Les Élues des Dieux _ Tome 3 _ Complot au Sanctuaire Marin

Chapitre 11 _ Lien de sang

Recroquevillée dans un coin de la pièce, Ofelia avait cessée toute activité. Elle ne parlait plus. Ne mangeait plus. Et cela faisait déjà deux jours. Elle restait simplement là, blottit contre le mur, revoyant dans son esprit l'expression de Saga avant qu'on ne l'emmène loin d'eux. Au moins, c'était clair : elle détestait Krishna.

Enfouissant son visage contre ses genoux, Ofelia se demanda comment Sophia se portait. Sa seule consolation était que, désormais, elle était à l'air libre. Mais encore une fois, elles étaient séparées. Et c'était toujours elle qui était prisonnière loin du Sanctuaire... Quelque part, elle jalousait son amie.

- Mademoiselle Ofelia ?

L'interpellée ne releva même pas la tête. Elle savait que c'était Ligie. C'était la seule qui entrait dans sa prison depuis que Sophia avait été sauvée, de toute manière.

- Baian aimerait vous voir.

- Pas moi.

- Il insiste.

- Qu'il s'en aille !

Ligie sursauta devant le ton qu'elle prenait, et préféra s'en aller. Mais il ne fallut pas longtemps pour que Baian entre à son tour. Il s'assit sur le lit, en face de la jeune femme, c'est-à-dire à une distance assez raisonnable d'elle.

- Bonsoir, lui lança-t-il avec une certaine bienveillance.

- Mmh...

- Je vous en pris, cessez de broyer du noir...

Elle ne répondit pas. Baian poussa un léger soupire, et demanda amicalement :

- Est ce que vous voulez en parler ?

- Il n'y a rien à dire. Oh, attendez... Si, il y a à dire. Vous n'êtes tous qu'une bande d'enclume rouillée.

- Des enclumes rouillées ? répéta Baian avec amusement

- Je voulais rester polie. Mais si vous demeurez ici, ne vous attendez pas à ce que cela dure...

Ofelia l'entendit sourire. Elle resserra son emprise sur elle-même, ne voulant absolument pas qu'il la voit dans cet état. C'était sa fierté qui parlait...

- Et si vous me parliez de vos amis du Sanctuaire ? Cela vous aidera sans doute.

- A quoi bon... Je ne les reverrais plus jamais...

- Justement. Parler d'eux vous aidera sans doute à vous en sentir proche en l'instant présent.

- Mmh...

- Bon... Comme vous voudrez.

Il se leva, et attendit un instant. Voyant qu'Ofelia ne disait rien, il marcha jusqu'à la porte. Mais, à sa grande surprise, il entendit un léger reniflement, et la petite voix de l'élue qui murmurait :

- Je pense beaucoup à Saga. Il me manque...

- Parlez-moi de lui, l'invita doucement Baian en revenant vers elle

- Il est d'une sagesse, d'une bienveillance et d'une douceur hors norme. Il a toujours été si gentil avec moi...

- Vous l'aimez beaucoup, constata-t-il.

- Je le considère comme un frère. Pour moi qui n'ai jamais eu de famille, l'avoir rencontré était inespéré...

Elle se tut net. Voilà qu'elle se mettait à parler plus que nécessaire. Mais dans son état, il était normal de ressentir le besoin de se confier. Elle avait accordé sa confiance à Baian quasiment aussitôt après l'avoir rencontré, et il était le seul aujourd'hui à lui tendre la main. Alors il était naturel que sa langue se délie aussi facilement, du moins c'était ce qu'elle supposait.