47. CELUI QUI SE FAISAIT PRENDRE

349 43 42
                                    

Inès avait organisé une petite soirée pour fêter la fin de nos épreuves. Elle avait souhaité y convier ses amis des soirées films, Eden, Adel, Isaac (qu'elle mourrait d'envie de rencontrer) et moi. Pour une fois, je me rendais plutôt serein à une soirée. Je connaissais déjà les gens qui y seraient présents et puis... J'avais Adel avec moi. Le seul bémol, c'était Eden. Le bac était passé, et désormais, ni Adel ni moi avions d'excuse pour repousser encore plus l'échéance. Tôt dans la journée, Maya m'avait envoyé un message pour me demander si nous avions fini par lui avouer notre relation. Et, d'un commun accord, Adel avait proposé une sortie rien que tous les trois dimanche soir, dans un restaurant que nous aimions bien tous les trois. Dans deux jours donc. Maya avait râlé, mais avait fini par comprendre. Et par dire que balancer une telle nouvelle dans une soirée avec les amis d'Inès qui n'étaient pas au courant de notre passé, ce n'était pas forcément une bonne idée.

Pour l'heure, l'ambiance était franchement bon enfant. J'appréciais les amis d'Inès, parce qu'ils n'étaient pas prise de tête. Isaac avait tout de suite accroché lui aussi, et je me sentais soulagé pour lui. Je connaissais Isaac depuis que j'avais débuté le volley avec mon équipe actuelle, nous étions rentré dedans en même temps. Et il avait toujours semblé très timide et effacé. Et je notais que depuis qu'il était ami avec Eden, il n'était plus pareil. Pas dans un mauvais sens, mais au contraire, il semblait s'ouvrir d'avantage aux autres. 

– Louis, je peux te parler ?

Eden était venu vers moi, un air légèrement paniqué sur le visage. J'acquiesçai, et il me tira discrètement vers la cuisine.

– J'en peux plus, il faut vraiment que je lui dise...
– À Isaac ?
– Non, au pape.

Il leva les yeux au ciel en soupirant et je me sentis très bête.

– Bien sûr que oui, à Isaac !
– Bon, déjà... commence par déstresser. Mon gars, tu étais moins angoissé lors des épreuves !
– Parce que je savais que j'allais réussir.

Un point pour lui. J'oubliais à quel point Eden pouvait se montrer sûr de lui par moment. Je détournais les yeux un instant, observant l'environnement autour de moi, en quête de réponse.

– On s'est embrassé ici, la première fois, dit-il. 

Je le regardais, les yeux ronds. 

Oh. Punaise, oui. C'était dans cette cuisine.

Il rigola.

– J'me souviens encore d'Inès qui se pointe et qui casse tout...
– Et moi, de tes réflexes de ninja. Je n'avais jamais vu quelqu'un réagir aussi vite.

Il me lança un clin d'œil, amusé. 

– Fonce Eden, franchement... Je pense qu'il t'aime bien aussi.
– Vraiment ?
– Oui. Par contre, hors de question que tu te déclares dans cette cuisine ou qu'il s'y passe quoi que ce soit. La cuisine, c'est notre truc.

Le sourire de Eden s'agrandit un peu plus. 

– Et si ça...
– Ça va aller. Tu réussi toujours tout d'abord. C'est très agaçant d'ailleurs.
– Sauf avec toi.
– Peut-être parce que depuis le début, nous n'étions pas censés être ensemble de cette manière. Rien n'arrive jamais par hasard Eden, je te l'assure.
– Merci, Louis.

Il me serra trois petites secondes dans ses bras. Et je me rendis compte que je n'avais pas réussi à oublier toutes les sensations que cela me procurait. J'aimais toujours autant les étreintes de Eden. D'une manière différente, mais je les aimais toujours. 

Nous retournâmes dans le salon, où tout le monde était en grande discussion sur les vacances d'été et les plans d'études de chacun. Ils me donnaient le vertige à voir si loin, dès maintenant. Enfin, si loin en ce qui concernait les études. Pour ma part, je savais déjà que j'allais passer mes vacances avec un job étudiant tout moisi pour remplir mon porte feuille. Eden alla se rasseoir sur le canapé à côté d'Isaac qui ne semblait attendre qu'une chose : son retour. Il lui murmura quelques mots tout bas, et Eden agita les mains, comme pour le rassurer. À coup sûr, il venait de lui demander si entre lui et moi, il y avait eu bisbille. Adel était en grande discussion avec une fille dont le prénom m'échappait toujours, et je me sentis un peu triste qu'il mette autant d'écart entre lui et moi pendant cette soirée. Je savais qu'au fond, c'était pour éviter tout dérapage, mais je me sentais frustré quand même. 

ÉCLIPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant