Les jours s'enchainaient rapidement et j'avais l'impression que Lise été ici depuis bien plus longtemps que ce je constatais. J'avais aussi réalisé que je ne lui avais pas encore donné son planning pour ma semaine d'absence. Puisque c'était prévu depuis longtemps, je n'avais aucune consultation et très peu de patients à voir que je laissais au soin d'un collègue. Non pas que je doute de ses capacités, mais plus du faite qu'Olivia soit correcte avec elle durant mon absence.
Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle ne l'appréciait pas à ce point. Lise était pourtant compétente, pro, gentille et souriante. Enfin souriante, surtout avec les collègues des urgences. Le temps passant, je la trouvais plus distante avec moi.
J'en étais venu à me poser des questions parfois, à la voir échanger ainsi avec Jack, James, Emilie... Et avec moi, juste le minimum. Je n'arrivais pas à m'enlever de l'esprit cette histoire avec le père de famille où elle m'avait dit que j'avais jugé sans connaitre. Je n'arrivais pas à ne pas me dire que je l'avais jugé trop vite et qu'elle l'avait ressenti. Mais quand ? Et sur quoi ? J'avais pourtant fais attention et aujourd'hui, j'avais l'impression d'avoir eu raison de ne pas porter de crédit aux dires de cette autre interne.
Ma semaine de vacance approchait, le week-end de garde était juste là, nous n'aurions pas le temps d'échanger, alors je profitais de lui parler de son planning de cette semaine à venir pour lui demander si tout allait bien. J'avais bien vu cet écart lors de la pause repas. Même durant les urgences, elle évitait la salle de repos plus souvent qu'au début et surtout, elle n'évacuait toujours pas, alors je craignais que ce que nous voyons chaque jour commence à lui peser.
Ernest : « Ca va bientôt faire un mois que tu es là. Tout va bien ? »
Lise : « Autant de possible. »
Je ne savais pas trop comment m'y prendre, comment l'aborder, alors j'y allais comme je pouvais et ressentis effectivement que quelque chose coinçait.
Ernest : « C'est-à-dire ? »
Lise : « Que rien n'est parfait. »
Bien sûr que rien n'est parfait, mais qu'est ce qui clochait à ce point ?
Ernest : « Certes, mais rien de particulier à souligner ? »
Lise : « Non »
Non ? Alors qu'elle semblait être prête à dire quelque chose, ce non me signifiait clairement qu'elle se refermait, alors je décidais d'entrer dans le vif du sujet.
Ernest : « Je trouve que tu ne poses pas de questions. »
Lise : « Je fais mes recherches quand j'ai besoin. »
Ernest : « Pourquoi tu ne me les poses pas ? »
C'était par hasard, ce jour là, elle avait oublié son bloc-notes sur mon bureau et je l'avais retrouvé le lendemain matin. Au début, je ne voulais pas regarder, me disant que c'était à elle, c'était personnel... Je ne sais pas trop ce qui m'a pris, mais je n'ai pas tenu bien longtemps, je ne me souvenais pas avoir été déjà aussi curieux. Je l'ai pris en m'asseyant à mon bureau et j'ai jeté un coup d'œil. Ses notes étaient claires, précises, mais j'avais aussi vu des points d'interrogations ici et là, des questions. Ca m'avait crispé, agacé. Jamais elle ne m'avait posé de question alors qu'elle s'en posait. Qui ne s'en poserait pas ?!
Ernest : « Je suis ton tuteur, je dois t'encadrer. Si tu as des questions, poses les moi. »
Je m'étais plusieurs fois demandé pourquoi elle ne demandait rien. Là j'avais constaté qu'elle avait écrit parfois avec un autre stylo des réponses, des détails. Elle avait finit par trouver la réponse. Par des recherches ? Certaines choses ne pouvaient pas se trouver aussi facilement alors j'avais compris qu'elle avait dû demander à un collègue. Mais si c'était quelqu'un de la clinique, je l'aurais su. Et cette découverte m'avait particulièrement rendus grincheux le reste la journée. Désormais, j'aurais enfin une réponse.
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Prendre sa décision
General FictionJ'ai voulu essayer un nouveau genre, j'espère que ça vous plaira. 12/12 Et a tous ceux qui travaillent dans les métiers d'urgence: force et courage.