12. CELUI QUI ALLAIT AU CINÉMA

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Premier jour des vacances. Enfin ! Maya continuait de m'envoyer des photos de ses vacances, me faisant vraiment regretter de rester chez moi pendant les deux semaines de repos bien mérité. Mon programme était tout vu : quelques entraînements de volley, mes devoirs et jouer à la console, histoire de passer le temps. Je parlais avec Eden aussi, de tout et de rien. C'était un plaisir à chaque fois, de rire à ses blagues, de critiquer l'épisode du téléfilm naze que nous regardions en simultané à la télé tous les deux... Et sans que je ne m'en rende compte, les vacances avaient touché à leur fin. Dans deux jours, nous reprenions déjà les cours.

Je n'osais plus lui parler de sa dispute, de peur de l'éloigner, de le vexer, ou tout simplement, qu'il me colle pour de bon l'étiquette « fouineur » sur le front. Et pourtant, ça me démangeait. Cela faisait deux semaines (et trois jours) qu'il m'avait parlé de leur discussion. Et à chaque fois que je passais sur instagram je croisais les doigts pour ne pas voir s'afficher une photo d'eux deux réunis, souriant et tout amoureux. Et puis, tout en faisant cela, je n'en revenais pas d'être aussi mauvais. Souhaiter le malheur d'un gars qui ne m'avait jamais rien fait de mal... C'était égoïste, et ça ne me ressemblait pas. Ce soir-là, avant que je n'éteigne la lumière, je reçus un nouveau message d'Eden. 

« Dis, demain soir il y a un film génial qui sort au ciné. Ça te dit ? »

Je n'avais même pas le nom du film, son genre ou de quoi il allait causer que déjà, ma réponse était écrite.

« Et comment ! Avec plaisir ! »

« Génial ! Je passe te chercher vers dix-neuf heures, et on y va ? »

« Carrément. »

Je posai mon portable, avant d'éteindre la lumière. Deux minutes après, je me redressai à nouveau dans mon lit, avant de m'en saisir nouveau et je racontai tout ça à Maya. Elle devait être occupée, et non pas scotché à son portable pour une fois, puisque je n'eus pas de réponse pendant l'heure qui suivit. Je finis par m'endormir, en imaginant la soirée de demain soir, de mille et une façons différentes.

Elle pouvait se dérouler de manière parfaitement normale : deux camarades de lycée qui allaient voir un film ensemble. Entre potes. C'est tout. Ou bien, et c'était à ce moment-là que mon imagination faisait le reste, il allait me prendre la main pendant le film, et se pencher par-dessus son siège pour m'embrasser.

Ou...Ou alors mon gars, tu te fais trop d'idées. Tu penses trop, réfléchis trop, t'imagine trop de choses avec ce gars qui, de son côté, ne se doute de rien et c'est à la limite du dérangeant. 

Je me retournais encore et encore sous mes draps. Est-ce que j'étais le seul garçon de dix-sept ans totalement à la ramasse qui s'imaginait des trucs comme ça le soir, seul dans son lit ? Est-ce que les autres se faisaient des films aussi ? Ou bien j'étais seul à fantasmer en solo ? C'était con de se sentir aussi honteux pour ce genre de chose. C'était comme la première fois que je m'étais touché. Étrange sensation que celle-ci. Je m'étais sentis honteux, vraiment. Avant de me dire que je n'étais pas le premier ado à me faire du bien, et certainement pas le dernier. Et maintenant que je m'étais de nouveau lancé dans une folle réflexion à propos des besoins humains, je n'arrivais plus à fermer l'œil. Je tendis mon bras en dehors de mes draps et attrapai mon portable que je n'avais éteint, pour vérifier si Maya m'avait répondu. Réponse : non. Toujours rien. Peut-être que je n'avais pas envoyé mon message. Je cliquai pour vérifier. Et là, mon sang se glaça. Oui, mon message était partis. Et... dans la précipitation, j'avais fait l'erreur que tout être humain fait au moins une fois quand il possèdait un portable : je m'étais trompé de destinataire.

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