Comme chaque matin j'arrive bien avant l'heure de ma première consultation. Beaucoup de travail et surtout de paperasse à régler et le calme du matin est, à mon gout, le plus propice pour s'en occuper. J'arrive même avant les secrétaires et je file dans mon bureau. Je lance l'allumage de mon ordinateur et mon regard se pose sur ce petit dossier sur le coin de mon bureau. Aujourd'hui arrive l'internet. Lise ?
J'attrape le dossier et m'adosse à mon fauteuil, jetant un nouveau regard sur les papiers.
J'avais accepté qu'une fois un interne, la seconde année où j'étais ici. Le directeur me l'avait collé dans les pattes sans tellement me laisser le choix, soi-disant que c'était formateur pour moi. Mais finalement, c'est juste que c'était le fils d'un ami. Heureusement qu'il n'était pas totalement idiot, alors j'ai fait un compte rendu positif et il est parti à l'étranger pour parfaire ses connaissances.
Voilà bien longtemps que je n'avais pas songé reprendre d'interne. Je voyais mes collègues faires et plus souvent s'en plaindre que s'en satisfaire. Mais voilà qu'on me dit que ça serait bien que j'en reprenne un, qu'il y a des bonnes recrues en ce moment. On m'a collé dans les mains plusieurs CV et j'ai finalement choisi cette jeune femme. Deux choses m'ont fait la choisir : elle est en dernière année, elle sera donc, normalement, vite autonome et je n'aurais pas besoin de répéter plusieurs fois. Et elle dit avoir de l'expérience en urgence. Un point auquel je tiens puisque c'est la qualité des urgences Française qui m'ont finalement décidé de m'installer dans ce pays.
Je jette un coup d'œil sur l'heure en me disant qu'elle ne saurait tarder et à peine ais-je le temps de ranger le dossier dans un des tiroirs de mon bureau et d'en attraper un autre qu'on toqua à ma porte.
La demoiselle apparut, en tenue et à l'heure. Taille moyenne, corpulence moyenne, un visage plutôt ovale, les cheveux châtains et attachés en queue de cheval haute, des yeux en amande verts tirant sur le noisette, assez... Captivant. Je me lève et lui tend la main qu'elle vient me serrer. Sa prise est bien dosée, sa peau douce.
Ernest : « Connor Ernest, je serais ton tuteur. »
Lise : « Enchantée. »
Les présentations faites, je lui fais signe de s'assoir et je me réinstalle dans mon fauteuil pour échanger brièvement avec et essayer de mieux la cerner. J'en viens à la questionner sur son travail au service d'urgences. Puisqu'il n'est pas spécifié à quelle brigade de SMUR elle travaille sur Paris, on pourrait se demander si finalement, elle y travaille vraiment.
Lise : « Oui quand j'ai le temps. Je maintiens une garde par mois pendant mes internats. »
Elle ne me donne pas de précision sur l'équipe, mais bien sur sa garde. Est-ce là un message pour me demander de la laisser en paix au moins un week-end par mois ? Il est vrai qu'il y a des cliniques et des hôpitaux qui abusent des internes, mais pas ici, bien que là, si je devais en arriver à la conclusion d'un mensonge de sa part, elle le paiera durement. Je lui explique que les urgences sont une place importante dans mon quotidien.
J'ai essayé de faire comme mes collègues, des consultations, des rendez-vous des semaines voir des mois en avance. J'ai essayé comme eux cette routine, mais ça ne me plaisait pas. Je n'aimais pas entendre des collègues esquiver leurs gardes aux urgences. Je n'aimais pas entendre ces patients me dire « je peux payer content » pour être pris avant d'autres. Alors j'essaie de limiter ça pour être davantage présent dans l'autre service. Là où on ne réfléchit pas argent, mais médecine. Qu'on ne réfléchit pas agenda mais durée de vie. Il faut aller vite, prendre une décision sur le champ.
Et je garderais un œil sûr elle afin qu'elle ne devienne pas un poids.
Ce petit échange bouclé, on partit pour les visites matinales des patients pour faire le point. Je retrouve l'infirmière Olivia, avec qui je travaille régulièrement. Ah cette Olivia... Un vrai personnage ! Voilà un moment qu'on travaille régulièrement ensemble. J'ai mis beaucoup du temps à voir ses avances, c'est Romain qui m'a fait ouvrir les yeux en premier. J'étais surpris. Non seulement de ne pas l'avoir remarqué, mais surtout qu'elle s'intéresse à moi.
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Prendre sa décision
قصص عامةJ'ai voulu essayer un nouveau genre, j'espère que ça vous plaira. 12/12 Et a tous ceux qui travaillent dans les métiers d'urgence: force et courage.