Les Élues des Dieux _ Tome 3 _ Complot au Sanctuaire Marin

Chapitre 20 _ Solitude

La nuit était tombée. Ofelia avait attendu que la lune soit haute pour s'éclipser de sa demeure, afin d'être sûre de ne croiser personne. Ou du moins, presque personne, puisque des gardes patrouillaient tout de même. Cependant, le Zodiaque d'Or était désert, et se faufiler était pour elle d'une facilité déconcertante, surtout que sa présence était imperceptible. Seul Shaka, toujours assis en pleine méditation, parut la saluer brièvement, comme tous les soirs. Mais Ofelia n'en n'avait pas certitude. De toute manière, elle le trouvait vraiment étrange, notamment pour sa simple réputation d'être l'homme le plus de dieu.

Vêtue de sa chemise de nuit habituelle, la jeune espagnole se glissa dans le troisième temple, et contempla un instant l'armure d'or des Gémeaux, ne s'habituant toujours pas à la mort de Saga. Elle s'en voulait, s'affligeant toute la responsabilité. Peut-être que, si elle avait choisi de rester auprès de Julian, il aurait pu s'extirper du Cap Sounion, et s'en sortir... Elle était responsable, en tous points. Pour la énième fois, elle s'excusa auprès de l'armure vide, avant de marcher lentement vers la partie du temple qui s'apparentait à des appartements privés. D'ordinaire, elle s'allongeait simplement sur le lit, et ne bougeait plus du tout jusqu'à ce que le sommeil l'emporte. Et le matin, elle se sentait bien plus reposée et apaisée que lorsqu'elle dormait chez elle, faute de cauchemars macabres. Mais là, lorsqu'elle entra dans la pièce, elle sursauta en découvrant Shura, les bras croisés. Il semblait l'avoir attendu, au vue du regard de glace qu'il lui lançait. Elle tressaillit d'abord, avant de détourner ses yeux de lui, gênée d'être vu dans cette tenue. Le Capricorne l'étudia de haut en bas, discrètement, et nota que son collier doré ne la quittait pas et qu'elle avait, au poignet, un ruban noir enroulé, et attaché d'un nœud légèrement coulant. Il supposa dès lors que c'était là la marque de son deuil.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Ofelia sans le regarder.

Le Capricorne soupira. Il parvint à attirer l'attention de ses yeux, et lui fit signe de s'asseoir sur le lit. Timide, Ofelia s'y avança, et s'installa, en contemplant ensuite ses pieds, comme s'il s'agissait de la chose la plus intéressante qui soit.

- Regarde-moi, Ofelia.

- Je ne peux pas...

- Je ne le répéterais pas.

Devant le ton menaçant qu'il avait prit, la jeune femme osa lever les yeux vers lui, honteuse. Le visage du Chevalier parut s'attendrir, et il fut dès lors moins froid dans ses propos.

- Sais-tu que j'ai été voir Sophia, l'autre jour ? demanda-t-il

- Non... Elle ne m'en a pas parlé.

- Je me doutais qu'elle allait garder le silence au sujet de ma visite.

- Je suis étonnée... murmura-t-elle. Vous n'êtes pas venu nous voir depuis quelques temps, et... Nous avons reçu pour recommandation de « vous laisser tranquille ».

- Oui... répondit Shura d'un air gêné. Cela vient du Vieux Maître et du Grand Pope. Avec les Guerriers Divins, ils réfléchissent encore à une méthode pour secourir la déesse Athéna.

Ofelia hocha lentement la tête. Les Guerriers Divins... Lorsqu'ils avaient appris son retour, ils s'étaient littéralement jetés sur elle pour avoir de ses nouvelles. Seul Syd, qui la connaissait particulièrement bien, respectait sa timidité et sa gêne en se tenant un peu à l'écart. Par la suite, ils avaient tous trois décidés de rester pour aider au sauvetage de la déesse, en signe de reconnaissance pour ce qu'elle avait fait pour leur patrie.

- Tu me parais si distante... murmura Shura en penchant légèrement la tête

A cette remarque, Ofelia baissa à nouveau les yeux.