Les quartiers du roi étaient encore plus vastes que ceux du prince. Ils étaient composés de six pièces dont au minimum deux devaient être dédiées à la reine lorsqu'elle venait lui rendre visite. Les autres étaient aménagées pour lui et Asgeir. Ce dernier se tenait sur un petit sofa sous la fenêtre, étalé lascivement en travers.
Alrek le précéda à l'intérieur. Ils avaient pris le temps de se changer et de retrouver des visages présentables face à Caspar. Malgré tout, ils marchèrent près l'un de l'autre dans les couloirs, deux gardes devant et deux autres derrière. Vestar évita délibérément le regard de Sakari.
Il ignorait où il en était exactement avec Alrek. Toutefois, il était évident qu'il y avait quelque chose puisqu'il avait été cherché un second baiser, comme par habitude, par besoin. Ses mains avaient trouvé leur chemin avec facilité, comme si elles l'avaient fait mille fois auparavant. C'était improbable et pourtant...
Au demeurant, ça ne lui disait pas où ils en étaient exactement. Juste qu'il ne pouvait pas jouer avec les sentiments du garde. Quand bien même retirait-il Alrek de l'équation, il n'avait aucune attirance envers Sakari. Il le voyait comme un ami, à la rigueur. Ça n'irait jamais plus loin. C'était impossible pour lui.
Le roi Caspar était installé dans son salon principal, celui où il devait recevoir ceux qui tenaient à le rencontrer. Il se leva lorsque son fils entra. Il roula des yeux en le voyant aux côtés de Vestar.
- Évidemment, il a fallu que tu viennes avec lui.
- Vous n'avez pas à parler à mon knähund sans moi.
- Passons dans le petit salon. Asgeir y a servi le thé pour nous.
Vestar retint une grimace à l'entente du nom du knähund du roi. Son dégoût pour lui ne faisait que croître à chaque rencontre. Malgré tout, il suivit les deux royaux dans une pièce attenante. Elle était aussi vaste que le premier salon. La décoration y était étouffante et sombre. Des squelettes de têtes d'animaux pendaient aux murs, les bougies enfumaient l'air, les fourrures étouffaient leurs pas. Un malaise tomba sur lui et Vestar se rapprocha d'Alrek. Il savait que ce n'était pas parce que Caspar était le père d'Alrek que ce dernier ne risquait rien.
- Sors.
Le mot sec et autoritaire était destiné à Asgeir qui parut surpris. Il ne s'était pas attendu à être congédié. Il regarda son maître avec stupeur et trahison avant de sortir. Il le fit discrètement, sans claquage de porte grandiloquent mais sa colère rentrée était palpable. Caspar soupira et parcourut la pièce des yeux.
- Va-t-il écouter ? interrogea Alrek avec détachement.
- Évidemment. Il a sûrement déjà trouvé le moyen de détourner tous mes moyens de l'en empêcher.
Alrek hocha la tête et se pencha sur Vestar.
- Fais-toi discret. Il faut que nous nous jouions d'Asgeir.
Il approuva d'un hochement de tête. Puisqu'ils savaient que le knähund écoutait aux portes, ils avaient forcément développé un moyen de le contrer. Il était curieux de savoir ce qu'ils avaient imaginé.
Caspar ouvrit la marche. Il s'approcha d'un mur et écarta d'un geste délicat et silencieux la tête d'un élan pour découvrir une poignée sur laquelle il tira. Un pan de mur s'écarta dans le silence le plus total. Ils s'y engouffrèrent sans un bruit et le mur se referma derrière eux. Ils descendirent une volée de marche escarpées dans une pénombre traître. La chevelure blonde d'Alrek se balançait juste devant lui. Il restait aussi près que possible mais, avec les marches, c'était difficile de garder l'équilibre.

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Deceit
FantasíaLorsque le royaume d'Isstad envahit Ceramos, l'ennemi ne fait pas face à un peuple en panique mais à un peuple préparé. Depuis longtemps, un plan a été formé pour contrer l'envahisseur et Vestar en est la clé. Il sait ce qu'il a à faire et comment s...