Chapitre 18

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PDV Anna

— La molécule d'immunoglobuline est très volumineuse, 1 336 acides aminés, et c'est un dimère dont chaque monomère est constitué d'une chaîne lourde appelée H, de 440 à 450 acides aminés environ, et d'une chaîne légère appelée L, de 200 à 220 acides aminés environ. Ces chaînes sont organisées en domaines...

Bla-bla-bla... Mes yeux fatiguent tellement que je ne parviens presque plus à voir mon écran d'ordinateur clairement, même avec mes lunettes qui renforcent mon allure de "nerd". Je finis par refermer le claper de mon Mac, et sors mon vieux téléphone, histoire d'enregistrer le cours de "Monsieur-le-professeur-chiant". Je n'aurais qu'à retravailler dessus une fois rentré chez moi.

J'écoute donc d'une oreille le cours du professeur qui a l'air de se speeder comme jamais. Je sors mon petit carnet, et gribouille dessus. Je laisse mes pensées s'évader vers je ne sais quoi, quand subitement, je repense au déjeuner que j'ai partagé avec Dean.

Ah Dean Gonzalès, quel personnage...

Je ressasse les conversations que nous avons partagées, et mes sourcils se froncent lorsque je me rappelle ses nombreuses "crises de bipolarité", ai-je envie de dire. Quelques fois, il peut vraiment être compliqué à suivre... Il passe de "l'ami supportable et plutôt sympa", au "mec hyper susceptible et énervant". Je n'arrive jamais à anticiper ses réactions, ou même à comprendre ce qui pourrait le mettre dans de tels états. Mais avec un homme comme lui, c'est limite mission impossible.

N'ayant rien d'autre à faire, j'essaye de me rappeler ses moments de bipolarité, et de découvrir ce qui l'énerve... Ou plutôt, ce qui pourrait potentiellement se cacher en lui, tant que j'y suis. Ma déesse intérieure se réveille donc en un sursaut à l'entente de mes sournoises pensées, excitée comme une puce. De son côté, ma conscience nous regarde de loin, les bras croisés et le regard méfiant. Je sais que ma curiosité peut quelques fois dépasser les bornes, mais mettons ce moment d'extrême curiosité sur le cas de l'ennui.

Je me rappelle donc son agacement extrême lorsque je l'ai questionné sur la pire chose lui étant arrivée dans la vie. Ou bien lorsque je l'ai questionné sur sa vie en général, sur son pays d'origine. Apparemment, il ne semble guère apprécier de bavarder sur son passé... Mais pour quelles raisons au juste ?

"— Pourquoi tu as quitté le Porto Rico ? C'est un chouette pays pourtant ?

— Bah, ce n'est pas si "chouette" que ça."

Tant de sècheresses dans ses paroles, lorsqu'il parle de son pays d'origine... C'est bizarre. Mes sourcils se froncent, et je constate ensuite que mes mains dessinaient sans même que je ne m'en rende compte le prénom de Dean, ainsi que le tatouage se trouvant sur les phalanges de ses mains, c'est-à-dire "DARK LOVE". Je me dépêche donc de déchirer la feuille, et de la rouler en boule avant de la fourrer dans les tréfonds de mon sac. Je lance quelques regards paniqués aux alentours, histoire de voir si personne ne vient de voir ce que je viens d'écrire... mais c'est tout bonnement pathétique. Non, je suis pathétique. Un coup d'œil vers ma droite m'indique avec soulagement qu'Élisa ne me prête pas attention. Elle reste concentrée sur son cours. C'est assez rare venant d'elle, en vue de sa curiosité peut-être un peu plus excessive que la mienne. En la voyant si sérieuse, une boule de culpabilité me monte doucement dans la gorge. En médecine, c'est plus la compétition qu'autre chose. Et au lieu d'étudier, j'enquête sur un mec tatoué, percé, mystérieux, et légèrement bipolaire sur les bords...

Et qui veut coucher avec toi ! s'écrie avec enthousiasme ma déesse intérieure qui porte étrangement un t-shirt "DEAN".

Je lève les yeux au ciel, et sors une nouvelle feuille afin de continuer à suivre le cours. Je note quelques lignes, mais la fatigue me retombe encore une fois dessus. Et la curiosité est toujours présente, un peu trop même.

DARK Love - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant