Pour ce chapitre, je vous conseille vivement d'écouter le thème musical : Maisou extended :)
Il pleuvait abondamment. Les grosses gouttes perlaient sur son visage fermé, son œil visible reflet de son âme meurtrie. Il portait ses deux amis, veillant sur eux comme le trésor le plus précieux qui lui eut été permis d'avoir. Ses mains étaient salies du sang de ses victimes et de ceux qui avaient toujours partagé sa vie.
Son cœur était en pièce, son esprit en lambeau, seul et perdu dans un océan de liquide pourpre, mais ses larmes refusaient de couler. Il ne pleurait pas. Non. Il ne pouvait pas. Il ne voulait pas. Il n'avait que trop exprimé ses sentiments auparavant, véritable trouillard, véritable nid à problèmes, et cela avait conduit à leur perte. Alors il ne pleurerait pas. Non. Pas cette fois. Ça ne servirait à rien. Il se murerait derrière un masque de glace, comme son ami l'avait fait autrefois. C'était sa seule solution pour qu'il ne laisse pas le désespoir l'envahir et le posséder entièrement. Il fallait qu'il se le promette.
Les larges portes du village se dessinèrent à travers le rideau aqueux de cette fin du jour, de cette fin de vie que sonnait la cloche meurtrière et cruelle d'un ciel d'orage.Des shinobis sentinelles accoururent autour de lui, se dépêchant de vouloir l'aider, mais d'un simple regard, il les en dissuada. Il voulait les porter, jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Il voulait les avoir avec lui. Leurs corps étaient encore le seul rempart qu'il avait pour ne pas céder à la folie et à la haine qui l'avait consumée. Il les avait massacrés. Tous, jusqu'au dernier. Il avait voulu voir leur sang couler, leur mâchoire se détacher sans résistance des visages horrifiés de ses victimes, leurs boyaux se tordre et s'échapper de leur prison de chair, leurs membres désarticulés, leurs yeux exorbités de terreur, leur supplice sans fin avant leur mort. Il les avait torturés, prolongeant leur douleur, leur peur, et il avait aimé ça.
Ses amis en auraient été horrifiés, apeurés, dégoûtés. Lui-même l'était de sa propre personne. Jamais il n'aurait imaginé entrer dans une telle fureur destructrice et sanglante avant cet instant. Jamais.
Ses pas le guidèrent jusqu'à l'hôpital de Konoha. Les lumières blafardes qu'il exécrait se propageaient à l'extérieur des fenêtres, trouvant leur chemin parmi la pluie torrentielle qui s'abattait avec fracas sur le chemin de pierre.
Des infirmières sortirent en trombe, affolées par le spectacle macabre qui s'offraient à elles, mais il ne bougea pas. Elles se pressèrent autour de lui, tentant de lui enlever le poids mort de ses deux camarades, mais il ne les lâcha pas. Il ne les lâcherait pas. Il les porterait jusqu'à la fin, jusqu'à leur lit d'hôpital pour que le constat de leur décès soit fait par les médecins-nin du village, et que l'Hokage vienne voir le désastre de l'unité Kakashi et de la tentative sournoise de Kiri d'anéantir Konoha en se servant de Rin, SA Rin comme cobaye.
Il se dirigea à l'intérieur du bâtiment, sous les regards horrifiés des patients qui attendaient à l'accueil de l'office médicale, entouré d'une dizaine d'infirmières se pressant pour chercher un maximum de médecin-nin compétents afin de s'occuper des deux cas d'urgence.
Pourquoi se pressaient-elles avec cet air angoissé sur le visage... ? Ça ne servait à rien. Il était parfaitement inutile de se presser. Leur vie avait été rayée de la carte sous les coups de l'ennemi. Et cela par sa faute... S'il avait été plus fort, s'il était parvenu à ne plus dépendre des autres, et à ne plus se laisser dicter par ses émotions, il aurait peut-être pu les sauver...A présent, il ne verrait plus jamais de lueur de vie dans leurs yeux. Plus de rendez-vous romantiques avec Rin, plus d'heures passées avec elle à regarder les nuages s'effilocher dans le ciel ou se liant amoureusement au gré du vent, plus de sensation divine de l'exquise caresse de ses lèvres sur les siennes, plus de regard ambré posé sur lui, emplis d'amour et de tendresse. Il n'y aurait plus de combats avec Kakashi, plus de joutes verbales, plus de regards complices, plus d'accolade fraternelle, plus rien. Et son âme, son cœur, son être partait en lambeaux, morceau par morceau. Sa chair se délitait à chaque pas qu'il faisait, menant ses amis vers les grandes portes blanches qui annonceraient leur mort.
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Sur le chemin du destin
Fanfiction(Saga: Au-delà du temps-Partie 2) Kakashi est revenu à son époque où il retrouve son Senseï, Minato, dans la ville de Rôran. Son voyage temporel a bouleversé l'espace-temps, et le futur dans lequel il est allé a totalement disparu. Un nouveau destin...