Chapitre 10 - PV Lise

28 3 0
                                    

Il ne me parlait presque pas de sa famille et je n'osais pas tellement le questionner, me disant qu'il m'en parlerait quand il voudrait, lui savait que je n'avais plus mes parents et étant fille unique, pas de belle famille à convaincre pour lui. Quand il m'expliqua que son air songeur lui venait de sa mère, je crus comprendre que leurs relations n'étaient pas parfaites. Je ne connaissais pas le personnage et quelque part je craignais certainement de la connaitre aussi. Il avait parlé de « conservateur » et j'imaginais déjà la mère qui souhaite comme bru une jolie jeune femme, intelligente, polie, courtoise, qui surtout est une fée du logis, qui n'apporte pas son point de vue à table mais le plat et qui souhaite une ribambelle d'enfant. Sans le savoir, je n'étais pas loin de l'image que sa mère avait effectivement de sa bru. A rajouter à cela une histoire de pédigrée que je n'imaginais pas.

Je venais de me décider à reprendre un nouveau deux roues et montrais, fier, mon acquisition à Ernest mercredi soir avant qu'on ne rentre chacun chez soi. Il m'avait dit aimer les motos et en conduire lui-même à une époque. C'est qu'à force de voir des blessés de la route débarquer aux urgences, ça l'avait pas mal refroidi. Et il s'inquiétait pour moi, ça me touchait, mais je restais prudente et bien que je comprenne sa décision à laquelle je songeais aussi parfois, pour le moment, je ne voulais pas renoncer.

Ernest : « Elle n'est pas mal. »

Lise : « Pas mal ? »

Je le voyais quelque peu crispé et je chevauchais ma moto avant de lui chuchoter.

Lise : « Je te laisserais l'essayer pendant notre week-end de repos. »

Dans deux semaines. Dans deux semaines nous pouvions passer un moment seul à seul. J'en étais impatiente. Attendre la fin de mon interna ? Non, ce n'était pas possible. Nous ne prenions aucun risque à se voir une fois par mois, ce n'était pas tout de même pas excessif, non ?

Pour ce second week-end de garde au SMUR, visiblement les gens avaient peur que je m'ennuie. Accident de la route, tentative de suicide, bagarre... J'eux beaucoup de cas différents. Mais l'un me laissa un gout amer.

Alors appelé sur un accident de la route à la limite de notre secteur, je retrouvais non seulement Nathan, en pleine forme et au côté d'un tout jeune, Joe, qu'il nous avait présenté en venant faire un détour au SMUR pendant leur footing matinal. Ainsi que Thomas, un gendarme que je commençais à bien connaitre et Ilan, un plus jeune. A peine arrivés, on eut le topo pour nous expliquer brièvement ce qu'il s'était passé, l'état de conscience du conducteur qui, épuisé, avait fait une sortie de route. Fort heureusement, il n'avait rien de plus qu'un mauvais souvenir et quelques crispations musculaires. Merci la rambarde de sécurité et l'absence d'autres automobilistes.

Nous occupant de lui, ne prêtant pas plus d'attention aux bruits des voitures qui passaient non loin, habitués, c'est un son, différent de ces véhicules passants lentement, qui me fit sursauter. Tout alla si vite. Ce coup de frein qui nous figea, le bruit de tôle qui nous fit pivoter. Le véhicule de gendarme glissant sur plusieurs mètres, poussé par ce véhicule qui avait donné un coup de volant. La voix de Thomas gueulant le nom de son collègue qui nous fit louper un battement de cœur. Le jeune était partit vers la voiture pour répondre à un appel radio et faire le point sur la situation.

On accouru et je demandais à Yann d'appeler pour une seconde équipe et je fis signe à Nathan de partir vers le chauffard. Je filais avec Emma vers la voiture de gendarme et voir comment se portait le jeune garçon. Le côté droit était écrasé et compressé contre la rambarde de sécurité alors que l'autre porte était bloquée par l'autre véhicule. Heureusement la fenêtre ouverte m'amena vers Ilan, conscient mais un peu sonné.

Lise : « Tu m'entends Ilan ? »

Ilan : « Qu'est ce qu'il c'est passé ? »

Lise : « Une voiture et venu heurter la tienne. »

Prendre sa décisionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant