CHAPITRE LIV

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- Oui. Je tranche.

Il me fait allonger dans les feuilles sauvages rafraîchies par la rosée matinale. La nature est un temple où de vivants piliers où laissent parfois sortir de confuses paroles. L'homme y passe à travers des forêts de symboles qui l'observent avec des regards familiers. C'est ce qui est la jungle pour ce chaman.

Je ferme les yeux tel qu'il me le demande. Soudain, les oiseaux ne chantent plus, le vent ne souffle plus, tous bruit s'arrête.
Rouvrant les yeux et me relevant vite, je regarde autour de moi. Le décor s'efface dans un tourbillon déformant ce qui était mon environnement. Je me retrouve dans une sorte de pièce blanche. En tout cas, il n'y a rien. Ce n'est pas noir. Mais il n'y a pas de haut de bas, pas de sol, pas de mur, rien autour.

- N'aie pas peur.

Je me retourne, un peu en paniquant. Une femme aux cheveux de neige à l'image de sa robe est juste devant moi. Je ne comprend pas. Je suis totalement perdue. Mais où est passé la forêt, le chaman, Neverland ?

- Tu es en état de projection astrale.

Je fronce les sourcils. Elle ne bouge pas les lèvres pour parler. Pourtant, je peux entendre sa voix dans ma tête.

- C'est de la télépathie. Elle me sourit. Je peux entendre tes pensées.

Je regarde de nouveau autour de moi, la lumière est quasiment aveuglante, et en même temps c'est ce qui compose ce rien.

- Nous nous trouvons dans une dimension parallèle que j'ai créé.

- Pourquoi je suis ici ?

Elle me révèle un tendre sourire.

- Je te réponds à ta demande.

Je fronce les sourcils.

- Tu as un choix à faire.

Je me retourne. Elle me désigne les deux portes. L'une est blanche tandis que l'autre est en bois décrépit avec du lierre en dépassant.

- La porte de droite conduit à ta question existentielle de qui tu es et quelle place tu prends au sein de cet univers, pourquoi tu es ici et maintenant.
La porte de gauche te conduit directement au Pays Imaginaire, aussi à des explications sur un choix que tu as précédemment fait qui s'est effacé de ta mémoire. Si tu l'ouvres, cela sauvera ceux que tu aimes et notamment Killian. Aussi, elle te montrera la cause de ce lien avec Peter Pan.

Je déglutis.
Pourquoi devrais-je fais un choix, ce choix horrible et problématique.

- La vie est un mystère qu'il faut vivre, et non un problème à résoudre.

Je me gratte la nuque sous l'effet de l'hésitation. C'est vraiment vicieux de choisir cela. Entre les questions que je me suis toujours posé et sauver les autres.
Mais sans un grand temps de perplexité, je me rend vers la porte de bois à droite. L'ouvrant, de la lumière encor plus éblouissante en ressort. Je jette un dernier regard vers la femme. Elle a disparut. J'avance d'un pas pour tomber dans le vide.

Tout défile. Comme lorsque l'on voit ces flashs à la fin de son existence, dans les dernières secondes avant la mort. 

Il est des mots et des images qui restent gravées à jamais. Comme un album de souvenir, dans ma mémoire ils sont stockés. Certains évoques des moments tendres, d'autres moins doux se font entendre. Mais même dans les moments tristesse. Ce ne sont plus des mots qui blessent. Ils ont perdu leur fils tranchants. Ils ne font plus souffrir autant. Sans doute ai-je assimilé. Toutes ces choses qui font pleurer. Et dans le livre de ma vie. Que je feuillette quand vient la nuit. Je me surprends à constater. Les moments sombres sont fanés. Ils déambulent dans mes pensées. Noyés dans un brouillard épais. Alors que les moments bonheur, eux, ont su garder leur splendeur. Je peux sentir encore la joie. Que j'éprouvais ces moments là. Alors que les douleurs vilaines. Passent par là et puis s'éteignent. C'est un peu comme les nuages. Qui passent sans qu'il y ait l'orage. Ils restent des pages vierges à mon livre. Où j'y mettrais les moments à vivre. Et je sais parce que j'ai appris. Au fil des jours et de ma vie. Que les épreuves qui m'attendent. Viendront aux pages se suspendrent. Et que mes heures de bonheur. Y mettrons leur touche de couleur. Bien plus tard quand je serai vieille, si je le deviens. Ce livre sera ma merveille. Je pourrai venir y relire. Les pleurs de ma vie, et les rires. Avec un air mélancolie, je penserai à ses soucis. Mais avec une grande sagesse. Je savourerai ma vieillesse. Oh oui les peines font grandir. Et font parties des souvenirs. Parce que la vie est ainsi faite. De belle victoires et défaites.

Je me vois tendre ma mains vers cette femme penchée au-dessus alors que j'ai donné ma vie pour mon frère. Les mots qu'elle m'y murmure tournent en boucle dans mon crâne.

"Peter Pan n'échoue jamais".

Je pense que je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire. Peut-être que je ne le serai jamais. Parfois, il y de ces interrogations qui restent coincés, sans aucune solution plausible. Parfois on s'en souvient, comme ils s'échappent.

Peut-être que rien n'a de sens après tout.

Attachante par sa douceur, la vie reste une image sensée. Elle peut être racontée avec bonheur, car l'homme a envie de la savourer. Choix de décider de son chemin, elle nous montre une voie éclairée par delà les longs lendemains. Elle restera là, à jamais. Seule contre la mort, elle se battra jusqu'au bout jusqu'à détendre tous les torts. Pour qu'il n'y ait aucuns dégouts. Fruit d'une juste cause, elle est tout pour eux, pour nous. La vie n'oblige rien, mais ose un avenir très promis. La vie est un long voyage. A travers le temps et l'espace. Qui laisse un lourd passage. Dans ce monde où tout se passe.

- Je venais chercher des réponses. Glissent les mots de ma bouche entre-ouverte.

Elle me sourit, confiante.

- Je suis la réponse.

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