Premier week-end de garde terminé, je retrouvais avec plaisir le lundi soir mon appartement et en particulier mon lit où je me réfugiais dès mon arrivée. Un week-end comme toujours aux urgences : mouvementés. Et en dehors de ce petit accrochage sur cette histoire avec le père de famille, j'avais l'impression de mettre un peu plus rapprocher de mon tuteur.
Il était à l'aise aux urgences, polyvalent, réactif. Pas toujours patient face aux patients qui débarquaient pour pas grand chose, mais toujours à l'écoute. Ca contrastait assez avec l'image que j'avais de lui jusqu'ici : hautain et froid, principalement. Alors le mardi, je me risquais à une nouvelle question, je pris le risque de le faire encore devant Olivia, je savais que ce serait risqué mais c'était pour moi le meilleure teste.
J'attendis que l'on sorte de la chambre du patient sur lequel j'avais ma question pour la poser.
Lise : « Pourquoi il n'y a pas de contrôle de la température pour ce patient ? »
Olivia : « Non mais même moi je sais que c'est inutile dans ce genre de maladie ! Vraiment, t'es sûr d'être en dernière année ? »
J'ai serré les dents et j'ai tourné mon attention vers le chirurgien qui resta neutre, mais un sourire amusé lui échappa lorsqu' Olivia se mit à roucouler devant lui, non pas pour elle mais bien pour la remarque qu'elle fit concernant une ancienne infirmière qui avait fait une maladresse avec un thermomètre qu'elle croyait rectale et qui ne l'était pas.
Moi la première, cette anecdote m'aurait amusé en temps normal, mais clairement pas là. En tout cas cela fit oublier ma question à Ernest qui me contourna pour passer au prochain patient. Moi je sentais que la mienne de patience serait mise à rude épreuve ici.
J'arrivais au SMUR un peu plus tôt que prévus pour pouvoir échanger avec les collègues. Je gare la moto et m'approche des quelques escaliers qui mènent à la salle de repos et d'où est sorti une infirmière pour fumer.
Amelia : « Mais qui voilà ! »
Lise : « C'est ma présence ou les croissants dans mon sac qui te rende si joyeuse ? »
Amelia : « Les croissants, quelle question ! »
On rit et on s'étreint brièvement avant que je rentre. Je sors le sac de croissant que je mets sur la table en saluant les deux autres personnes puis je file aux vestiaires me changer avant de revenir. Finissant de m'attacher les cheveux en chignon haut, je vois Tom, un des médecins, se tourner et m'offrir une tasse de café.
Tom : « Alors ? On ne t'a pas trop manqué ? »
Lise : « Oh si ! Tellement ! »
Je m'installe à table avec eux.
Tom : « Parce que pour nous se fut deux semaines d'une sérénité ! Tu n'imagine même pas ! »
Je me mets à rire, habituée à ses provocations qui n'étaient que des taquineries.
Lise : « Ah c'est sûr, deux semaines sans me voir ! »
Amelia : « Arrêtes Tom, à force, elle va y croire et reviendra pas. »
Tom : « Nous essayer, c'est nous adopter. »
Lise : « Mais tellement. »
Amelia : « Racontes nous plutôt comment ça se passe. »
J'hésite, brièvement, mais cela suffit à Tom pour me lancer un regard lourd de sens. Un de ses regards qui signifie « tu omets une chose et je te plante une aiguille dans la fesse droite ». Non, je sais que lui, ou les autres, je peux difficilement leurs mentir ou cacher quelque chose, on se connait trop bien depuis le temps.

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Prendre sa décision
Художественная прозаJ'ai voulu essayer un nouveau genre, j'espère que ça vous plaira. 12/12 Et a tous ceux qui travaillent dans les métiers d'urgence: force et courage.