72. CEUX QUI FAISAIENT LEUR RENTRÉE

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Et c'était repartit pour un tour. Le temps avait filé à une allure si vive ces derniers jours que je n'avais pas vu la date de ma rentrée arriver. Inès s'était gentiment moquée de moi, en me murmurant qu'une année de plus, je débutais mes cours trois semaines avant les siens, et je n'avais pas eu la force de répliquer : je m'y étais habitué depuis le temps. Et à présent, nous y étions. De nouveau entassés dans un amphithéâtre rénové, mais avec des micros vieux comme le monde dont se servait nos professeurs pour faire leur introduction de rentrée. L'équipe pédagogique était la même que celle de l'an passé, nous n'avions qu'à bien nous tenir. À ma plus grande joie, j'étais de nouveau dans la classe de Flora, assise juste à côté de moi. 

– On a quedal de cours..., murmura-t-elle.
– Mais nous savons tous les deux qu'ils trouveront le moyen de nous les dispatcher bien comme il faut dans la semaine !

Elle soupira et leva les yeux au plafond. Plafond qui d'ailleurs n'avait pas été entièrement repeint, mais je préférais ne pas m'attarder sur ce détail. Et puis soudain mon amie se ratatina sur son siège, et je levai la tête, surpris. Victoire venait de faire son apparition dans l'amphi, et de s'asseoir quelques rangées non loin de nous. 

– Flora, sérieusement...
– Il ne faut pas qu'elle me voie ! murmura-t-elle.
– C'est ton ex, pas le grand méchant loup.
– Oui, justement !
– Vous êtes restées en bon terme, non ?
– Oui...
– Bah voilà. S'il te plaît, ne me fais pas honte y'a déjà l'élu qui nous regarde de travers...

Flora se redressa sur son siège, son regard capta celui de la jolie blonde et elle lui fit un signe de la main, gêné.

– En plus, elle adore Eden... Tu sais que les deux papotent souvent ?
– Tout le monde aime Eden, je ne suis même pas étonné...

Je reportais mon attention sur le diaporama qu'ils nous projetaient sur leur nouvel écran géant, et soupirais en voyant qu'une année de plus, j'allais sans nul doute me retrouver avec des cours que je n'allais pas arriver à suivre. J'avais beau essayer de me concentrer, ma voisine ne me laissait aucun répit.

– Psst, au fait...
– Mmh ?
– Ça se passe comment avec Adel ?

C'était sans doute la question que tous nos amis nous avaient le plus posé depuis notre retour du parc. Tous les jours ou presque nous échangions à ce sujet, tous les deux très amusés. Il fallait dire que ni lui, ni moi ne leur avions donné de réponse claires et nettes, et pour une fois, cela était d'un commun accord : les faire mariner encore un peu nous amusait beaucoup. Et puis nous savions tous que le jour du départ de Adel approchait à grand pas, et nous voulions juste profiter au maximum de l'un et de l'autre avant que tout ne se termine.

Il partait en octobre, et soudain, j'avais eu du mal à réaliser. Pourtant j'avais passé des heures dans sa chambre à préparer son voyage avec lui. J'avais emprunté ses guides, pour rêver un peu, tandis qu'il avait dressé une liste des affaires à ne surtout pas oublier. Je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il était capable de partir sans une autre paire de chaussures que celle qu'il avait aux pieds, ou sans affaires de toilettes. On avait passé des heures à parler de ce pays que je ne connaissais pas, et qu'il adorait. Et pour la première fois, cela ne m'avait pas mis mal à l'aise. Je savais qu'il avait déjà parlé de ses études là-bas à tous nos amis communs. Mais moi ? Le sujet avait toujours été presque tabou. Plus maintenant. Et il fallait être idiot pour ne pas voir à quel point il avait été heureux là-bas, malgré quelques points sociétaux qui le dérangeait.

– Ça se passe.
– Ouah. Merci de ta réponse, c'est super clair !

Je rigolais devant son air agacé, et l'élu devant nous se retourna pour nous lancer un regard mauvais. Je m'excusais immédiatement, et donnais un coup de coude à Flora pour la faire taire.  

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