Chapitre 2 - PV Ernest

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Le rythme était déjà pris depuis le temps. Le réveil qui sonne, je me lève machinalement et m'assois sur le bord de mon lit avant de me passer les mains sur le visage. Songeant qu'on est mercredi et que la journée allait être longue, je pars me rafraichir et finir de me réveiller avant de passer dans la cuisine.

A peine mon thé en main, mon téléphone se met à vibrer, je pourrais songer qu'il s'agisse d'une urgence, mais le numéro me crispa bien plus que si c'était celui de la clinique. Hésitant, finalement j'ai laissé l'appel passer. Détournant mon attention, l'écran s'est rallumé pour me signaler un message. Téléphone en main, j'ai composé le numéro de ma messagerie vocale pour entendre la voix de ma mère qui m'annonce qu'elle se doute que je suis occupé mais qu'elle aimerait plus de nouvelles et surtout, qu'elle compte passer.

Manquerait plus que ça ! Enfin, voilà presque deux ans qu'elle menaçait de passer ! Au début, j'y ai crus et dès mes premières vacances, je suis passé les voir. Maintenant, mes prochaines vacances, soit une semaine dans un mois, j'avais prévu de me reposer. Finalement, je devais peut-être songer à aller revoir ma famille. Après tout, un jour ou deux, si ça peut la calmer. Je sais pourtant bien ce qui m'attend, mais ça reste ma mère, mes parents.

Tasse lavée, je finis de me préparer et pars pour la clinique. A cette heure-ci c'est si calme qu'on est loin de s'imaginer les agitations journalières et même de la nuit des urgences. Sacoches en main, je passe à mon bureau sans passer par le secrétariat, je sais pertinemment que personne n'arrivent avant au moins un quart d'heure.

Je m'installe à mon bureau et observe les comptes rendu qu'on m'a déposé la veille jusqu'à ce qu'on toque à la porte. Voilà l'interne, comme chaque matin, à la même heure, au moins, elle est ponctuelle. Je lui demande d'entrer et j'en profite pour lui demander de cesser de toquer. Chaque matin je sais très bien qu'elle va passer cette porte alors à quoi bon continuer à faire entendre sa présence ? Je sens que mon ton est un peu sec, mais je me sens encore crispé de l'appel du matin. Ca passera dans la journée.

On part pour les visites, Olivia arrive vers nous, toujours aussi souriante. Je crois sentir un peu de tension entre elle est l'interne, je me doutais déjà du pourquoi : elle n'avait pas confiance. En particulier après ce que cette Lauren avait dit sur elle. Et ça ne faisait que deux jours qu'elle était là, alors je n'avais moi-même pas un avis fixé sur elle, je ne pouvais ni lui faire pleinement confiance, ni ne lui laisser aucune autonomie. Je ne la connaissais pas encore.

Mais à son interrogation concernant l'utilisation d'un bétabloquant sur un patient, je ne pus m'empêcher de resonger à ce que j'ai entendu le premier midi sûr elle. Trop sûr d'elle, à mettre en doute la décision des autres. Alors que je m'apprêtais à répondre simplement pour voir si elle allait remettre en doute mon choix, Olivia me prit de court. Je la trouvais particulièrement tendu, ça surprit aussi l'interne qui cligna plusieurs fois des yeux avant de nommer un autre médicament.

Olivia : « J'y crois pas, tu oses répondre. »

Lise : « Mais tu me posais une question. »

Olivia : « C'en était pas vraiment une, de quel droit tu remets en doute le choix du médecin ?! C'est toi la spécialiste ?! »

A cet instant je ne sais pas quoi songer. Est-ce qu'elle voulait vraiment remettre en question ma décision ? Et en même temps, Olivia lui avait bien posé la question de ce qu'elle aurait donné à la place. Mais avant tout, je devais calmer cet énervement grandissant.

Ernest : « Olivia, ne t'énerve pas. »

Olivia : « Je suis désolée, c'est la fatigue. »

Je peux comprendre que la fatigue joue sur l'humeur et la patience, mais à ce point ? Non, c'était plus une fausse excuse pour ne pas dire de but en blanc qu'elle n'appréciait pas la jeune femme. Ce que je savais déjà même si nous n'en n'avions parlé. Avec le temps, je commençais à bien connaitre l'infirmière et je ne me souvenais pas l'avoir vu s'énerver aussi rapidement face à quelqu'un. Même face à une infirmière débutante.

Prendre sa décisionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant