Il enleva ses bras du prince qui s'écarta de lui d'un pas et pivota pour le regarder. Les yeux gris coururent sur la lame qui lui effleurait la base du cou.
- Baissez vos armes, ordonna-t-il.
- Mais, Seigneur...
- J'ai dit : baissez vos armes.
Après une hésitation, les soldats obéirent. Vestar sentit ses épaules se décrisper maintenant qu'il était globalement hors de danger. Autour d'eux, tout le monde s'agitait et cherchait à s'assurer que le prince était intact.
- Comment as-tu su ? questionna Alrek, ses yeux pâles fixés sur lui avec intensité.
- La véritable question est « comment n'ont-ils pas su ? », rétorqua Vestar. Et pourquoi sont-ils encore ici à me surveiller alors qu'ils auraient pu tenter de rattraper celui qui a tenté de vous tuer.
- Réponds à ma question.
Vestar haussa les épaules. Son regard s'obstinait à chercher dans les arbres le signe d'un autre archer qui attendait un tir suffisamment dégagé pour atteindre sa cible.
- Tous les soldats sont entraînés pour sentir le danger, à Ceramos. C'est l'une des premières choses que l'on nous apprend à l'école militaire. Ça et la réaction après une attaque.
Il ne retint pas un coup d'œil appuyé vers Hardan dont les mâchoires se crispèrent. Ses doigts partirent vers son épée tant il brûlait de l'empaler dessus.
Alrek rejoignit son cheval qui avait été retenu par un palefrenier. Le flèche était toujours plantée dans la selle, ses plumes de bronze ne laissant aucun doute sur son origine. Ceramos. Alrek l'arracha de la selle et la fit rouler entre ses doigts.
- C'est une flèche céraméenne, remarqua Hardan avec contentement. Voilà comment il a su ! C'est l'un de ses complices !
- C'est impossible et ça n'a aucun sens, répliqua Vestar, agacé. Comment aurais-je pu prévoir quoi que ce soit avec quiconque alors que je suis toujours accompagné par un garde ? Et si, par un quelconque miracle j'aurais réussi, pourquoi aurais-je sauvé Sa Seigneurie ?
Hardan serra les dents en le fusillant du regard. Il ne pouvait pas contrer les arguments logiques que Vestar venait de lui opposer.
Vestar ne comprenait pas ce qu'il se passait. Ça ne faisait pas du plan. Personne n'était censé attaquer le prince. Pas avant qu'il ne parvienne à donner le signal. Cette attaque ne pouvait pas venir des siens. Quelqu'un tentait de le faire accuser pour ce qu'il venait de se passer. S'il n'avait pas senti la menace arriver, Alrek serait mort et il aurait été pendu haut et court pour trahison. Forcément, le blâme aurait été placé sur lui puisqu'il était le seul céraméen et il aurait été pendu sans jugement, sans chance de plaider sa cause.
Il tourna le regard vers le prince, n'hésitant pas à confronter les prunelles grises qui l'observaient, calmes mais méfiantes.
- Je jure que je n'y suis pour rien.
Alrek ne réagit pas immédiatement. Finalement, après une bonne minute de pondération, il hocha la tête.
- Seigneur, commença Hardan, outré.
Le prince leva une main pour le faire taire. Loin d'être perturbé par les murmures autour d'eux trois, il se rapprocha de Vestar, ne laissant que la distance d'un pas entre eux. Vestar se raidit, priant pour ne pas recevoir une nouvelle gifle. Il doutait que ça arrive. L'injustice serait latente et personne ne pourrait le nier.
- Je te crois. Tu m'as sauvé la vie. Et pour ça, je te suis reconnaissant.
Vestar ne répondit pas mais devina que ça serait tout ce qu'il obtiendrait en public. Il inclina la tête, recevant la gratitude d'Alrek sans un mot. Il lui fit signe d'avancer vers le château et ils partirent, côte à côte, leurs lourdes bottes faisant craquer l'herbe gelée sous leurs pieds. Vestar ne prêta pas d'attention aux regards méfiants qu'il reçut. Du moment que le prince était de son côté, il serait en sécurité.
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Deceit
FantasyLorsque le royaume d'Isstad envahit Ceramos, l'ennemi ne fait pas face à un peuple en panique mais à un peuple préparé. Depuis longtemps, un plan a été formé pour contrer l'envahisseur et Vestar en est la clé. Il sait ce qu'il a à faire et comment s...