Chapitre 22 ✔

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Je me réveillai de nouveau dans le lit de Jason, mais cette fois-ci j'étais seule. Je m'étirai en baillant et remarquai que le soleil était déjà haut dans le ciel. Je me levai et vis que des habits étaient disposés sur le lit. Il y avait un short et un tee-shirt. Je m'empressai d'enfiler les deux. Je ne savais pas depuis combien de temps je dormais, mais j'avais sûrement raté tout un tas de chose.

- Emy ! m'écriai-je alors.

L'espace d'un instant, ma meilleure-amie m'était complètement sortie de la tête.

Mais qu'elle amie indigne je suis !

Je sortis en trombe de la chambre et ma tête fut assaillie par diverses bribes de phrases. J'entendais plein de voix dans ma tête, qu'elles soient féminines ou masculines. J'avais l'impression d'avoir des bourdons qui se cognaient les uns contre les autres dans ma cavité. J'étais tellement sonnée que je ne vis pas les escaliers devant moi.

Je tombai la tête la première en faisant des roulades digne d’un cartoon avant d'arriver par terre dans une position plus que ridicule. J'avais vraiment l'impression d'être dans un de ces dessins animés pour enfant où les personnages se cassent tout le temps la gueule. Sauf que contrairement à eux, je ressentais de la douleur moi ! Mes nouveaux bleus pouvaient aisément en témoigner.

- Luana ! s'écria une voix féminine que je connaissais bien.

Je relevai la tête et croisai le regard ému de ma mère. Elle avait les larmes aux yeux. Elle se précipita vers moi, m'aida à me relever et me prit aussitôt dans ses bras. Je sentais moi-même des larmes perler au coin de mes yeux.

- Ma chérie, tu m'as tellement manqué ! me susurra-t-elle dans le creux de mon oreille.

- Toi aussi maman. Je suis désolée, pour tout, murmurai-je aussi émue qu’elle.

Elle mit fin à notre étreinte et prit mon visage en coupe pour me regarder.

- Regarde-toi, tu es devenue une belle jeune femme en l'espace de trois ans, me complimenta-t-elle.

Contrairement à moi, ma mère, elle, n'avait pas beaucoup changé. Elle avait toujours les mêmes cheveux brun foncé qui lui arrivaient aux épaules et ses yeux vert sapin, dont mon frère avait hérité, se noyaient dans un torrent de larmes. Elle avait la peau bien bronzée, comme tous les habitants de cette île et paraissait n'avoir qu'une trentaine d'années alors que je savais pertinemment qu'elle en avait la quarantaine passée.

- Tu nous a manqué, s'approcha mon père.

Il ressemblait beaucoup à Kai mais en plus vieux. Ce qui les différenciait, c’était leurs yeux. Mon père avait les yeux marrons très foncés.

- Contente de te revoir parmi nous fillette, m'annonça mon grand-père.

Il était aux côtés de Dora, je pouvais lire dans ses yeux la joie qu'il avait de me revoir. Je m'éloignai alors légèrement de ma famille et les regardai tour à tour avant de me lancer.

- Je tenais à m'excuser pour être partie de façon si abrupte. Je comprends mieux pourquoi vous avez tenté de me cacher votre monde. Pour l'humaine que j'étais autrefois, c'était un monde bien dangereux. Vous teniez simplement à m'en protéger, merci beaucoup.

- Nous sommes si heureux que tu ne nous en veuilles plus. Nous nous sommes sentis si coupable pendant tout ce temps, m'expliqua ma mère en pleurant.

La voir ainsi me déchirait le cœur. Je la pris donc dans mes bras et tout le reste de la famille se joignit à notre étreinte.

- Je ne vous quitterai plus jamais, c'est promis, affirmai-je.

- De toute façon, tu n'as plus vraiment le choix maintenant, déclara Jason, assis sur le canapé du salon.

Toujours en train de gacher l'ambiance lui...

Il était en train de lire le journal en buvant ce que je devinai être du café. Il leva les yeux de son bout de papier et planta son regard dans le mien.

- Tu n'entends plus les voix dans ta tête depuis ta chute, n'est-ce pas ? me demanda-t-il soudainement.

- Tiens c'est vrai ça, remarquai-je.

Mon père se dirigea brusquement vers Jason, d'un pas lourd. Il paraissait énervé. Il l'attrapa par le col de son tee-shirt avant de sortir les crocs. Je savais qu'il était un loup-garou, mais le voir partiellement transformé, c'était étrange. Il allait me falloir un peu de temps pour m'y habituer.

- Ne me dis pas que tu as marqué ma fille ! s'emporta-t-il.

- Vous êtes quelqu'un de bien Liu, mais je vous rappelle que je suis votre Alpha.

Jason prononça ces derniers mots avec autorité, tout le monde dans la pièce baissa la tête et mon père lâcha mon âme-sœur.

- Pour répondre à votre question, reprit-il. Oui je l'ai marqué. Elle m'est destinée depuis toujours. J'ai attendu patiemment pendant plusieurs années afin de l'avoir, ce qui est fait est fait.
Mon père était enragé, je ne l'avais jamais vu comme ça. Il serrait les poings de toute ses forces et se retenait visiblement de donner une bonne droite à mon âme-sœur. Ma mère s'approcha alors de lui et l'étreignit par le dos pour le calmer.

- Chéri, ça ne sert à rien de défier l'Alpha. Il l'a marqué et nous ne pouvons rien y faire. Nous devons déjà être satisfaits que notre fille soit revenue dans notre vie saine et sauve.

- Tu as raison Kora, finit-il par dire en soufflant.

- Si ça peut vous rassurez, j'étais consentante, intervins-je. Mais pour être honnête, je ne sais pas vraiment ce que ça signifie.

- Jason t’a marqué en te mordant. Tu fais officiellement partie de la meute à présent. Tu en es même devenue la Luna, m'expliqua Dora.

- Je vois, répondis-je en me remémorant ma conversation avec ma grand-mère sur la hiérarchie des meutes.

- Si tu n'entends plus de voix, c'est parce que je les ai bloquées pour toi, reprit Jason. Mais tu vas devoir apprendre à le faire seule. Ce n'est pas très complexe de bloquer le canal de meute.

- C'est quoi ? demandai-je alors perdue.

- Le canal de meute permet de parler par la pensée aux autres membres de la meute. C'est très utile sous forme lupine.

- Mais pourquoi je pouvais te parler avant alors ? Tu sais, quand je ne faisais pas encore vraiment partie de la meute.

- On utilisait un canal privé, le canal des âmes-sœurs. Comme tu n'es pas expérimentée, je peux entendre toutes tes pensées loufoques.

- Si mes pensées ne te plaisent pas, encore une fois, évite de les écouter ! m'emportai-je.

Tout le monde se mit à rire et ma grand-mère s'approcha de moi.

- Je t'apprendrai à bloquer tes pensées en temps venu, m'informa alors Dora.

- Merci et une dernière question.

Je marquai un moment de pause, le temps que tous se concentrent sur moi et je repris.

- Pourquoi j'ai réussi à communiquer par la pensée avec mon frère lors du sauvetage d'Emy ?
- La réponse est dans ta question, me fit remarquer ma mère. Vous avez utilisé le canal fraternel.

Une vague d'émotion me submergea. C'est parce que nous nous considérons tous les deux comme frère et sœur que nous avons pu parler par l'esprit. C'est grâce à ça que j'ai appris que lui et Emy…

Mon dieu Emy !

- Où est Emy ? demandai-je complétement paniquée. 

- Elle est dans la maison de Kai, m'informa Jason, ce qui me rassura aussitôt.

- Je dois la voir tout de suite, les informai-je.

- Je crois qu'elle en a besoin, affirma ma mère.

J'acquiesçai et me dirigerai en courant vers la maison de mon frère. J'ouvris la porte sans toquer et vis Malia descendre les escaliers en pleurant.

- Euh... Tout va bien ? lui demandai-je, surprise de la voir dans cet état.

- Non ça ne va pas ! Et tout ça à cause de ta nouvelle meilleure-amie ! me hurla-t-elle dessus.

- C'est-à-dire ? demandai-je complétement perdue.

- Ils te feront une joie de te l'annoncer !

- Tu devrais te calmer et m’expliquer ce qui ne va pas, lui dis-je en m’approchant doucement d’elle.

- Ne me touche pas !

Malia me fixait avec colère et haine. Je ne l’avais jamais vu dans un état pareil de toute ma vie.

- Quand tu es partie, reprit-elle, j’étais dévastée. Tu étais ma meilleure-amie, ma confidente, mon pilier ! Après ton départ, je n’ai jamais cessé de croire que tu reviendrais. Mais quand tu es enfin revenue, ce fut la douche froide, tu as tellement changé ! Tu m'as remplacé, puis oublié et je compte bien faire pareil. Pour moi, dès à présent, tu n'existes plus ! me cracha-t-elle au visage.

Elle se dirigea ensuite vers la porte d'entrée et la claqua aussi fort qu'elle le put. J'étais totalement décontenancée et je me sentais coupable de l'avoir mise de côté. Elle a essayé de reprendre le contact, de renouer avec moi, mais je l'ai rejeté comme une moins que rien. Je n’avais pas vraiment assuré sur ce coup-là…

Je soupirai en gravissant les escaliers pour rejoindre la chambre de mon frère où l'odeur d'Emy était très forte. Je devais régler un problème à la fois. D'abord, je devais vérifier comment allait Emy. J’irai ensuite m'excuser de mon comportement auprès de Malia.
J'ouvris la porte de la chambre et me pétrifiai devant ce que je vis. De tous les scénarios possibles et inimaginables, je n'avais pas vraiment envisagé celui-ci...

Wolves War : Retour aux sourcesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant