Les mots résonnèrent dans l'esprit de Vestar. Il déglutit, mal à l'aise. Les connections qu'il faisait entre tout ce qu'il avait appris devenaient bien trop importantes et dangereuses pour qu'il puisse les étudier comme ça, sur le moment.
- Pourquoi... Pourquoi vous me dites ça ?
- Pour que tu continues ce que tu fais, énonça le plus âgé du groupe. Ton seul désir est de survivre et de partir, nous le savons. Tu n'as pas choisi cette vie. Mais Sa Seigneurie non plus et il a besoin d'alliés. Tu es la seule personne qui puisse l'aider. Tu dois te rendre compte de la position précaire dans laquelle il est. Il est entouré de vautours qui n'espèrent qu'une chose : se débarrasser de lui d'un moyen ou d'un autre pour faire tomber le règne de sa famille.
- Vous réalisez que c'est un atout pour Ceramos, cette guerre interne ?
- Ça n'en est pas un parce que les ordres que reçoivent les régents qui gèrent Ceramos viennent des hauts-culs. Or, ils peuvent affamer le peuple, brûler des villages, détruire entièrement ton royaume natal. Sa Seigneurie et le conseiller Linus sont les seuls à empêcher le roi de se retrouver à la merci de Merken. Et s'il n'a plus personne pour s'opposer à lui, il prendra le trône de Ceramos pour lui avant de répliquer contre Isstad.
- Comment vous pouvez savoir tout ça ?
La question était inutile mais était digne du personnage qu'il devait jouer. Il était censé être un soldat. Ce qui signifiait qu'il n'était pas censé connaître les mécanismes souterrains des servants. Les rares souvenirs de son enfance couplés à son entraînement lui avaient donné une plutôt bonne compréhension de leur système. Malgré tout, il devait poser la question.
- Ils nous voient comme des animaux de compagnie, Vestar. Dociles, aveugles, sourds et muets. Nous sommes des objets dont ils se servent pour chasser la solitude. Ils ne pensent pas réellement que nous puissions comprendre ce qu'il se passe entre eux.
- Ils ignorent que nous en savons plus qu'eux, la plupart du temps, ajouta la femme. Nous sommes des fantômes, dans ces murs. Surtout les plus jeunes. Personne ne se méfie des enfants alors que nous, les vieilles carnes, nous avons de l'esprit. Ils nous gardent parce qu'ils se sont trop habitués à notre présence pour se séparer de nous.
- Pourtant, il y a des clans parmi votre société transverse.
- Oui, comme partout. Certains ont peur. D'autres préfèrent fermer les yeux et garder leur vie telle qu'elle est en laissant les choses se passer. Mais d'autres, comme nous, tentent d'intervenir autant que possible.
- Il y a aussi les espions. Ils restent près de leur maître et ne font pas de vagues mais rapportent ce qu'ils apprennent à la première occasion.
Jostein, pensa Vestar. C'était un de leurs espions. C'était pour ça qu'il s'était rapproché de lui et qu'il lui avait parlé de la menace du poison. Il tenait avec la société transverse.
- Vas-tu nous aider ou non ? demanda l'aîné.
- Nous savons que ça doit être délicat de te demander ça, Vestar, ajouta une femme à sa droite. Tu n'as aucune affinité avec Sa Seigneurie mais tu dois te rendre compte que sa survie est essentielle pour toi.
- Je le sais déjà, admit Vestar. Pourquoi croyez-vous que je lui ai sauvé la vie depuis que je suis arrivé ? S'il meurt, je meurs. Et je n'ai aucune envie de mourir.
- Dans ce cas, sache que nous sommes là pour t'aider si jamais tu as besoin. Tu pourras toujours nous contacter. Tu peux passer par Viggo. Il nous le fera savoir lorsque tu demanderas à nous voir.
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Deceit
FantasíaLorsque le royaume d'Isstad envahit Ceramos, l'ennemi ne fait pas face à un peuple en panique mais à un peuple préparé. Depuis longtemps, un plan a été formé pour contrer l'envahisseur et Vestar en est la clé. Il sait ce qu'il a à faire et comment s...