𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑙𝑢𝑑𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑜𝑢𝑖𝑠

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° ° ° 

Décembre 2020.
J'étais malade comme un chien. À bien y réfléchir, je n'avais pas été aussi malade depuis des années. Quand Maya toqua doucement à ma porte, je l'entendis à peine. Cependant, elle entra, un verre d'eau dans la main, une boite de médicament dans l'autre. Je bénissais ma meilleure amie d'être aussi prévenante et aux petits soins avec moi. 

– Avale ça Louis, ça ira mieux déjà pour tes maux de tête.
– Mouais...
– Et... Ne reste pas dans le noir, viens dans le salon si tu veux ! Tu n'es pas contagieux. On te voit de moins en moins avec Inès, ça nous rend triste.
– Vous êtes bizarres aussi depuis quelque temps.

Maya me regarda de travers.

– Bizarre ?
– Ouais, bizarre. Vous me lancez des regards de pitié, et j'ai horreur de ça. Et puis, depuis quand Inès est aussi souvent à la coloc, elle qui passait son temps dehors...
– Louis. S'il te plaît. Tu es malade et de mauvaise humeur, mais ce n'est pas notre faute.
– Oui, pardon...
– Allez, habille toi, et viens nous rejoindre.
– J'attends son appel.
– Louis...
– Je viendrais après.
– D'accord.

Elle me laissa seul dans ma chambre, et je m'empressai d'avaler mon cachet. Aussitôt, je m'affalai de nouveau dans mon lit, les yeux rivés sur mon téléphone. Je ne quittais pas l'heure affichée en haut de mon écran. Bientôt, il m'appellerait. Plus que deux petites minutes pour enfin entendre le son de sa voix. Je n'en pouvais plus d'attendre aussi longtemps nos rendez-vous.

Au départ, nous nous parlions presque tous les jours. Et puis, maintenant, c'était seulement deux ou trois fois par semaine. À présent, j'avais de la chance quand j'arrivais à le capter une bonne heure, une seule fois en semaine.

Adel me manquait. Cruellement.

Et cela me rendait malade de ne pas l'avoir prêt de moi. Notre relation à distance me tuait à petit feu, moi ainsi que ma patience. J'avais débuté ma deuxième année avec brio, je voyais bien qu'il était aussi plus qu'épanoui dans ses études, mais... Quelque chose n'allait pas. Venant de lui, venant de moi. Pour nous. Quelque chose n'allait pas.

Adel était resté cet été en Corée du Sud. Pour suivre un programme de bénévolat qui lui tenait à cœur, en partenariat avec son école. Et puis, dans la foulée, il m'avait annoncé la terrible nouvelle : il ne rentrerait pas avant l'an prochain. Il finissait sa licence là-bas. Et il ne rentrerait pas entre temps. Ses parents étaient venus le voir au mois d'Août pour son anniversaire. Que j'avais donc raté pour la seconde fois depuis que nous nous connaissions. Mais lui, ne remettrait pas les pieds en France avant des mois. J'avais eu envie de hurler à l'injustice, de m'arracher les cheveux et, soyons honnête, de l'insulter de tous les noms. Mais il fallait croire que le prix des billets, et son nouvel emploi du temps, les cours qu'il dispensait aux élèves voulant apprendre le français, bref, tout son nouveau planning ne lui avait pas laissé le choix. Adel était toujours à l'autre bout du monde. Et moi, je me m'étais complètement effondré. 


Parce que je l'aimais, qu'il me manquait, et que j'avais peur de ce qui arriverait à notre relation. Maya m'avait ramassé à la petite cuillère. En me disant que tout irait bien. Et Adel avait tenu ses promesses. On parlait toujours autant. On échangeait encore plus qu'avant. Mais depuis deux mois, les fréquences avaient drastiquement baissé.

Je soupirai, voyant les secondes défiler beaucoup trop lentement à mon goût. Et quand l'heure fut enfin arrivé, je reçus un message. Mon cœur s'affola aussitôt et, quand je l'ouvris, je déchantais aussitôt.

« Salut Louis ! »

Il ne m'appelait plus Lou. Ce surnom me manquait.

ÉCLIPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant