Chapitre 12 - PV Lise

21 3 0
                                        

A peine la porte clencha que mes larmes se mirent à couler. Je lui en voulais. Je lui en voulais de me rendre fébrile en sa présence. D'oser faire battre mon cœur. De me blesser. Comment osait-il se montrer avec cette trace de rouge à lèvre ? Comment osait-il me parler de protocole ? Son choix, il l'avait fait en décidant d'aller la ramener à l'hôtel sans même un regard pour moi. C'était mon moment de quiétude. Un moment que je désirais depuis longtemps, qu'on m'avait déjà privé le mois précédent. Un moment de détente, de douceur, de tendresse. Un moment rien qu'à moi.

Voilà qu'on me l'arrachait pour de bon.

Pour moi, son choix était fait au moment où elle avait mis les pieds dans la clinique. Depuis le mois précédent, il n'avait rien mit au claire, rien changé. J'étais toujours son interne et cette cruche, cette princesse ou je ne sais quoi, c'était sa fiancée.

Le mois à venir, aller être long.

Et qu'il ne vienne pas me parler de ce passage à Londres pour éclairer quoi que ce soit. L'occasion c'était présenté, il ne l'avait pas fait, alors je ne vois pas pourquoi il le ferait cette fois. Non. Il n'avait pas assez de sentiment pour moi. Je n'étais que la petite française tout juste bonne pour passer un peu de bon temps.

Je lui en voulais, alors que moi seule étais responsable de mes sentiments. Moi seule l'aimais.

Ce week-end ne fut pas des plus reposant et le mois allait être difficile. Lundi arrivant, me présentant au bureau d'Ernest, je le vis me fixer avec des yeux ronds, mais je le gratifia d'un simple et froid « bonjour » pour lui faire comprendre que je ne voulais pas m'étendre dans de la discussion. On échangea sur les informations qu'il avait reçu sur les patients puis on partit pour les visites.

La semaine fut tendue, d'autant plus pendant les urgences et qu'on se croisait dans la salle de repos pour boire un café. Je ne m'asseyais plus sur le canapé, mais sur une chaise pour être sûr qu'il ne vienne pas à côté de moi. La seconde semaine me parue moins crispée mais encore plus longue. Quand nos mains s'effleuraient, par inadvertance, je retirais rapidement la mienne et mettait plus de distance.

Rien que sentir son regard m'était difficile, alors le contacte de sa peau était au moins aussi dur moralement pour moi.

Vendredi, à la fin de notre service, alors que je finissais de remplir le dossier du dernier patient, il rangea le sien et vient vers moi, chuchotant.

Ernest : « Lundi, j'aurais de bonnes nouvelles, si jamais tu veux venir. »

Lise : « Bon week-end. »

Répondais-je sèchement en allant ranger le dossier. Je saluais l'équipe et partis vers les vestiaires et partis pour le SMUR. Mes collègues sentirent que je n'étais pas d'humeur et j'échangeais avec Patricia, sans donner beaucoup de détail, je lui avouais qu'un homme venait de me décevoir.

Patricia : « Je comprends mieux pourquoi t'as l'air épuisée. »

Lise : « Ca passera, avec le week-end à venir, je serais assez épuisée pour dormir. »

On essaya d'en rire. Mais ce n'était pas totalement faux. Le week-end fut éprouvant et bien qu'on eût eu des nouvelles de notre collègue gendarme qui allait bien mieux, moralement, je n'étais pas d'humeur très joviale. Lundi arriva un peu trop vite et plantée devant mon casier, je soupirais lourdement. Il allait sûrement chercher à me lancer de nouveau la conversation sur cette histoire de mariage. Et je me sentis partagée. Une partie de moi ne voulait pas, une autre était curieuse de savoir ce qu'il en était. C'est d'un pas indécis que je rejoignais son bureau. Je le saluais brièvement et m'assis devant son bureau comme d'habitude. J'observais le plan de travail pour ne pas avoir à croiser son regard.

Prendre sa décisionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant