47 | take you home

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22 avril 2019, 08:08 p.m
Villa de BTS & DarkLight,
Paros, Cyclades, Grèce



J'ignorais si c'était l'émotion de la veille où les fruits de mer qu'on avait mangé en douce avec Cam quand j'étais rentrée le soir, mais j'étais clouée au lit avec une fièvre impressionnante, et ce depuis le matin même. J'entendais depuis le rez de chaussée les voix enjouées des garçons qui discutaient activement en coréen avec Baekhyun, car oui, je lui avais parlé de l'invitation et il avait accepté. Le karma s'acharnait et je refusais de descendre le voir dans cet état. Johanna resta avec moi encore quelques instants et vérifia ma température. Michael était allé chercher un médecin et on m'avait prescrit un médicament à prendre, en me disant que ça allait passer dans peu de temps. Il y avait intérêt car je prenais l'avion pour de longues heures le lendemain, et si je continuais à être dans cet état pitoyable, mon manager avait clairement dit qu'on attendrait tous les deux que j'aille mieux pour pouvoir rentrer. Encore une fois, je mettais tous le monde dans l'embarras et je détestais ça.

- Ta fièvre commence à baisser chérie, sourit simplement Joh qui demeurait toujours d'un calme Olympien dans n'importe quelle situation. Tu te sens mieux ?

Je gémis un peu en retour et elle comprit.

- Les cachets devraient faire effet, tu viens d'en reprendre donc dans une demie heure tu devrais te sentir bien mieux. Dors un peu en attendant.

Elle voyait bien que j'étais embarrassée par rapport aux autres qui allaient passer à table en bas et par le fait que Baekhyun soit également dans la villa.

- Ne t'en fais pas, continua l'italienne, Alma lui a expliqué la situation et il a très bien compris. Tu descendras seulement si tu te sens mieux, okay ?

Cette fille était un ange. Elle m'embrassa le front et je la remerciai plusieurs fois car j'avais l'impression qu'elle remplaçait ma maman. Avec la fièvre, toutes mes émotions étaient décuplées et se mélangeaient, alors ma famille me manquait encore plus que d'habitude. Johanna l'avait compris et me sourit une dernière fois avant de baisser la lumière et de quitter la pièce pour se rendre à table avec les autres. Je lançai une playlist reposante sur YouTube pour m'aider à m'endormir et fermai les yeux.

Pour être honnête, je ne sais pas très bien à quel moment j'ai repris un peu connaissance, mais quand ce fut le cas, les premières notes d'une chanson qu'il me sembla reconnaître retentirent près de moi. Je n'ouvris pas les yeux pour autant, beaucoup trop épuisée pour faire le moindre geste.

Oh, mais cette voix...

- « Je sais, même si tu te comportes comme ci de rien n'était... »

Il était là. Près de moi. Je ne bougeai pas pour autant. Sa douce voix volait tranquillement jusqu'à mes oreilles, me rendant simplement heureuse. Comment était-il arrivé ici, pourquoi, tout ça n'avait que très peu d'importance. Son souffle chaud percutait quelques fois mon front, il s'était agenouillé à côté de moi, et je faisais semblant de ne rien ressentir, on jouait au jeu de cache-cache, pas celui où l'on se planque physiquement, non, celui dans lequel les sentiments sont dissimulés. J'étais certaine qu'il savait que je ne dormais pas vraiment, mais il continuait de chanter calmement, comme pour me bercer, comme s'il avait peur que justement, j'ouvre les yeux. Et ça marchait, ma tête ne me faisait plus souffrir, j'avais l'impression d'être hors du temps.

- « Je vais rester moi-même, donc garde un œil sur moi. Je ne suis pas celui qui t'appartient, mais même si je ne peux t'enlacer maintenant... »

Comment je connaissais les paroles même dans sa langue ? J'avais trop écouté cette chanson pour ne pas lire de traduction. J'appréciais chaque mot, chaque son qui dépassait la frontière interdite de ses lèvres, en rythme avec la douce musique qui émanait de mon téléphone.

- « ... je suis un homme avec un grand cœur, qui peut te protéger et rester à tes côtés. Je te raccompagnerai chez toi, tu peux compter sur moi... »

Il laissa les dernières notes de la chanson se terminer et le silence prit place dans la chambre, juste avant que la playlist ne lance une autre chanson. J'entrouvis les yeux. Peut-être que cette parfaite scène n'avait été que le fruit de mon imagination, de ma fièvre qui ne s'était peut-être pas autant calmé que je ne le pensais. Peut-être qu'il n'avait pas été vraiment là, juste façonné par mon cerveau pour me rendre plus calme. Je devais vérifier, je ne pouvais pas le laisser partir comme ça si jamais il était vraiment là.

Je vis ses deux mains, croisées sur ses bras l'étant tout autant. Il était accroupi juste à côté du lit, et son visage reposait dans ses bras. On se regarda longtemps. Le peu d'air qui filtrait dans les clayettes du volet roulant me fit frissonner. Ça n'avait pas été un rêve. Aucun de nous deux ne dit rien. Avait-il le droit d'être ici ? Non, bien sûr. Avais-je le droit de laisser mon pauvre coeur battre de la sorte ? Non, évidemment. Avions-nous le droit de nous regarder comme ça, sans rien dire, perdu dans les yeux de l'autre, se disant un tas de choses que les mots eux-mêmes ne pouvaient pas exprimer ? Non, pas plus.

Et pourtant, après un long moment immobiles tous les deux, comme deux statues l'une en face de l'autre dans un musée où il est interdit de toucher les œuvres,
et bien,
même si cette chanson nous avait dit de rester seulement de simples statues,
et bien,
ses lèvres se posèrent sur les miennes.

Doucement, tendrement, avec toute la vérité que nous n'étions pas autorisés à prononcer, tous les mensonges cruels et la peur qui nous habitait, nos lèvres se rencontrèrent.

Et ce fut comme un fracas de verre dans mon cœur, j'étais désormais allée trop loin pour tout cacher, tout dissimuler et faire comme si de rien n'était. Les larmes coulaient silencieusement sur mes joues, et ses doigts fins les trouvèrent sans peine, sans pour autant qu'il ne quitte mes lèvres. J'étais déchirée de l'intérieur, bousillée et impossible à réparer mais je me sentais paradoxalement au paradis.

Et c'est quand je rouvris les yeux et que je vis les perles salées qui inondaient ses joues pâles, que les mots fatals franchirent ses douces lèvres en un soupir presque inaudible, comme s'il souffrait, mais qu'après tout, il ne pouvait plus le cacher, comme moi:

- Je t'aime.

Quelques secondes à peine après, il disparut, et j'entendis la porte d'en bas frapper contre le bois, le laissant s'échapper sans que je n'ai le temps de le retenir.




take you home - baekhyun

« Je t'aime » : il l'a dit en français (je précise bc ça a son importance ptdrrr)

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« Je t'aime » : il l'a dit en français (je précise bc ça a son importance ptdrrr)

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