Chapitre 9 ✔

6.8K 478 0
                                    

Jason s'avança vers nous, sans nous lâcher du regard.

- Tu le connais ? me chuchota James à l'oreille.

- Malheureusement oui... lui répondis-je d'une voix ironique.

Je m'avançai vers un Jason furieux qui s'arrêta net quand j'arrivai à sa hauteur. Il avait les sourcils froncés et me regardait d'un air très effrayant. Ses yeux viraient instantanément du vert au noir, ça ne me disait rien qui vaille. Si l'un des deux autres le remarquait, ils allaient trouver ça bizarre et ils allaient commencer à poser des questions auxquelles je n'avais aucunement envie de répondre. Déjà, je n'étais pas très calée en matière de loup-garou, et puis je n'avais pas très envie de leur expliquer que j'avais failli mourir la veille... 

En tout cas, Jason n'avait vraiment pas apprécié que je lui pose un lapin on dirait. Je pris mon courage à deux mains et m'élançai :

- Je suis vraiment désolée. Je comptais vraiment venir tu sais, mais je n'ai pas fait attention à l'heure, mentis-je.

- Mentir n'arrangera pas ton cas, m'informa-t-il en posant son regard sur moi.

Au moment où je comptais répliquer, mon cerveau se bloqua sur ses yeux. Ils étaient absolument magnifiques. Quand je les regardais, je me sentais comme coupée du monde. Je n'arrivais pas à comprendre comment de simples yeux pouvaient autant me subjuguer et provoquer un tel effet sur moi. Je ne réagis même pas lorsque je sentis une main chaude se poser sur mon épaule. Je devinai sans mal qu'elle appartenait à James. J'entendais sa voix me parler, mais j'étais tellement obsédée par les yeux de Jason à cet instant précis que je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il me disait.

Le fait que j'ignore complètement James semblait faire plaisir à Jason qui plus est. Ses yeux avaient repris leur teinte originelle, ses muscles se détendirent peu à peu et son souffle saccadé reprenait son rythme habituel. Il esquissa un petit sourire, ce qui me fit littéralement fondre. Je n'avais jamais vu cet homme sourire, comprenez-moi ! Jason enveloppa ma main dans la sienne, ce qui m'envoya des petites décharges agréables dans tout le corps. Je ne comprenais pas l'effet quasi irréel qu'il avait sur moi. Je l'avais toujours trouvé beau et attirant, mais jamais à ce point-là ! Même quand je l'avais revu la première fois, quand j'étais à l'agonie, il ne m'avait pas fait autant d'effet ! Ou alors j'étais tellement dans le mal que je n'arrivais pas à ressentir quoi que ce soit à son égard, si ce n'était de l'énervement. C'est aussi une option envisageable.

Jason me souleva soudainement et me posa sur son épaule, me portant comme un sac à patates. Cette situation me rappelait grandement la nuit dernière au moment où Kane m'avait enlevé. Un frisson de peur s'empara de mon corps. J'avais l'impression que l'adrénaline passée, les répercussions de mon enlèvement se faisaient à présent ressentir. J'avais été enlevé et j'étais un loup-garou. Je ne m'étais pas encore sérieusement penchée sur la question, je préférais oublier, continuer ma petite existence sans en prendre réellement conscience. Il a suffi d'un simple geste pour que la réalité me frappe littéralement au visage. C'était comme se prendre un sceau d'eau glacé en pleine face pour se remettre les idées en place. Désagréable, mais efficace.

- Pourquoi as-tu peur ? me demanda soudainement Jason avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

Il avait vraiment l'air inquiet, ou alors il était tout simplement un très bon acteur.

- Euh... Rien...

Je n'arrivais même plus à parler.

- Réponds à ma question, insista-t-il.

- Tu veux savoir pourquoi elle a peur ? s'emporta James. C'est toi qui la terrorise crétin !

