CHAPITRE XII

759 54 7
                                    


- Garçons ! Il serait temps de faire notre première fille perdue !

Je repense à ce qu'il a prononcé tout à l'heure.
J'ai concrètement l'impression qu'il l'a fait exprès pour que je perde. Mais que je perde quoi ? Quel est vraiment ce jeu pervers ?  Plus j'y réfléchis, plus il m'apparaît qu'il a la volonté de me détruire. Enfin j'en sais rien. J'ai peut-être l'esprit trop déplacé.

Naturellement, pour faire partie de sa secte, il y a des épreuves. En tout cas Dylan m'a dit que ce n'était pas quelque chose de facile. Il faut d'abord savoir faire survivre à une chasse à l'homme.
La chasse à l'homme, comme son nom l'indique, c'est un "jeu" ou les gamins essayent de m'attraper dans un temps imparti. Morte ou vive. Je dois survivre durant une nuit. Du coucher du soleil à l'aube.

Bon on peut dire que ça va. Je ne suis pas si anxieuse. Cela peut sembler bizarre mais bon je n'ai jamais eu peur de mourir. Non, j'ai l'appréhension de devenir sa fille perdue. Je ne veux pas devenir son jouet comme tous les autres. D'un autre côté, le devenir permettrait que je sauve les autres. Ainsi je realiserai ma mission.

Bon c'est bon j'ai mon but pour y arriver. Sur ce je me retourne dans mon lit pour tenter de dormir, peine perdue. Ce serai bien que je claque des doigts pour dormir, j'ai déjà essayé, tentative vaine.

Au bout du compte, je me lève et me teleporte à la falaise. J'adore cet endroit. Le problème c'est que cette fois-ci il y a quelqu'un déjà assis à ma place habituelle. Peter est en tailleur. J'hésite à m'approcher.

- Je t'attendais.

Je prend place à côté de lui, les pieds dans le vide.

- Comment tu savais que...

Il plante son regard émeraude dans le mien avec le plus grand sérieux.

- Tout le monde se trouve exactement là où je veux qu'il soit.

Je fronce les sourcils tandis qu'il regarde de nouveau l'étendue qui reflète la lune.

- Je sais que tu as rencontré Killian.

- Qui ça ?

- Le capitaine crochet.
Tout comme tu cherchais l'île au crâne parce que tu as arrêté de faire ta petite exploration lorsque tu l'as vue.

- Mais comment tu peux savoir ou j'étais ? Personne ne me suivait.

Il m'adresse un sourire en coin.

- Chaque feuille que tu touches, même lorsque tu foules l'herbe, je peux le sentir. Je suis connecté à tout le Pays Imaginaire, puisque je l'ai créée.

- Mais ton pouvoir s'atténue. Je le sais, je l'ai entendue de ta bouche.

On dirait pas qu'il s'attendait à cette remarque car il contracte la mâchoire en deglutissant.

- Je ne vois pas pourquoi je te répondrai, tu n'es pas encor des miens.

- Et je ne le serais jamais.

Il me regarde en arquant son soucils.

- C'est ce que l'on verra.

Je lève les yeux au ciel.

- Reprenons le jeu des vérités.

Je soupire, c'est à moi de répondre et j'ai franchement pas envie qu'il me pose une question dont je devrais repondre avec franchise ce soir.

- Qui t'as délaissé ?

Cette question me fait l'effet d'un poignard. Je ne m'y attendais certainement pas.

- Hum. Cette question est vraiment compliquée à expliquer.

- J'ai tout mon temps. Dit-il en me scrutant.

- C'est en lien avec mes parents. Si je suis orpheline, c'est parce qu'ils n'ont pas voulu de moi je suppose. Je n'ai absolument rien qui ne me rattache à eux. Rien. Quand à j'étais à l'orphelinat, les adultes passaient sans me prêter un seul regard. Là-bas, il y avait une bonne soeur avec qui j'étais proche comme une mère. Du jour au lendemain, elle a été mutée ailleurs. Une fois encor je me retrouvais sans personne. Après j'ai connue Thomas, mon frère de coeur. Alors qu'il volait de quoi se nourrir, il s'est fait attrapé, puis il est mort. J'étais seule.

Durant mon monologue, Peter n'a pas bougé, il écoutait attentivement.

- C'est pourquoi je suis délaissée et perdue. Je ne sais pas ou est ma place dans ce monde immense.

Il me prend la main.

- Je comprends pourquoi tu entends la flute. Je suis sincèrement désolé.

Je retire ma main subitement.

- En fait, je ne comprends même pas pourquoi je t'ai raconté autant. Je suis stupide.

Je me lève pour partir. Il me prend le bras pour éviter que je ne fuis.

- Ce n'est pas si stupide. De toute manière t'avais pas le choix de me raconter sinon tu perdais le jeu.

Je prends son poignet et le fais tomber au sol. Je me retrouve à califourchon sur lui afin de l'immobiliser. Néanmoins, il me sourit, comme fier de moi. Il est vraiment malade !

- Pas mal, ma jolie.

Je sert le poing sauf qu'il disparaît. Rah je l'aurais bien frappé dans sa face celui-là. À la place j'affale mon poing à terre. Il m'énerve. Un jour je vais l'étrangler.

Je repars dans ma cabane et somnole les petites heures avant que l'aube ne pointe ses couleurs.
En me levant, je saute littéralement du lit. Je me teleporte à l'entrée du camps ou la secte au complet m'attend tel le 25 décembre. On dirait qu'ils vont ouvrir leurs cadeaux ma parole. Je crois qu'ils ont sérieusement un problème. Les pauvres, ils en auront certainement des séquelles psychologiques.

Blondinet fait son entrée théâtrale. Il tourne autour de moi avant de prendre la parole.

- Garçons ! Aujourd'hui verra peut-être naître sa première fille perdue.

Tous l'aclame.

- Ma première fille perdue. Me chuchote-il.

Je soupire, lasse.

- Vous connaissez tous les règles, morte ou vive, je veux que vous me la rameniez.
Et toi, tu as jusqu'à la nuit qui tombe pour survivre. Aucune magie bien- entendue.

Je le regarde, faussant l'incompréhension.

- Faudrait-il que tu en sois dotée.

Des rires fusent de l'assemblée.
Bon là je souris intérieurement. Ces chiens va vraiment courir.

- Tu as dix minutes d'avance.

Félix s'approche, consterné.

- Mais d'habitude c'est 5 minutes. Chuchote un peu fort le minou.

- Je préfère trois, ça suffit largement. Je déclare à tous.

Blondie arque un sourcils.

- Fais pas ta grande, Princesse.

Des huées commencent à se faire entendre. Je crois qu'ils sont impatients de mettre ma tête au bout d'un pic.
Le petit chef blondinet est pris de court et est un peu obligé. Dommage pour lui et son autorité de pacotille.

- Je sens que le jeu va vite se terminer. Parfait trois minutes !

Je me mets en position pour courir.

- C'est parti !

CROYANCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant