CHAPITRE XXIX

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Je jette mon sac sur mon dos. Prête pour la grande expédition, dont je ne sais à quoi m'attendre. D'après Robin, les marécages de la mélancolie sont redoutables.
Il faut y laisser quelque chose. M'a-t-il dit hier. En marchant, je suis plutôt déterminée à partir de ce maudit endroit que je vomis. Pourtant, je me demande sincèrement ce que je vais devoir y laisser. Cette simple phrase m'a retourné le cerveau. À cause de cela j'étais piquée d'insomnie. Pas facile la vie hein.
Lorsque je pousse la porte vitrée sale, je remarque de suite Robin assit sur une des chaises de son propre bar, en train de boire un café. En vrai, je ne vois même pas la raison que l'un ou l'autre on fait genre à boire une boisson qui n'a pas de goût ni de température. C'est sûrement par simple habitude humaine. C'est stupide.

- Bon, tu viens ?! Je lâche.

Il pose sa tasse sur la table sans prendre soin de la ranger.
Durant le trajet, aucun de nous ne tire un seul mot. Il faut dire que l'on est sur le qui vive.
Tous deux, on regarde l'étendue plate cachée par le brouillard de plomb.

- Prête ?

- Pas le moins du monde.

Il me sourit.

- Moi non plus.

Ainsi, on s'élance, ne sachant pas notre destination. On part à l'aveuglette.
Au début, c'est facile. L'herbe est seulement séchée, avec des cavités ici et là de terre. Toutefois, plus on avance, plus la difficulté se fait ressentir. La boue domine le sol, qui fait place à des sables mouvant épouvantables. Très rapidement, on se retrouve jusqu'aux hanches avec de la gadoue immonde. À chaque pas, je m'enfonce et tente de m'enextirper difficilement.
On ne voit rien des alentours. Avec mon compagnon, on essaie de nous tenir la main, enfin rester en contact physique afin de ne pas se perdre. Nous nous tenons mutuellement pour éviter de trop s'enfoncer. Et plus l'on bouge, plus on est tiré vers le bas.

Soudain, je sens une force me projeter vers l'arrière. Un hurlement retentis. C'est Robin qui est pris dans un de ces pièges. Bientôt, la boue lui arrive à ses épaules.

- Eli ! Vas-t'en ! Crie-t-il quasiment en pleurant.

Je me retourne.

- NON ! Je ne t'abondonnerai pas !

Il tente de lever sa tête pour respirer alors que la boue est en train de l'engloutir. Ça lui arrive à sa tête.
Je regarde autour de moi bien qu'il me supplie de partir.

- Souviens-toi ! Tu dois laisser quelque chose derrière toi.

Je lui tend la pauvre perche.

- Attrape ça. Dis pas de connerie.

Il lève les bras mais n'arrive pas à attraper le morceau de bois.

- On est venu ensemble jusqu'ici. On part ensemble.

Seuls ses yeux bleus sont encor visibles. Il étouffe.
Malgré les dangers, je me précipite tout de même vers lui, me place sur le minuscule îlot de terre grasse. Je me penche vers lui. Dans le liquide pateux, je cherche sa main. Lorsque j'arrive enfin à la sentir, je le tire de toutes mes forces possibles en dehors. Alors que je l'en sort, je m'enfonce au fur et à mesure dans la terre glaise. Quand il arrive à s'en retirer, c'est moi qui est bloquée jusqu'aux genoux.
Robin respire fort et de manière saccadée. Il est totalement recouvert de cette boue informe. Je ne bouge plus afin de ne pas aggraver davantage ma situation. Cependant, ce n'est pas ainsi que le marais a décidé à contrario de ce que j'avais espéré. Comme si on me prenait la cheville, on me tire vers le fond. Quand je crie à Robin de venir m'aider, il tente de me tirer à son tour vers lui mais sans succès. Avec toute la boue qui ma presque recouverte, je n'ai plus la possibilité de bouger mes bras et non plus mes jambes.

- Eli !

Arrivée à ma bouche, je peine à respirer. La dernière chose que je vois, c'est Robin, penché au-dessus de moi en criant mon nom.  Encor une fois je disparaît. Cette fois dans les profondeurs degoutante du monde des Mort.

J'ouvre les yeux pour voir Hades. À peine remise de mes émotions, je soupire en le voyant. Bien évidemment que c'est lui. Il est assis en face de moi sur son trône.

- Ma très chère Elizabeth... cela faisait longtemps que je n'avais pas eu de tes nouvelles. Déclare-t-il.

Je serre les dents.

- Vous avez fait exprès que je ne parte pas !?

Il émet un rire faux.

- Robin des Bois t'avais, il me semble, prévenu. Il fallait que tu  y laisses quelque chose.

- Les règles sont faites pour être brisées.

Il rit de plus belle.

- Je ne te pensais pas aussi naïve. Pouffe-t-il.

Je prends sur moi. Il me fiche une rage qui boue celui-là.

- Tu resteras ici autant de temps qu'il ne le faut.

Non. En fait je le hais simplement.

- Le temps défile dans ton monde. Cela fait environ six ans que tu es là. Mais visiblement, cela ne dpit pas t'étonner vu les marques que tu graves chaque jour sur ton mur.

Je deglutis. Je le déteste. Oui je me répète mais vous n'êtes pas en face de ce gars là.

- Et Robin ?! Laissez-le partir !

On dirait que je viens de lui raconter une très bonne blague.

- Haha... mais il est parti.

Pardon !? Il m'a lâchement abandonné, tel que lui, Hades, mon père.
Non, en fait, non. C'est ce que le maître des Enfers veut que je pense. D'ailleurs, j'aurais certainement agis de la même manière que Robin. En même temps, il aurait pu me laisser pour morte. Malgré que l'on soit aux Enfers, rien n'est exclu de nos jours. Et puis, sa propre vie vaut mieux que celle d'un autre.

En guise de réponse, je hausse les épaules.

- J'aurais fait pareil.

Il fait geste de sa main pour montrer qu'il s'en fiche.

- Par ailleurs... Je te previens qu'il se trouve aux Enfers, un nouveau arrivant.

Je fronce les sourcils. Pourquoi me dit-il cela ?

- Je ne te gache pas cette douce surprise.

Sur ces mots, il claque des doigts.

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