Chapitre 1 ✔

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Je m'installai confortablement dans mon siège. J'allai passer un bon moment assise, donc autant prendre mes aises. J'allumai mon ordinateur et vérifiai une dernière fois que le diaporama était parfait. Je fus soulagée de voir que tout était en place. La pression relâchée, mes jambes arrêtèrent de s'agiter sous la table. Je n'étais pas stressée, je ne stressais quasiment jamais, mais les rares fois où je stressais, c'était toujours pour trois fois rien.

Les clients de l'agence FreshKiss arrivèrent dans la salle de réunion dans un fracas assourdissant. Je me levai et les saluai en me dirigeant vers eux pour leur serrer la main. Ma patronne se pointa en dernière, une mine sévère scotchée sur le visage, comme à son habitude. Catherine était le genre de patronne qui ne souriait et ne rigolait jamais, mais qui avait le bon il pour les affaires. Elle s'assit à mes côtés et hocha la tête pour me signaler de commencer ma prestation.

J'étais allée en Islande pendant tout un mois faire des photos de la compagnie FreshKiss. J'avais pris de nombreux clichés de leur société et j'avais ensuite été chargé d'utiliser ces photos pour faire des affiches publicitaires pour cette compagnie de cosmétique. Aujourd'hui, je devais leur présenter mon travail. J'avais sélectionné quatre affiches sur toutes celles que j'avais réalisée et j'espérais sincèrement que l'une d'entre elles plaise aux dirigeants de la compagnie.

Je vérifiai encore une fois que tout était en place, puis commençai.

- Bonjour à toutes et à tous et merci d'être venus. Je vais vous présenter les affiches que j'ai créé pour la compagne de publicité de FreshKiss.

Après ma petite introduction, je fis défiler mes quatre affiches dans un premier temps et leur expliquai ensuite mes choix artistiques. Une fois mes explications terminées, les dirigeants discutèrent entre eux, tout en me posant des questions de temps à autre sur mon travail. Puis vint le moment de nous annoncer leur choix. J'arrivai à percevoir à la tête que faisait ma patronne, que cette dernière était tendue. Elle essayait de ne rien laisser paraître, mais je commençais à la connaître. Quand elle tripotait ses grosses lunettes noires, on pouvait aisément deviner qu'elle était stressée. Même ses longs cheveux bruns se faisaient torturer à présent. Ce contrat représentait une véritable petite fortune pour ma patronne. J'avais donc tout intérêt à avoir convaincu les islandais si je tenais à rester en vie encore longtemps.

L'un des dirigeants se leva enfin et s'exprima dans un anglais parfait :

- Nous aimons beaucoup les deux dernières affiches. Nous comptons les utiliser toutes les deux pour nos campagnes publicitaires.

- J'en suis ravie, s'exclama ma patronne en se levant et en serrant la main de l'homme qui venait de parler avec confiance et poigne.

J'admirais sa capacité à passer d'un état à un autre en l'espace d'une seconde. Moi, il me fallait plusieurs minutes pour me calmer les rares fois où j'étais stressée.

Catherine me congédia et elle invita les dirigeants de la compagnie à venir signer le contrat dans son bureau. J'entrepris donc de ranger mes affaires, contente d'avoir échappé à d'atroces souffrances et pensant déjà à ce que j'allais bien pouvoir manger le soir même. J'hésitais beaucoup entre du canard laqué et un tajine. Les deux plats n'avaient strictement rien à voir l'un avec l'autre, mais j'en étais très friande. Ils me rappelaient ma mère, elle cuisinait ces plats comme une déesse. Cette pensée me rendit momentanément triste et heureuse à la fois. Penser à mes parents était toujours très douloureux pour moi.

- Luana !

La voix d'Emilly -alias Emy pour les intimes- une de mes collègues et aussi meilleure-amie me surprit et me sortit de mes pensées. Elle me regardait de ses beaux yeux bleus en fronçant les sourcils. Elle avait les mains posées sur ses hanches et me toisait de son regard exténué. Elle semblait fatiguée au vu de ses cernes et ses cheveux d'un habituel blond doré et éclatant étaient ternes et en bataille.

- Tu as une de ces têtes Emy ! Tu ferais fuir un fantôme, dis-je après plusieurs secondes de silence.

- Je prends la peine de venir te voir durant l'une de mes rares pauses et c'est la seule chose que tu trouves à me dire ? railla-t-elle.

Wolves War : Retour aux sourcesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant