Les Élues des Dieux _ Tome 3 _ Complot au Sanctuaire Marin

Chapitre 4 _ Une difficile réalité

Une nouvelle journée s'annonçait. Sophia avait terminé d'éplucher les livres qu'on lui avait autorisé à lire. Elle en avait beaucoup apprit sur Poséidon, mais était encore dans un flou dérangeant. Et elle avait beau poser les questions à Ligie, cette dernière restait muette.

Par ailleurs, Ligie était venue plus tôt que d'habitude. Elle s'attelait à donner à Ofelia de nouveaux vêtements, et veillait à ce qu'elle soit littéralement impeccable. Elle lui coiffa même ses cheveux en les bouclant légèrement, tout en les attachant pour en faire un chignon décontracté, et ce sans lui laisser le choix. Assise sur son lit, la française observait tout cela avec curiosité, et demanda finalement :

- Pourquoi prépares-tu Ofelia de cette façon ?

Ofelia tourna la tête vers Ligie, attendant elle aussi une explication à cela. La jeune femme afficha un large sourire et répondit en défroissant encore une fois les dentelles de la robe immaculée de l'espagnole :

- L'Empereur Poséidon a décidé qu'il était grand temps de vous rencontrer, mademoiselle Ofelia.

- Quoi ? Maintenant ? s'affola la concernée. Mais... Mais je ne me suis pas préparé mentalement !

Sophia paraissait elle aussi inquiète, mais pour une raison un peu plus personnelle. Elle avait peur. Peur de voir Ofelia quitter ce temple pour ne plus y revenir. Elle avait peur de devoir passer le restant de ses jours ici, et seule de surcroît.

- Ne vous inquiétez pas. Restez telle que vous êtes. L'Empereur des Mers est quelqu'un de juste et de sensible. Il vous appréciera dès qu'il posera les yeux sur vous.

La française se recroquevilla sur elle-même, en proie à une profonde anxiété. Elle tremblait. Ofelia remarqua son état, et voulut s'avancer vers elle, mais Ligie l'arrêta, lui adressant un regard plutôt ferme.

- Je m'occupe d'elle, mademoiselle Ofelia. Veuillez sortir. Un Général vous attend depuis plusieurs minutes.

- Je ne peux pas laisser Sophia... protesta l'espagnole

- Je vous aie dit que je m'en occupais. Ne perdez pas plus de temps, mademoiselle.

Ofelia, avec un grommellement certain, s'avança néanmoins jusqu'à la porte. Elle osa l'ouvrir, lentement, et passa d'abord la tête pour observer l'extérieur. Mais elle ne croisa que le regard strict d'un homme vêtu d'une armure dans les tons orangés qui lui fit aussitôt penser à Sorento. Et, par la même occasion, à la mort de Siegfried.

- Euh... Bonjour ? déclara-t-elle timidement tandis que Ligie refermait la porte derrière elle

Le Général, car c'était là son rang, resta un instant silencieux, l'observant de ses yeux verts clairs. Ses longs cheveux bruns, détachés sans le casque qu'il tenait dans sa main gauche, descendaient jusqu'au bas de sa taille. Finalement, son regard s'adoucit et il proposa son bras libre à la jeune espagnole.

- C'est un honneur de vous rencontrer personnellement, dit-il respectueusement. Je me nomme Baian, Général du Cheval des Mers et gardien du pilier de l'Océan Pacifique Nord.

- Je suis... Ofelia. Juste Ofelia.

- Je connais votre nom, répliqua-t-il avec un sourire sincère. Mais j'ignorais tout de votre apparence. Vous êtes...

Il ne termina pas sa phrase, se contentant de sourire encore.

- Je dois avouer que je suis un peu anxieuse... marmonna l'espagnole en cachant ses mains tremblantes derrière son dos.