Chapitre 7 ✔

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Comme je l'avais supposé, le trajet fut rapide. J'entrai tel un ninja dans mon hôtel et me dirigeai vers ma chambre dont la porte était encore grande ouverte. Kane n'avait même pas pris la peine de fermer à ce que je vois. J'entrai, puis poussai la porte avec mon museau pour la fermer et passai devant un miroir.

J'étais vraiment un loup. J'avais une fourrure blanche et mes yeux vairons scintillaient dans le noir. Je m'assis, me demandant comment faire pour redevenir une humaine quand un éclair de génie me traversa l'esprit. Je devais simplement m'imaginer en train de redevenir humaine. Je fermai les yeux et imaginai donc mes longs bras et mes grandes mains aux doigts fins, ainsi que mes jambes et mes jolis pieds égyptiens. J'imaginai ensuite le reste de mon corps sans mes poils de loup et enfin mon visage et chaque détail qu'il contenait.

J'ouvris les yeux et constatai avec joie que j'étais redevenue normale. J'étais à poil devant mon miroir, mais au moins, j'étais humaine.

- Bien joué, entendis-je.

Je me tournai vers le balcon de ma chambre avec précipitation et vis la silhouette de Jason. Il était toujours vêtu de son boxer noir. Il me fixait avec intensité, les bras croisés contre son torse musclé. La seule question qui me venait à l'esprit à ce moment fut :

-Mais comment tu es arrivé là ?

Il arqua un sourcil, entra dans ma chambre et s'adossa contre un mur comme s'il était chez lui, ou comme si je l'avais invité à pénétrer dans ce lieu sacré. Oui, je considère ma chambre comme un lieu sacré et intime, même si c'est celle d'un hôtel, et personne ne devrait s'incruster sans y avoir été autorisé au préalable.  

- Je suis entré, dit-il simplement, son ton nonchalant m'agaçant au plus haut point.

- Sans blague ! Monsieur est vexé parce que j'ai dit qu'il n'avait pas d'humour donc il essaye maintenant de me prouver le contraire ? Non mais sérieusement, comment tu as atterri sur mon balcon ?

- J'ai sauté, répondit-il toujours aussi nonchalamment.

- Sauté ! Depuis en bas ?

Je ne lui laissai pas le temps de répondre que j'étais déjà reparti.

- Mais pourquoi suis-je étonnée d'ailleurs ? Tu es un putain de loup-garou !

- Toi aussi.

- Merci Einstein, je suis au courant.

Je croisai les bras sous ma poitrine, préparant déjà ma prochaine remarque et me rappelai alors que j'étais nue. Je n'avais jamais été très pudique dans ma vie, mais étonnamment, devant lui, c'était tout le contraire. Je sentais la gêne s'emparer de moi et j'avais le feu aux joues, ce que Jason sembla bien remarquer vu le regard moqueur qu'il me lançait.

- Un problème ? me demanda-t-il d'un ton sarcastique, alors qu'il s'avançait lentement vers moi.

- Non pas du tout, répliquai-je en reculant, jusqu'à percuter le mur.

- En es-tu certaine ? insista-t-il en m'emprisonnant entre le mur et lui.

Je pouvais sentir son odeur, collé à moi comme il l'était, et contrairement à ce que j'ai dit plus tôt, il n'avait rien d'un loup puant. Il posa ses bras de part et d'autre de ma tête et me fixa de son regard perçant. Mes yeux ne voulaient plus quitter les siens et mon corps ne répondait plus, comme s'il appréciait d'être emprisonné par Jason. Plus rien excepté nous deux n'existait. J'avais même oublié que j'étais nue devant lui.

Attendez une seconde, mais j'étais nue ! La réalité me frappa au visage comme si je venais de recevoir un ballon de basket en pleine face. Je me secouai violemment la tête afin de reprendre un peu de contenance. Je n'aimais pas du tout l'effet qu'il avait sur moi, ça me faisait perdre tous mes moyens et je détestais ça. Je le vis m'observer d'une manière étrange. Il devait me trouver vraiment très bizarre, mais en même temps je l'étais. Néanmoins, ça ne devrait plus le surprendre depuis le temps qu'on se connait. Je sais que je suis partie pendant trois ans, mais une fille comme moi, ça ne s'oublie pas !

- Pourquoi paniques-tu comme ça ? me demanda-t-il en abaissant son regard vers ma poitrine.

J'avais réussi à oublier l'objet de ma gêne et il venait de me la rappeler en même pas deux secondes. Génial ! 

Je m'accroupis affolée et enfouis ma tête dans le creux que formait mes jambes. Je ne voulais plus croiser son regard, au risque de m'y perdre encore une fois et de lui laisser le luxe de me mater. Je l'entendis soupirer. Il me souleva alors sans peine et me jeta avec violence sur mon lit.

- Non mais tu es complétement malade !

Il était debout, devant mon lit et me reluquait à présent sans gêne, mais j'étais tellement énervée que je ne pensais même plus à me cacher. Je suis très contradictoire en fonction de l'émotion que me domine.

- C'est quoi cette façon de traiter les gens ! Et puis on ne s'incruste pas chez quelqu'un, qui plus est en pleine nuit, sans y avoir été invité au préalable !

- La ferme.

- Pardon ?

Je ne comprenais pas ce soudain changement d'attitude. Il y a à peine quelques instants, il était calme et usait d'humour, et maintenant il était froid et violent. Ce mec avait vraiment un problème, c'était à n'y rien comprendre. J'avançai vers lui, puis me levai afin de le surplomber. Le problème c'était qu'il était tellement grand comparé à moi que je ne le dépassais que d'une demi-tête.

- Écoute-moi bien Jason, je n'ai aucune envie de devenir l'une des vôtres !

- C'est trop tard, tu l'es déjà, me fit-il remarquer d'un ton neutre, sans émotions.

- Je veux que vous me débarrassiez de ça !

- De quoi tu parles ?

- De cette malédiction de loup-garou !

Jason soupira et ferma les yeux un instant avant de les rouvrir brusquement.

- C'est malheureusement impossible. Tu seras un loup-garou à vie.

- Quoi ?

Cette nouvelle me terrassa. Je m'écroulai sur le lit et des larmes commencèrent à perler aux coins de mes yeux. Je savais que venir ici était une mauvaise idée, ma vie était fichue.

- Je suis devenue un monstre... murmurai-je entre deux sanglots.

- Arrête un peu de t'apitoyer sur ton sort et sois à vingt heures chez moi demain, aboya Jason.

- Je retire ce que j'ai dit, c'est toi le monstre.

Je vis sa mâchoire se contracter. Il serrait les poings pour se contrôler. Ses yeux étaient légèrement devenus noirs.

- Contente-toi d'être là demain. Et ne m'oblige pas à venir te chercher, tu risquerais de le regretter.

Il s'éloigna de mon lit et sauta par la fenêtre. Je ressentis un petit pincement au cœur quand il partit, mais je me ressaisis bien vite. Il semblait être devenu encore plus odieux qu'auparavant. Le côtoyer ne m'enchantait guère, ainsi décidai-je de ne pas me rendre à son rendez-vous, à mes risques et périls comme on dit.

Je mis un autre de mes pyjamas, l'autre étant fichu à cause de ma transformation et me couchai, souhaitant oublier l'espace d'un instant cette horrible nuit. C'est rapidement que je m'endormis.

Wolves War : Retour aux sourcesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant