après ces mois de voyage. Par contre, je n'ai pas caché ma gaieté de retrouver le cadet Irlandais. Toutefois, je leur ai laissé un moment d'intimité, ne souhaitant pas m'immiscer dans leur relation déjà complexe. Ils ont discuté toute la nuit durant. Si bien qu'ils n'avaient pas bougé lorsque je me suis levée au petit matin.

Je n'ai pas récupéré la petite pièce qui m'avait servi de refuge. Automatiquement, mon compagnon m'a suggéré de rejoindre sa chambre. Par conséquent, je m'y suis endormie seule tandis que les deux hommes profitaient de leurs retrouvailles. Par la vitre, j'ai pu admirer ces falaises majestueuses surplombant la mer. Je n'avais pas réalisé à quel point elles m'avaient manquées. Par contre, je n'ai pas aperçu le cheval du voisin, celui qui aime venir se prélasser sur notre pelouse.

Mes parents savent que je me trouve en ces terres anglophones. Même s'ils ont témoigné une certaine déception à l'idée que je ne sois toujours pas décidée de rentrer en France, j'imagine qu'ils sont soulagés que je me pose pendant un temps. Au fond, je suis ravie d'avoir rejoint cette île. Elle se révèle particulièrement reposante.

Actuellement, alors que je suis installée sur le lit, à côté de la grande fenêtre donnant sur le paysage celtique, j'entends une voix qui m'interpelle. Surprise, je me redresse, posant mon livre sur le matelas. No' est parti chez sa famille pour l'après-midi. Par conséquent, il ne pouvait s'agir que du cadet de la fratrie. Je lui offre un sourire tandis qu'il s'assoit sur la chaise du bureau. Un air soucieux étire ses traits, il se tord les doigts. Mon expression joviale s'évapore, laissant place à une anxiété pénible.

— Tout va bien ? m'enquiers-je, inquiète.

— J'ai un doute, me murmure-t-il, le regard dans le vague.

— À quel propos ?

La mine sombre, il croise ses mains sur ses genoux. Son aîné l'a rapidement mis au courant de sa décision radicale. Nyle s'est montré surpris mais pas moins très content. Immédiatement, il s'est proposé de l'aider et de le soutenir dans cette démarche essentielle. Par conséquent, le problème ne provient pas de la prothèse.

L'homme aux airs juvéniles redresse le visage dans ma direction, la mine sombre.

— Nolan et Ceallach vivaient quasiment ensemble, ils passaient la majorité de leur temps tous les deux dans l'aérodrome. Donc, lorsqu'il est décédé, mon frère n'était plus le même. Il broyait du noir continuellement, n'avait plus l'envie de rien. Il prenait moins de plaisir à voler, il ne mangeait que pour survivre. Il déambulait comme un fantôme parmi les avions. Nous ne nous parlions plus vraiment. En réalité, il avait perdu la faculté de communiquer. Depuis tout petit, il peinait à s'exprimer. Malheureusement, cette perte a tout brisé en lui. Lorsque j'ai appris pour son accident, j'ai su que...

Il se tait brusquement, l'émotion montant en lui. Une tension de plomb s'abat lourdement sur nous. Je devine aisément que je m'apprête à apprendre une information pouvant tout changer. Ma respiration se coupe, à l'affût du moindre mot. Je décèle ses pupilles larmoyantes, prouvant une angoisse particulièrement profonde.

— Qu'il avait voulu en finir. Il avait souhaité se donner la mort, souffle-t-il en se mettant à trembler.

Mon cœur s'arrête l'espace d'un instant, imaginant mon compagnon tentant de mettre fin à ses jours. Est-ce cela, la raison de son accident ? A-t-il volontairement saboté son parachute ? Confuse, je ne bouge pas d'un iota. Depuis que j'ai rencontré Nolan, j'ai pu percevoir à de nombreuses reprises des périodes de tristesse intenses. Toutefois, elles s'avèrent de plus en plus rares. Malgré tout, je n'ai jamais songé qu'il ait pu vouloir en arriver là.