16.

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C'est le matin.

Non.

Ce n'est sans doute pas ça. J'ai perdu la notion du temps depuis bien longtemps. Peut-être que nous sommes toujours hier...

En tout cas, tout ce que je sais, c'est qu'il fait froid. Et que j'ai mal.

Seulement quelques minutes après avoir ouvert les yeux, après m'être rendu compte que, non, je n'étais pas rentré au manoir, que je n'étais pas dans les bras de Kris, que ça n'était qu'un rêve, que j'étais toujours coincé ici... j'entendis le cliquetis de la serrure, signe que ça allait encore être ma fête. Mes agresseurs entrèrent, parlèrent un peu de tout et de rien, puis ENFIN (ce mot n'est pas du tout approprié) ils s'intéressèrent à moi.

Paf! Un premier coup.

Paf! Un deuxième.

Paf! Un troisième.

Et ça pendant plusieurs heures (je crois). Mais pourtant, ils y étaient allé beaucoup plus fort que d'habitude. Je ne sentais plus aucune partie de mon pauvre corps meurtri. Une seule émotion était devenue entièrement présente, faisant s'effacer toutes les autres. La douleur.

Ils ne s'arrêtèrent que lorsque Lee arriva et le leur ordonna. J'étais allongé par terre, le visage en sang, les bras couverts d'hématomes, mon t-shirt et mon sweat ne pouvaient plus me protéger du froid, partant en lambeaux.

Lee s'approcha de moi, un rictus effrayant sur le visage. Apeuré, je reculai en me traînant sur le sol. Je me retrouvai dos au mur, coincé, près de la table où reposaient tous les instruments de torture que les chasseurs avaient utilisés contre moi. Je gémis sous l'effort.

- Lève-toi! m'ordonna Lee.

J'essayai d'obéir, pour ne pas recevoir d'autres coups, mais j'avais trop mal. Je gémis, encore une fois.

L'homme se baissa pour être à ma hauteur, et, soudain, il se saisit d'un couteau sur la table, et le colla contre mon cou.

- Tu as peut-être besoin que j'utilise la force?

J'arrêtai de respirer quelques instants, de peur qu'il enfonce encore plus l'arme affûtée. Il me ré-ordonna de me lever.

Malgré la douleur, je me forçai à lui obéir, avec difficulté. Alors, à mon plus grand soulagement, il éloigna le couteau de mon cou.

- Très bien gamin... On va bien s'amuser tous les deux...

Tout à coup, il colla ses lèvres aux miennes et mes mains contre le mur. J'essayai de me débattre, mais les blessures que j'avais reçues m'avaient trop affaibli. Voyant que je n'opposai pas beaucoup de résistance, il introduisit sa langue dans ma bouche. Beurk!

Mes yeux s'ouvrirent comme des soucoupes quand je sentis sa langue valser avec la mienne dans ma bouche. J'entendais les bruits de bave, cela me dégoûtait! Pourquoi faisait-il ça?!

Priant pour qu'il s'éloigne, je lui mordis la langue. Il lâcha un cri de rage et de douleur mélangées, en s'écartant. J'avais le goût du sang dans la bouche. Je me dépêchai de cracher pour enlever toute trace de ce «baiser».

- Espèce de sale morveux! Tu ne sais pas à qui tu as à faire!

Il me donna alors un coup de poing dans la mâchoire, ce qui me fit basculer sur le côté en lâchant un cri de surprise. Ma tête cogna brusquement contre l'un des coins de la table qui était à côté. Je sentis la douleur me transpercer le crâne, puis, plus rien...

CHASSEUR - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant