Chapitre 35

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La brûlure se calme peu à peu, il ne reste qu'à constater les dégâts. Son avant bras c'est totalement désintégré et l'os dépasse des restes de son bras. Elle se met à pleurer...doucement, comme un souffle imperceptible. Elle se recroqueville sur elle même tenant ce qu'il reste de son bras contre elle.

*-Tiens...mais ce ne serait pas dame Ayssiria que voilà? Que t'arrive t'il mon enfant?* murmure la voix d'un des fantômes.

Une tête apparaît à travers le sol et elle reconnaît Lourien. Elle se redresse légèrement et lui dit :

*-Je viens de...je me suis...je suis définitivement morte...*

Elle se met à pleurer de plus belle. Le fantôme sort du sol complètement et pose sa main contre son flanc.

*-Rassurez vous...vous n'êtes pas encore morte...on ne vous voit pas au travers...*
*-Un loup qui ne peut plus se déplacer et qui est physiquement réduit est un loup mort...Je vais me faire tuer...*
*-Que racontez vous...n'oubliez pas, vous êtes un elfe avant tout...*

Elle se remet en boule et se serre de plus en plus.

*-D'accord...vous êtes autant des deux...mais un...*
*-Un elfe à qui il manque un bras, ça fait tâche sur le tableau!*

Le fantôme paraît surpris mais il comprend ce que la louve tente de lui expliquer.

*-Vous avez tentez de sauver le roi de sa malédiction?...Vous vous êtes confronter à Urgost, le souffleur de feu?...vous êtes complètement folle!...Montrez moi votre bras...*

Sans rechigner, la louve se redresse et lui montre les restes encore fumant de son membre supérieur. Il l'observe attentivement se plongeant dans ses réflexions puis soudain son visage s'éclaire.

*-Vous pouvez encore faire repousser votre bras...*
*-Et comment?*
*-Il suffit de parcourir la Terre du Milieu et au-delà pour rencontrer les Valars et les Maiars. Ils vous aideront...*
*-Mais je ne veux pas...*
*-Libre à vous de vouloir ou non retrouver l'usage de votre bras.*

Sur ces mots, il disparaît dans les profondeurs du sol, laissant la louve seule. Elle rumine les paroles de l'esprit puis en convient qu'il n'a pas totalement tort. Elle tourne la tête vers le roi et constate qu'il est immobile depuis assez longtemps. Elle en déduit qu'il s'était assoupi entre temps. Avec la discretion du loup, à pas silencieux, elle sort du mur et se faufile vers le bureau du roi. Elle en sort une page blanche où elle griffonne quelques mots. Elle replit le papier et le glisse dans les pans de la cape du seigneur des elfes. Puis, guidée par son instinct sauvage, elle s'enfuit dehors, dans la nuit, vers le lointain et au-delà, loin du royaume de Thranduil. Il est difficile de courir longtemps sur trois pattes ce qui ralentit considérablement sa course. Mais elle ne s'arrête pas. Tranduil, quant à lui, ne dormait pas comme elle le pensait. Il l'avait vu se glisser dans son bureau et revenir pour dissimuler cette page dans sa cape. Il l'avait vu partir vers les profondeurs de la nuit. Il prend un temps après son départ puis se relève et saisit la page blanche délicatement pliée. Il la déplie avec précaution et lit :

"Je ne m'enfuis pas, je pars
Retrouver quelque part
Un bout de moi perdu à jamais
Que l'on pourra me redonner.

Ne m'attendez pas,
Je ne reviendrai peut être pas
Mes pas me guideront
Même lorsque les Étoiles s'éteindront.

C'est avec le sang de mes mots
Que je pars éteindre mes maux
Aux confins des Terres
J'errerai solitaire.

Ne tentez pas de me suivre
Je regoûte à l'air libre
Le loup retourne à sa Nature
Et détale vers son futur.

Sachez que je vous aimais
Malgré tout les secrets
Mais, je sais c'est douloureux
Je m'en vais, Adieux."

Il relit les quelques vers de la jeunes elfige et fronce les sourcils. Ses lèvres se tordent en une moue douloureuse. Dans un geste souple et faisant voler sa longue cape rouge, il part dans ses appartements. Sans attendre plus longtemps, il revêt sa tenue de voyage et saisit son épée elfique qu'il attache à sa ceinture. À son tour, il laisse un message à son peuple, désignant un roi de substitution pour une durée indéterminée. Il se dirige vers les prés où dorment les Princes des plaines, ces étalons autant gracieux que rapide. Il en choisit un noir qui sera bien plus discret par sa couleur qu'aucun autre. Il le prépare et monte sur son dos, se lançant à son tours à travers les bois pour tenter de rattraper la louve. La lune est haute dans le ciel. Les deux êtres, séparés par la distance, poursuivent leurs course dont les buts finaux différent, sous le regard tendre et bienfaiteur de l'astre de la nuit, resplendissant de mille feu, étalant sa couleur argent sur le sentier emprunté. Malgré les difficultés liées à sa perte d'équilibre, la louve tombe et glisse sur quelques mètres avant de se relever et de s'ébrouer pour faire partir la poussière de sa fourrure noire aux reflets bleutés. Elle inspire et expire profondément et ouvre les yeux, tout en constatant que seulement une dizaine de mètres la sépare de l'orée de la forêt et par ce fait, du royaume des elfes sylvestres. En quelques enjambées, elle franchit la distance. La voilà maintenant, courant dans la plaine plate, totalement à découvert.

-AYSSIRIAAAAAA!

Elle entend son appel mais ne s'arrête pas. Elle ne regarde pas vers l'arrière, se concentrant sur son point d'arrivé. Elle croyait qu'il resterait dans ses cavernes...jamais elle n'aurait pensé que le roi la suivrait aussi loin. Mais elle est arrivée là et elle ne fera pas demi-tour même pas pour lui. Une larme coule sur sa joue lupine et s'envole derrière elle. Elle est trop loin maintenant pour que le roi, même sur le dos de l'équidé, puisse la rattraper. Dans son élan, elle grimpe sur un monticule de rochers et se stoppe pour regarder vers la forêt. Alors elle jette sa tête en arrière et hurle son chant d'adieu envers son unique et seul amour. Puis, sans rien rajouter de plus, elle disparaît derrière les rochers, poursuivant sa course vers sa destination incertaine, sans attendre le roi...son coeur se déchire lentement et elle pleure tout en continuant sa course...

À Suivre...


Marche Sous la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant