Chapitre 2 - PV Lise

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Le réveil me fait faire un bond, encore. Je sursaute, grogne et tape mon radioréveil pour le faire taire. J'essaie de m'étirer, de me motiver, mais chaque réveil est difficile, pourtant, je ne vais pas non plus au travail à reculons ! Mais bon, ce n'est pas forcément facile. Finalement, je ne traine pas, je me lève, je pars d'abord sous la douche pour me réveiller avant de passer dans ma cuisine. En vivant en banlieue de Paris, j'ai la chance d'avoir un petit appartement avec une surface de vie correcte. J'ai mis du temps à le trouver, mais je ne le lâche plus. En plus il est récent et bien situé pour moi par rapport à l'école ou les boulots.

Pain au lait dans la bouche, je finis ma boisson rapidement pour aller finir de me préparer. J'attrape mon sac et file.

J'ai crus comprendre qu'Ernest, puisqu'on s'appelle par nos prénoms et qu'on se tutoie, est quelqu'un de ponctuel et qu'il aime qu'on le soit aussi. Ce que je trouve normal. Habituée à l'urgence où chaque minute comptent. Casque visé sur la tête, je me gare et file directement pour les vestiaires. Je finis à peine de me changer et je croise Mégane, une interne. Ce n'est pas son premier semestre dans cette clinique mais le second et pourtant, elle est toujours aussi stressée. Je l'avais déjà croisé quelques fois à la fac et aussi dans un hôpital lors de son premier stage.

On échange quelques mots le temps que je finisse de me préparer puis je la salue et file pour retrouver mon tuteur. Je passe par le secrétariat et salue la première secrétaire qui vient d'arriver avant de me présenter au bureau. Comme le premier jour et la veille, je toque et attend qu'il m'autorise à entrer.

Lise : « Bonjour. »

Ernest : « Bonjour. Tu peux cesser de toquer, entre directement. Ce n'est pas comme si je ne savais pas que tu allais débarquer chaque matin. »

Lise : « Oui c'est sûr. »

Mais bon, tant qu'il ne m'autorisait pas à le faire... Ce qui est maintenant chose faite. Je m'assis en face de lui et comme la veille et on fit ensemble un bref tour de la mâtiné. Rien de spéciale à signaler, alors on partit pour la visite matinale.

A peine on sort de l'assesseur qu'Olivia débarque, décolleté ravageur et sourire accroché aux lèvres pour Ernest, un vague bonjour pour moi. Elle fait le point et on part tous trois pour les patients. Comme les deux premiers jours, je reste légèrement en retrait, j'observe, j'écoute, j'analyse, je note. J'annote quelques questions que j'essaierais de lui poser plus tard.

Déjà la veille, quand j'avais voulu intervenir pour une question, je l'ai senti se crisper et j'ai vu Olivia me fusiller du regard.

Et puis je me fige et fixe ma feuille. Je le sais, je le sens, si j'attends, soit je n'aurais pas le temps de poser mes questions, soit je vais oublier ! Alors, une fois sortie de cette chambre-ci, je retente.

Lise : « Dis, pour ce patient, pourquoi ce bétabloquant ci ? »

Olivia : « Pourquoi ? Tu aurais sûrement donné autre chose ? »

Bon, ok, son ton, je ne l'apprécie vraiment pas ! Merde, je lui ai fais quoi ? Parce que je suis l'interne de son petit médecin ? Faudrait que je lui parle entre quatre yeux à un moment ! Je jette un coup d'œil à celui à qui j'ai posé la question et il me fixe, en silence. Je pense simplement, et bêtement, à cet instant que c'est une nouvelle façon de me tester, tester mes connaissances, me demander ce que j'aurais mis à la place. Alors je cite un autre nom de bétabloquant, plus général, plus commun.

Olivia : « J'y crois pas, tu oses répondre. »

Lise : « Mais tu me posais une question. »

Olivia : « C'en était pas vraiment une, de quel droit tu remets en doute le choix du médecin ?! C'est toi la spécialiste ?! »

Prendre sa décisionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant