Je me sentais stressée. Ce n'était pourtant pas mon premier changement, mais j'étais quand même stressée. Un nouvel hôpital, une nouvelle équipe, de nouvelles têtes.
Amelia : « Alors ? Demain dernière lignes droites ? »
Je tourne mon attention vers la dame qui vient d'entrer dans la salle de repos. Elle part se faire un café et s'assoir non sans un lourd soupire à côté de moi.
Lise : « Oui »
Patricia : « Tu vas où finalement ? »
Lise : « La clinique St Marc. »
Patricia : « Ah, et ton tuteur ? »
Lise : « Je ne sais pas encore, j'ai demandé à être aussi aux urgences. »
Patricia : « Alors ça sera certainement Connor, tu verras, il n'est pas très bavard, mais il est sympa. »
Lise : « D'accord. »
Elle boit une gorgée de la boisson sombre et j'attrape ma propre tasse pour en boire aussi. J'attaque mon dernier semestre de formation avant de présenter ma thèse et être officiellement médecin. Mais depuis que je le peux, je suis fourrée ici, au SMUR, d'abord comme assistante téléphonique, puis comme interne et depuis que je peux aller seule sur le terrain, comme médecin. Quand je ne suis pas à faire mes heures d'interne, où dans mon petit T1 à continuer ma thèse, alors je suis ici à travailler et relever la garde.
Je m'en souviens, c'était le hasard ma venue et surtout mon attachement ici.
Plusieurs stages obligatoires, pour les urgences j'ai atterri ici. Mes premiers jours furent difficiles. S'adapter au rythme, aux gens. Je ne suis pas d'un naturel patiente, alors que ce soit réactif me plaisait, mais au téléphone j'avais tendance à m'énerver facilement après ceux qui appelaient pour pas grand-chose ou faire des blagues. Ca m'a appris beaucoup la patience. Mais le point fort, c'est que je peux toucher à tout. Ce n'est pas le feu de l'action ou l'idée d'être le début de la chaîne qui me plait. Non, c'est la variété. J'ai mis beaucoup, beaucoup de temps à choisir ma spécialité. Malheureusement tout me plaisait ! Au point que j'ai même songé bâcler les examens de 6ème année pour prendre la place qui resteraient. Et puis finalement, avec ce stage, j'ai choisis la cardiologie/réanimation. C'est le plus adapté et si je reste dans les urgences, je garde ce côté touche à tout.
Lise : « Ce n'est pas trop dans le secteur, mais on se verra peut-être. »
Patricia, c'est une des médecins qui bossent ici, j'ai partagé mes premières expériences avec elle et Richard surtout. Ce sont mes deux mentors. Et on a connu ensemble des cas vraiment difficiles, des souvenirs qui marquent, qui créent un lien.
Patricia : « Oh oui ! Et puis, tu continues à venir. »
Lise : « Oui, je ferais ma garde un week-end par mois. »
J'avais une garde aussi à l'hôpital, alors je savais qu'il ne serait pas raisonnable que je passe plus de temps ici. J'aurais besoin de repos et de temps pour mon dossier. Une sonnerie retentie et je me lève aussitôt, riant en l'ayant vu sursauter.
Lise : « Et non c'est mon tour ! Finis ton café tranquillement. »
Je cours vers la cour pour grimper dans le véhicule avec Yann, un ambulancier, infirmier et chauffeur hors-paire. C'est une petite intervention, un accident de la route, léger et les pompiers sont déjà sur place, ils ont juste besoin d'un appui médical.
On arrive sur place, je sors en attrapant ma sacoche, Yann à ma suite avec l'autre sacoche. Je jette un bref coup d'œil sur le scooter renversé et je grimpe à l'arrière du camion rouge dont la porte était ouverte.
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Prendre sa décision
Ficción GeneralJ'ai voulu essayer un nouveau genre, j'espère que ça vous plaira. 12/12 Et a tous ceux qui travaillent dans les métiers d'urgence: force et courage.