Louis Verbeeck, tu es un imbécile. Je n'avais pas eu de nouvelles depuis deux jours d'Adel. Soit depuis vendredi. Et je venais de passer le week-end le plus long de ma vie. À rien faire. Juste à méditer sur ma misérable existence, et à me dire que j'avais un chic pour toujours tout foutre en l'air. Il fallait croire que je n'étais juste pas foutu de vivre joyeusement, sans me prendre la tête. Dans ma tête, c'était le foutoir. J'avais contacté Eden pour parler. Et il avait juste tout bonnement esquivé le sujet, et puis, par SMS, c'était tellement plus simple. Puis, dimanche soir, j'avais reçu ce message de sa part, celui qui avait achevé de me plomber le moral.
« J'ai parlé avec Adel, désolé d'avoir été un peu distant avec toi, je me suis tout de suite imaginé que c'était à ton initiative que vous vous étiez embrassé. On en parle lundi, mais excuse moi de m'être barré comme ça du CDI sans t'avoir laissé m'expliquer la situation. »
Adel, bon sang, qu'as-tu fait ? C'était la question qui tournait en boucle dans ma tête désormais. Il n'avait quand même pas pris toute la responsabilité de mes actes si ? Ça y ressemblait fortement. D'un côté, ça me gonflait : je n'étais pas un damoiseau en détresse qu'il fallait venir chercher en haut d'une tour. Et puis de l'autre... Pourquoi ?
* * *
Eden s'était d'abord confondu en excuses. Et moi, je me sentais comme un idiot. D'abord parce qu'il me mettait mal à l'aise, et ensuite... parce qu'il n'avait pas du tout la bonne version des événements de cette fameuse soirée.
– Eden, écoute...
En plus de ça, Inès était au courant de tout. Elle nous regardait, les bras croisés sur son torse, comme elle regarderait une série télévisée.
– C'est moi qui ai commencé...
Je refusais de lui mentir.
– Il m'a dit que tu dirais ça., soupira Eden, l'air peiné.
Oh bon sang. J'avais une impression de déjà vue. Adel avait vraiment assuré mes arrières. Je le maudissais pour ça. Mais bon sang, qu'y gagnait-il ? Eden me tapota l'épaule.
– Écoute, on n'a qu'à... passer à autre chose, d'accord ?
Tout cela n'était qu'un vaste sketch. Oui, c'était ça.
– On en a parlé, on a mis les points sur les « i », et...
– Eden...
– Non, vraiment.
Je refermais ma bouche aussitôt devant le sourire qu'il me lança. Il fallait que je parle à Adel, et au plus vite. Il me devait des explications.
Je fixais le bout de mon crayon depuis dix bonnes minutes. Devant le tableau, notre professeur d'économie déblaterait contre son cours à toute allure, comme pressé de terminer le chapitre sur lequel il traînait depuis trois semaines déjà. À côté de moi, Eden prenait des notes, en bien élève consciencieux qu'il était. Deux chaises plus loin Inès s'appliquait quant à elle à dessiner sur ses mains. J'avais beau se dire que ce cours était important pour notre examen de fin d'année, je n'arrivais pas à se concentrer. Les paroles de Eden, ainsi que les agissements d'Adel, refusaient de me laisser en paix.
À quel moment ma vie avait-elle décidé de prendre ce tournant aussi improbable ? Je me souvenais encore du jour de la rentrée, où je n'avais souhaité qu'une chose : que l'année passe vite, et sans accroc. Elle défilait à vive allure, certes, mais pour les accrocs... C'était à revoir. La tête appuyée sur mes mains, mon crayon désormais au bout des lèvres, mon esprit divagua très vite chez la soirée que j'avais passée chez Adel. Je me souvenais de tout, et dans les moindres détails. Le seul bémol : je n'avais pas du tout envie de me souvenir de tout ça. Sauf que mon cerveau n'en faisait qu'à sa tête, et que bientôt, ce fut les souvenirs de ce premier baiser dans son appartement qui m'assaillirent. Et puis ceux du lendemain, allongés sur son lit. L'espace de quelques minutes, je m'étais senti si bien dans ses bras.
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ÉCLIPSE
Teen Fiction❝ Cette année, j'y allais à reculons. Maya était partie. Elle me laissait seul avec eux. Les autres. Les autres avec qui je n'avais jamais su m'adapter. Les autres avec qui je n'avais jamais su être moi même. Et puis, il est arrivé. Avec son sourire...