Chapitre 10 _ Sentiments

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Sophia, malheureuse, errait au sein du Sanctuaire, sans savoir quoi faire. Par moment, lorsqu'elle marchait, des larmes silencieuses coulaient le long de ses joues, pour finalement s'atténuer, et reprendre de plus belle. La situation qu'elle vivait était tellement fréquente, et pourtant elle ne la supportait pas. A nombreuses reprises Ofelia et elle avaient été séparé, mais elle ne savait pas pourquoi celle-ci était plus douloureuse que les précédentes.

Elle ne croisa personne, et cela l'arrangeait bien. Dans son état, elle n'était pas vraiment d'humeur à converser. Finalement, son errance la mena jusqu'au temple du Taureau, sans qu'elle le veuille vraiment. Elle se souvint alors que, au début de la guerre, Aldébaran avait été gravement blessé par Syd, et cloué dans ce qu'elle se permettait d'appeler l'infirmerie. Ou l'hôpital. Mais peu importait. Aldébaran était de ses proches amis, aussi elle s'inquiéta de savoir comment il allait. Elle fit de son mieux pour cacher sa tristesse et s'annonça d'une petite voix :

- Toc, toc ? Il y a quelqu'un ?

Sa voix résonna au sein du temple, ce qui la fit sursauter. Elle observa à droite, et à gauche, mais ne vit personne. Elle s'apprêtait à repartir lorsqu'elle entendit le Taureau lui répondre :

- Ah, Sophia ! Entre, n'ai pas peur.

- Tu es sûr ? Je ne te dérange pas ?

- Mais non ! Allez, vient ! Ta présence me fait plaisir.

Avec un demi-sourire, Sophia entra définitivement dans le temple. Elle trouva Aldébaran assis au milieu, et s'étonna de ne pas l'avoir vu avant. Il n'était pas aussi minuscule que le Vieux Maître, pourtant... A vrai dire, c'était tout le contraire. Même assis ainsi, il était bien plus grand qu'elle.

- Bonjour, Aldébaran, le salua-t-elle. Je voulais savoir comment tu te sentais.

Elle ne constata que maintenant les bandages blancs autour de ses bras, et de sa tête. Elle avait suffisamment la tête ailleurs pour ne pas voir une vache au milieu d'un couloir, pour reprendre les termes de l'expression.

- Oh, tu parles de tout ça ? demanda-t-il en regardant les bandages de ses gros bras. Bah ! Disons que ce Guerrier Divin savait où frapper.

- Tu as mal ?

- J'ai cru que j'allais y passer, au début, avoua-t-il. Et crois-moi, c'était assez frustrant, car j'étais persuadée d'avoir évité le coup de cet homme... Syd, c'est bien son nom ?

- Je crois.

- Je n'ai pas encore régler mes comptes avec lui. Mais il me tarde de lui faire comprendre ce que je pense de lui, d'autant plus qu'il a eu le culot de se présenter ici, sans être venu me voir pour me présenter ne serait-ce qu'un soupçon d'excuse !

- C'est un très bon ami d'Ofelia... murmura Sophia. Ne lui fait pas de mal...

Aldébaran pencha légèrement la tête sur le côté, et s'inquiéta aussitôt de l'état de la jeune femme, l'assaillant de question. Avec un sourire, Sophia lui disait au début qu'elle arrivait à le supporter. Puis, elle fondit en larme, sans pouvoir se contrôler.

- Je veux qu'elle revienne... Pourquoi le destin s'acharne-t-il contre nous ? C'est injuste...

Aldébaran fit de son mieux pour la consoler. Parfaitement dissimulé, épiant cette conversation, Aiolia ne savait pas quoi faire. Il aimerait intervenir, prendre la jeune française dans ses bras, lui promettre qu'elle et Ofelia seront à nouveau réunis, mais il ne bougea pas. Il laissait le réconfort à son compagnon d'arme. Il observa simplement le doux visage de Sophia trempé de larme. Il senti son cœur se fendre à cette vision. Il n'aimait pas ni la voir ni la savoir malheureuse. Il se jura alors de faire son possible pour que son merveilleux sourire réapparaisse sur ses lèvres si délicates, si parfaites, si tentantes...

Finalement, il s'éloigna, trop affecté de voir Sophia dans cet état si lamentable. Alors qu'il prévoyait de réfléchir à tout cela au calme, ses projets furent interrompus par la présence d'Aphrodite, qui se dressait face à lui, une rose blanche à la main. Il était situé plus haut que lui sur les marches, et l'observait avec une grande attention qui ressemblait plus à des doutes.

- Que me veux-tu ? lui demanda le Lion sans cacher son léger agacement

- Te parler, mon ami.

- Mais encore.

- J'ai à te dire certaines choses.

- Jusque là, j'avais saisi.

Aphrodite esquissa un fin sourire, et continua sur sa lancée, prenant une pose qui montrait l'étendu de son narcissisme :

- Aiolia, je ne suis pas un aveugle. Vois mon magnifique regard percer ton cœur.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? soupira Aiolia d'un air exaspéré

- Crois-tu que je suis suffisamment dupe pour ne pas remarquer ton comportement vis à vis de Sophia ?

Le Poissons paraissait légèrement agacé. Aiolia arqua un sourcil de surprise.

- Que veux-tu dire ?

- Tu te l'accapares à tout instant. Mais elle ne t'appartient pas.

- Je quoi ?

- Et elle ne sera jamais tienne.

Les deux Chevaliers s'observèrent un moment sans rien dire. Ce fut Aiolia qui cassa le silence, en disant :

- Tu es fou.

- Et toi amoureux.

- Tu m'as l'air bien sûr de toi.

- Tu ne t'en es même pas rendu compte... Pathétique.

Le Lion amorça un mouvement avec la ferme intention de passer à l'attaque, mais se ravisa. Il soupira, et se contenta de s'en aller, ignorant les dernières remarques de son compagnon d'arme. Mais après tout, sans doute avait-il raison. Il voyait Sophia bien différemment. Il avait vu la beauté de son âme en plus de celle de son corps, son courage, sa bienveillance. Et puis, comment pourrait-il éprouver autant de désir à son égard, sinon en éprouvant sincèrement pour elle de forts sentiments ?

Les Élues des Dieux _ Tome 3 _ Complot au Sanctuaire MarinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant