Les Élues des Dieux _ Tome 3 _ Complot au Sanctuaire Marin

Chapitre 29 _ Excalibur

Le chemin jusqu'au pilier de l'Atlantique fut long, d'autant plus que ni Ofelia ni Shura n'avaient parlé. La jeune femme n'osait, tiraillé par ses propres sentiments. Quant au Chevalier, il respectait simplement la distance qui se créait entre lui et l'élue. Il s'était résolu à l'attendre... Ou à l'abandonner si elle se refusait à lui. Aussi, lorsqu'ils firent face à l'immense construction qu'était le pilier qui soutenait l'océan, aucun d'eux ne prononça le moindre mot, au début. Néanmoins, le Capricorne décida de briser le silence, déclarant sur un ton des plus neutres :

- Alors voilà donc l'un des piliers du Sanctuaire Marin... Je ne l'aurais jamais imaginé ainsi.

Ofelia acquiesça seulement, son regard grisé essayant de déterminer la longueur de la construction. Le pilier paraissait si lisse, dressé noblement, immobile... Et sans gardien. La jeune femme avait beau observer de tous côtés, aucune trace de Kanon.

- Il n'a pas l'air d'être ici, déclara-t-elle enfin en s'efforçant de ne pas paraître timide

- Tout ce chemin pour rien du tout... Mais où est-il dans ce cas ?

- Tu n'arrives pas à localiser son aura ?

Shura baissa les yeux vers elle, l'air presque furieux. Mais Ofelia, préférant ne pas le regarder, ne le remarqua même pas.

- Excuse-moi, mais je ne suis pas une machine. Je n'ai jamais rencontré Kanon. Comment pourrais-je le discerner, au milieu du territoire ennemi ?

Sa colère se ressentait à travers le ton qu'il avait prit. La jeune femme se sentit aussitôt mal.

- Pardon... Je ne voulais pas t'énerver...

- Quoiqu'il en soit, nous voilà dans une fâcheuse situation, commenta Shura en s'adoucissant. Il nous faut absolument cette urne.

- J'en ai conscience. Mais...

Ofelia s'avança vers le pilier, et porta sa main à plat contre sa surface si lisse, et en fit ainsi le tour. Il ne semblait pas être creux, et il n'y avait aucune ouverture. Aucun risque que Kanon se cache à l'intérieur, donc.

- Ce maudit Sorento nous a mentit, fulmina le Capricorne.

- Je suis sûre que non, le défendit Ofelia.

- Toi alors...

Il lui ébouriffa les cheveux, sans aucune autre forme de procès, lui arrachant un léger crie de surprise.

- Mais laisse-moi... pleurnicha-t-elle en se dégageant de sa portée

Elle se recoiffa légèrement, démêlant quelques unes de ses mèches sous le regard amusé du Chevalier. Mais un son attira l'attention du Capricorne, qui leva instinctivement les yeux vers la provenance du bruit, pour découvrir une parcelle de la roche qui les entourait s'écrouler vers eux. Ofelia semblait plus particulièrement visée. Sans attendre une seconde supplémentaire, il bondit devant elle et prit un certain élan avec son bras, jusqu'à ce que la pierre soit à sa portée. Là, il abattit vivement son bras dessus, et la roche parut se trancher en deux, s'écroulant sur leurs côtés.

- Mais qu'est-ce que... balbutia la jeune femme en écarquillant de grands yeux ronds

- Reste près de moi, lui chuchota-t-il. Nous ne sommes pas seuls.

- Comment as-tu pu faire une chose pareille ? s'émerveilla-t-elle

- Je suis un Chevalier, répondit-il simplement.

- Oui, d'accord, j'avais saisit les bonnes centaines de première fois, je parlais de ton bras...

- Mes bras et mes jambes sont aussi aiguisés qu'une épée. Maintenant, silence.

L'espagnole préféra hocher la tête et obéir, trop inquiète pour aller à l'encontre de ce que le Capricorne lui disait. Shura analysait les alentours avec grande attention, sans parvenir à distinguer son adversaire, ni à le ressentir clairement. Pourtant, la roche avait été obligatoirement endommagée par quelqu'un pour tomber ainsi de manière aussi précise. Et puis, il pouvait discerner les restes d'une aura sombre et perfide tout autour d'eux.

- Voici donc la puissance de l'épée sacrée, Excalibur... résonna la voix de Kanon. Je ne m'attendais pas à une telle démonstration.

- Montre toi, ordonna fermement Shura

- Excalibur... murmura Ofelia en se remémorant la légende du Roi Arthur

Le Général apparut subitement, un sourire narquois au bout des lèvres.

- Je ne pensais pas faire face à un Chevalier d'Or aussi rapidement, déclara-t-il avec méprit

- Attend, Kanon ! intervint Ofelia en s'interposant entre lui et Shura. Nous ne voulons pas d'effusion de sang, il faut juste que tu nous dises où se trouve l'urne !

- L'urne ? Oh, cette urne... Je ne sais pas où elle est.

- Tu mens ! C'est toi qui as libéré Poséidon, au Cap Sounion ! Saga l'a découvert.

- Ne prononce jamais ce nom !

Prit d'un accès de rage, Kanon envoya une puissante décharge d'énergie vers Ofelia. Shura eut à peine le temps de la tirer ailleurs, mais ce fut hélas un peu tard. L'attaque du Général laissa sur le corps du Capricorne une sévère brûlure.

- Tu ferais mieux de revêtir ton armure, Chevalier, le railla-t-il.

Shura serra les dents en poussant la jeune femme un peu plus loin. Kanon perdit son allure narquoise, et déclara sombrement :

- Je suis si près du but. Je ne vous dirais jamais où se trouve l'urne.

- Alors soit, nous combattrons.

Le Chevalier concentra brièvement son aura. Sous les yeux ébahis d'Ofelia, l'armure d'or du Capricorne fusa vers lui, se sépara en nombreuses parties et l'instant d'après Shura était recouvert de cette scintillante protection. L'espagnole se terra un peu plus loin, ne voulant pas être mêlée au conflit qui était sur le point de craquer. Puis, elle se mit à maudire le destin qui faisait que jamais rien ne se passait comme elle le voulait.