Des voix le réveillèrent. Elles étaient faibles mais proches. Il ne parvint pas tout de suite à les reconnaître. Il les connaissait mais, sur le moment, elles lui parurent floues et étrangères. Il grimaça lorsque son bras poussa contre l'écharpe. Il tendit l'oreille.
- Qu'y a-t-il entre vous ?
- Nous sommes amis.
- Es-tu entièrement honnête ?
- Il est mon ami.
- Qu'est-il pour toi ?
- Vous ne tenez pas à le savoir.
- J'exige une réponse, Sakari. Qu'est-il pour toi ?
- Si je vous le dis, vous me retirerez de la garde.
- Donc j'avais raison. Tu es amoureux de lui.
Le silence du garde fut une réponse en soi. De qui parlaient-ils ? De qui Sakari était-il amoureux ? Risquait-il d'être congédié parce que l'objet de son affection était un homme ?
Il était trop tôt pour qu'il se creuse ainsi les méninges. Bien trop tôt.
- Il n'est plus à vous, Seigneur, finit par répondre Sakari. Il ne se souvient plus de vous. À ses yeux, vous n'êtes plus rien sinon un ennemi.
Vestar s'entendit à une gifle mais rien ne vint. Il se redressa, poussant sur son bras droit, et s'assit dans le lit qui grinça. Le bruit interrompit la discussion. Il devina les regards tournés vers lui pendant qu'il se frottait les yeux.
- Lorsque vous vous querellez, tentez d'être plus discrets.
Sa voix était faible mais il sut qu'il avait été entendu. Alrek s'approcha du lit. Il posa ses mains sur la couverture. Il ne cachait pas son inquiétude.
- Est-ce que ça va ?
- Je suis toujours en vie donc je suppose.
- Orest m'a dit que tu avais rouvert ta plaie et déchiré à nouveau ton muscle. Il n'était pas ravi.
- Il me déteste, c'est sans surprise.
L'ombre d'un sourire effleura les lèvres d'Alrek.
L'ambiance était malaisée entre eux. Vestar l'observait et cherchait un indice qui puisse lui ramener ses souvenirs. Il y avait de nombreux indices qui lui disaient que le prince disait la vérité. Nonobstant, il ne pouvait s'empêcher de songer à tous les bénéfices qu'Isstad pourrait tirer d'un mensonge pareil.
La chose qui le convainquait le plus que toute cette histoire était réelle était le face à face qu'il avait eu avec les trois soldats céraméens. Si tout avait été des mensonges, ils n'auraient pas voulu sa mort.
Les nouvelles étaient difficiles à gérer. Entre son passé oublié qui ressurgissait et les plans actuels de sa propre mère... Il ne savait pas quoi faire. Il ne savait plus où il en était, s'il devait continuer avec le plan d'origine ou simplement s'enfuir et retourner chez lui pour réclamer son trône et empêcher sa mère de prendre le pouvoir.
De même, il ignorait comment faire face à Alrek, désormais. Lui se souvenait de leur histoire. Il se souvenait de ce qu'il s'était passé entre eux dans les détails. Vestar devait se fier à ses intuitions et à sa logique. Il n'avait plus que ça.
- Je t'ai apporté ça.
Alrek lui tendit une enveloppe jaunie par le temps et fragilisée. Il la réceptionna et l'observa.
- C'est... ?
- La lettre, oui. Tu peux la lire. Peut-être qu'elle réveillera des souvenirs ou quelque chose. Ou, au moins, elle te convaincra que je ne te mens pas.
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Deceit
FantasyLorsque le royaume d'Isstad envahit Ceramos, l'ennemi ne fait pas face à un peuple en panique mais à un peuple préparé. Depuis longtemps, un plan a été formé pour contrer l'envahisseur et Vestar en est la clé. Il sait ce qu'il a à faire et comment s...