Tina
L'ennui commençait à s'emparer de moi. Par conséquent, j'ai décidé de rentrer, malgré mon différend avec Nolan. J'aurais préféré attendre que Nyle termine sa journée de travail, seulement je me sens impatiente : je dois régler ce problème avec l'Irlandais. À présent calmée, un long soupir s'échappe de ma bouche, formant un nuage blanc devant moi. Mes bottes écrasent le sol humide. J'ai du mal à interpréter ce qu'il s'est déroulé à l'aérodrome. Malgré tout, je décide de passer outre son comportement blessant et d'effectuer un pas vers lui.
Pressée, je pousse la porte. La chaleur de la maison m'envahit. Cependant, un courant d'air me gifle le visage. Instantanément, j'ai un mauvais pressentiment. Un silence pèse dans la bâtisse, rendant chacun de mes pas particulièrement bruyants. Fronçant les sourcils, j'aperçois le fauteuil roulant vide. Je m'avance dans la pièce, le cherchant frénétiquement du regard.
— Nolan ? j'appelle, anxieuse.
Aucune réponse verbale. Par contre, je perçois un son dans la cuisine. Sursautant, j'ai un mouvement de recul. Que se passe-t-il exactement ? Le cœur battant, je me précipite vers l'origine de ce bruit. Un frisson me parcourt l'échine en découvrant mon hôte, hagard, sur le sol parmi des éclats de verre. Le regard dans le vide, son visage est baigné de larmes sèches. Machinalement, il ouvre le placard à côté de lui puis claque la porte, signifiant sa présence. Je m'élance vers lui, le verre craquant sous mes chaussures. Mon cœur se compresse en observant cet homme désemparé. M'agenouillant à ses côtés, j'enlace doucement son poignet. Il sursaute violemment, sortant de sa transe. Les yeux écarquillés, il me dévisage comme s'il ne me reconnaissait pas.
— Que t'est-il arrivé ? m'enquiers-je, sentant sa détresse.
— J'ai mal à la jambe droite, bafouille-t-il.
Effarée, j'observe sa cuisse, mes prunelles descendant jusqu'au néant. Comment peut-il souffrir d'un membre qu'il ne possède plus ?
— No', ce n'est pas possible, murmuré-je précautionneusement, mon pouce passant sur ses phalanges.
Il s'agite, me désignant sa jambe amputée en insistant.
— Je me suis blessé en tombant, bredouille-t-il.
Malgré la panique qui monte en moi, je pose ma paume sur sa cuisse. Il tressaille tandis qu'elle progresse le long de son épiderme, jusqu'à ne plus rien trouver.
— J'ai dû m'entailler, continue-t-il, remontant son pantalon.
À cet instant, j'aperçois des morceaux de verre incrustés dans sa main. Ne sachant pas comment gérer cette situation surréaliste, j'abonde dans son sens, lui promettant de le soigner. Ainsi, je me lève puis rapproche le fauteuil roulant, écartant les débris d'un coup de pied. Par la suite, je m'abaisse à son niveau, lui offrant mon appui. Fébrile, il se repose sur moi, tente de se redresser. Contractant mes muscles, je peine à rester droite. Malheureusement, il tombe lourdement, une grimace déformant son visage tandis que la culpabilité monte en moi. Je me positionne mieux, espérant y parvenir. Je refuse de laisser ainsi, à même le sol.
— Pardon, recommençons.
Il réitère son action. Je concentre toute mon énergie sur cette action, lui permettant d'atteindre maladroitement son assise. Par la suite, je le pousse jusqu'au salon, loin de ce carnage. Puis je me presse vers la salle de bain où je récupère ce dont j'ai besoin. Retournant à ses côtés, je le retrouve toujours aussi désorienté. Les prunelles virevoltant partout, sa main touchant continuellement sa jambe amputée.
Probablement qu'il a chuté en attrapant de quoi boire. Mais, depuis quand attend-il par terre ?
Perturbée, je tremble légèrement tout en retirant les morceaux de verre de sa paume. Il ne rechigne pas, se rendant à peine compte de mon acte. Enroulant son épiderme blessé dans un bandage, je sens mon cœur qui refuse de se calmer. Cette journée semble trop forte en émotions.
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Zébrés
Roman d'amourTourmentés par les aléas de la vie, ils cherchent désespérément des réponses. Lui, rejette toutes les personnes qui tentent de l'approcher. Malgré la présence de son frère, il doute de pouvoir reprendre le dessus un jour. Elle, se méfie de tout mais...