Il ne sait pas dans quel pétrin il s'est mis celui-là ! Si je savais bien une chose sur Jason, c'était qu'il ne fallait surtout pas lui parler sur ce ton. Il avait toujours tendance à s'emporter très vite lorsqu'il était contrarié ou très énervé. Même s'il s'était légèrement calmé depuis qu'il était arrivé, une parole mal placée pouvait le faire vriller. 

Jason me lâcha brusquement et mes fesses entrèrent douloureusement en contact avec le sol. Décidément, Jason et la douceur, c'était comme la lune et le soleil, ils n'étaient pas destinés à se rencontrer.  

Ce dernier s'avançait dangereusement vers James, comme s'il était prêt à en découdre avec lui. 

Voilà, il part en vrille !C'est ce que je disais ! On ne m'écoute jamais de tout façon ici ! Enfin, ce n'est pas comme si j'avais partagé mes conseils de vive-voix après tout...

- Tu es un étranger, donc ne te mêle pas de nos affaires, lui cracha-t-il au visage d'une voix sombre et menaçante.

- Je suis peut-être un étranger pour toi, mais pas pour elle ! rétorqua James d'une voix tout aussi pleine de défis

J'avais mal aux fesses et j'avais des envies de meurtre contre une certaine personne pour m'avoir lâché comme ça, mais j'en fis abstraction pour le bien de tous. Je me relevai rapidement pour m'interposer entre les deux hommes. J'étais dos à Jason et face à James. Ce dernier me regardait avec étonnement.

- Que fais-tu ? Tu le défends ? me cracha-t-il méchamment au visage.

- Je ne défends personne, j'essaye juste d'éviter que tu te fasses tuer espèce d'imbécile ! m'énervai-je.

- C'est très gentil de t'inquiéter pour moi chérie, mais je sais me défendre.

Je me crispai à ce surnom. Comment pouvait-il se permettre de m'appeler ainsi ? Nous n'étions que collègues ! Et dire que j'étais presque prête à coucher avec lui il y a encore quelques instants. Finalement, heureusement que Jason était venu, parce que j'allais commettre une erreur monumentale ! Je gardais une relation cordiale avec James car il travaillait dans la même société que moi, sinon j'aurai coupé tout contact avec lui. Il devait certainement penser que je voulais renouer avec lui étant donné que j'étais rentrée dans son jeu tout à l'heure. Je regrette énormément de m'être aventurée sur ce sentier sinueux, mais je me sentais tellement seule et désespérée que j'aurais même été contente de revoir ma patronne ! Et Dieu sait comme je la déteste à présent !

Bref, il est grand temps que je remette ce petit New-yorkais à sa place :

- Jason a raison sur un point James, cela ne te concerne pas.

- Mais...

- Il n'y a pas de mais ! le coupai-je. C'est une affaire familiale, point.

- Très bien, si tu le préfères lui, murmura-t-il avant de se détourner pour rejoindre Emy qui regardait la scène avec une incompréhension totale depuis tout à l'heure.

J'avais pu voir au regard de James qu'il était déçu de ma décision, mais ce qu'il ne comprenait pas c'est que je venais d'éviter qu'il finisse à l'hosto ! Il devrait plutôt me remercier au lieu de faire la gueule comme un gamin de quatre ans ! De toute façon je n'avais aucun compte à lui rendre.

- Allons-y, m'ordonna Jason.

- J'arrive, une seconde.

Je sentais bien qu'il était à bout de nerf, mais il me laissa tout de même me diriger vers ma meilleure-amie pour lui expliciter un peu la situation. 

- Mes problèmes familiaux m'ont rattrapé. Je vais régler tout ça et je reviens.

- Très bien, je te fais confiance. Fais attention.

- Promis à plus tard.

Je rejoignis ensuite Jason et nous quittâmes ensuite cet hôtel où l'atmosphère était devenue plus que lourde.

Wolves War : Retour aux sourcesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant