Chapitre 8

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PDV Anna

Son haleine mentholée m'ensorcelle, et je perçois même une odeur de tabac qui me rappelle le jour où je l'ai vu au café, pour la première fois, en train de fumer. Son regard chaud et pétillant d'une lueur que je n'arrive pas à percevoir suffit pour que je ferme les yeux lors d'un temps passant presque au ralenti. Tout ça sans même m'en rendre compte... 

... mais je suis soudainement secouée par ma raison qui m'hurle d'arrêter, tout en affichant le visage de quelqu'un dans mon esprit ; Raph !

C'est comme si on venait de me jeter un seau d'eau froide en pleine figure, et c'est instantanément que ma main vient se poser sur ses lèvres avant qu'elles n'atteignent les miennes. Leur texture douce et humidifiée sur la paume de ma main me fait tilter un instant, mais je me reprends rapidement en main. Je me redresse soudainement, et c'est avec surprise que mon dos se heurte au dossier. Je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais avancée vers lui. Après m'avoir lancé un dernier et étrange regard, lui aussi reprend sa place initiale.

— Je... mais t'es malade ou quoi ?! lui demandai-je incrédule.

Il éclate de rire, et je rougis tout en plaçant maladroitement l'une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille.

— C'est bon tigresse, je ne faisais que te montrer ce que tu m'as demandé.

— Je ne t'ai rien demandé ! Je voulais seulement que tu me dises ton idée, qui s'avère être très stupide !

Je me tourne subitement pour voir le groupe de fille, et suis soulagée de constater qu'elles n'ont rien remarqué.

— En plus, si elles nous avaient vus... nous embrasser, elles auraient lancé un scandale sur moi. Vu que je suis en couple.

Un instant, je me demande ce qui se serait passé si je l'avais laissé faire. Si je ne l'avais pas arrêté. Juste le fait d'imaginer ses lèvres sur le grain de ma peau me fait tressaillir... Arrête Anna !

— Et alors ?

— Comment ça "et alors" ? T'es sérieux ?

— C'est bon, ce n'est rien qu'un baiser.

— Oui bien sûr, ce n'est rien. Va dire ça à mon copain, il te tuerait.

Sans que je ne comprenne pourquoi, il rigole à gorge déployée. J'ai dit quelque chose de drôle ?...

— Tu crois ? me demande-t-il entre deux éclats de rire.

— J'en suis sûre.

— Pff. T'as vraiment cru que ton petit bourgeois oserait me frapper ? Il n'arriverait même pas à toucher l'un de mes cheveux. Le pauvre, il se casserait un ongle, et je l'aurais déjà mis à terre.

Il rigole encore, et je sens le rouge me monter aux joues. Pas à cause de la gêne, mais à cause de la colère. Se moquer de moi est encore quelque chose que je tolère, mais pas se moquer de Raph. Alors que je m'apprête à rétorquer, mes yeux se posent sur son sac d'entraînement...

... ouais, je ferais mieux de me taire.

En dehors de ça, je me demande ce qu'il a réellement dans le cerveau. Le fait que je sois en couple n'a l'air de lui faire ni chaud ni froid, et ça m'inquiète.

— Non mais sérieux, il t'est passé quoi dans la tête pour que tu puisses... enfin, que tu veuilles... enfin pas vraiment ! Je veux dire que tu te mettes à -presque, m'embrasser ?!

— Tu le sauras bien rapidement.

Son ton empli de bien des sous-entendus me laisse toute chose. Je me secoue la tête, et me rends compte que deux arrêts sont passés. Le groupe de filles est également parti. Deux arrêts restant maintenant, respire Anna... J'ai l'impression qu'il s'agit du trajet le plus long de ma vie.

DARK Love - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant