03. CELUI QUI ALLAIT A LA FÊTE

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« Et du coup, tu y vas, à cette fête ? »

« Je pense ouais... »

« Je me demande bien ce qui te motive... »


Maya aimait bien me taquiner comme ça. Derrière l'écran de mon téléphone, je me surpris à pouffer de rire bêtement.

« La vérité ? C'est que Clara ne me pardonnera jamais de sécher sa fête de rentrée. »

« Qu'est-ce que qu'on en a à faire de cette pouffe ? »


Ah oui, c'est vrai. J'allais presque oublier leur amour réciproque.

« J'en ai à faire qu'elle est toujours dans ma classe, et qu'elle est toujours aussi collante. » 

« Pfft... »


Je pouvais aisément imaginer la tête de Maya de son côté. De toute façon, j'y allais, point barre. Je m'étais fixé comme but d'enfin sortir de ma bulle, de voir des gens et... clairement, Clara m'offrait – sans le savoir – une opportunité. 

* * *

Ce soir-là il faisait bon, comme tous les autres soirs depuis la rentrée. C'était comme si l'été avait décidé de se prolonger un peu en septembre et, avouons-le, ce n'était pas désagréable. Comme d'habitude, mes parents m'avaient demandé de bien être prudent, de ne pas rentrer à pas d'heure, ou, si jamais, de les tenir informés si je restais dormir sur place. Ce n'était jamais arrivé, car j'avais toujours eu horreur de dormir dans d'autres chambres, hormis celle de Maya. Mais Maya était comme une sœur pour moi, sa chambre était ma chambre, et inversement.

Ce soir-là quand j'arrivais chez Clara, j'avais la boule au ventre. Sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Je n'allais pas passer un examen ou quoi, j'avais même amené une bouteille pour montrer toute ma bonne volonté mais il y avait autre chose. L'angoisse de m'y rendre seul pour cette fois. Pas de meilleure amie pour me sortir d'une situation délicate si jamais, pas de meilleure amie à raccompagner en urgence pour quitter la soirée plus tôt – alors qu'en réalité, il n'y avait pas d'urgence – pas de meilleure amie du tout... Je sais, j'étais pathétique à penser ça, mais c'était tout moi. 

Trop. Coincé. 

Trop. Peureux.

Trop. Timide.

Je me maudissais tellement d'être ainsi.

– Louis ! C'est génial que tu sois là, entre !

J'étais dans les premiers arrivés. Normal. Je venais toujours trop en avance à tous mes rendez-vous. Quels qu'ils soient. C'était la faute à mon père ça, il était toujours très stressant sur les horaires.

– T'as ramené personne d'autre ?

Elle avait l'air déçue.

– Je ne savais pas que l'on pouvait.

Je ne l'aurais pas fait, même si j'avais su, mais bon... Clara haussa les épaules. Dans un coin du salon je vis Inès et Sixtine, entourées d'autres filles que je ne connaissais que très peu. Ok, si les filles avaient ramené leurs potes des autres classes, que les autres gars faisaient la même, j'étais juste le pauvre con, toujours à la ramasse comme toujours. Quoi que. Eden. Eden allait venir seul aussi. J'étais sauvé. Rapidement je déposais mes affaires dans la cuisine. Dehors la piscine était toujours ouverte et j'y retrouvais l'autre Louis, déjà en maillot, en train de siroter quelque chose dans sa bouée. Une petite demi-heure plus tard, Blaise et Julien firent irruption, amenant avec eux deux autres potes de leur équipe de volley. Que je connaissais, mais que je ne côtoyais pas non plus. Il ne restait plus qu'Eden pour illuminer ma soirée. Cette soirée, c'était le moyen de peut-être me rapprocher de lui, et de faire connaissance. Je n'avais aucune idée de ce que j'espérais, je voulais juste... le voir. Il m'obsédait presque depuis le cours de sport, s'en était terrifiant.

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