CHAPITRE LVI

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Je me reprends.

- Libère Killian. Je lui lâche.

À son tour, il se reprend, rattachant son masque de malade mentale sur son beau visage.

- Non. Tranche-t-il directement.

Il me fixe de ses prunelles beryles.

- Mais pourquoi ? Je lui demande.

Il deglutit, tentant de garder une constance.

- Il est hors de question. Reprime-t-il.

- Peter ! Pour quelle raison ?!

- Il m'a repris Wendy sans me concerter. Peter Pan ne pardonne pas aussi facilement.

Je lui lance un de ses regards assassins.

- Très bien. Cela fait de nous des ennemis. Je réplique presque en m'étouffant.

- Mais Eli ! Il t'a emprisonné dans son bateau pendant quasiment un an.

Il a les larmes aux yeux. Cela me peine presque de le voir ainsi, mais nous savons bien que lorsque je veux quelque chose, je l'obtiens.

- C'est pas une raison. Tout le monde à le droit à une fin heureuse. Je réprime.

Il fronce ses sourcils, consterné.

- Pourquoi tu es si altruiste avec ceux qui te font mal ? Tu as le droit à ta fin heureuse, Eli.

Je souffle.

- Libère Killian.

Il soupire.

- Je t'ai déjà répondu.

- Parfait.

Je me retourne avant de partir. Avant de partir définitivement, je lui lâche des paroles tranchantes que j'espère qui le feront réfléchir.

- Je n'hesiterai pas de te tuer et tu le sais, Peter.

Sur ces paroles, je quitte le camp. Les garçons se réveillent alors que je pars en direction du camp indien. Je me téléporte dans le tipis du chaman.
Il lève la tête dans ma direction, remarquant mon arrivée.

- Il se souvient.

- Je sais.

J'aquiesce. Je retourne dans ma tente.
Je n'ai pas envie de le combattre. De plus que si il trouve la mort, je place un pied dans la tombe avec lui.
Je m'assois au sol, entourant de mes bras mes jambes repliées.
J'écoute le silence dû à l'heure tardive. Lily entre. Je me prend la peine de lui répondre à son sourire. Elle vient s'assoir à mes côtés.

- Écoute.

Je lève la tête vivement vers elle.

- Tu parles plus ton charabia ?

Elle me sourit face à mon argot.

- Le grand chaman m'a dit que tu comprenais toutes les langues. Tu es doté du langage universel.

- Waouh.

Elle rit.

- Pourquoi tu me disais d'écouter ?

Elle se lève et me tend la main.

- Viens.

Je m'exécute et la suis. Elle me conduit dans la forêt. On s'arrête en plein milieu de nul part dans cet jungle.

- Bah quoi ?

Elle place son doigt devant sa bouche.

- Écoute le vent, écoute la vie autour de toi, sens la nature. Me dit-elle. Que nous devons écouter. Tous les esprits du monde veillent sur toi et vivent dans la terre, l'eau, le ciel et si tu les écoutes, ils te guideront.

Je me retourne vers elle.

- Et ?

- Il suffit d'écouter autour de toi pour avoir des réponses.

Je rigole d'un rire jaune.

- Rien ne peut me donner des réponses à des problèmes si importants. Dis-je amère.

Elle semble déçue.

- C'est pas l'oiseau qui va me dire si je dois tuer mon âme soeur ou non. Je lâche.

Son visage se décompose.

- Toi et tes superstitions ne valent rien. Laisse-moi tranquille au lieu de m'embeter.

Sur ces mots casants, je retourne dans ma tente trop vide, un peu comme mon coeur cassé.
La beance en moi du au déchirement de mon esprit me fait souffrir. Ce n'est certainement pas une douleur physique, certes, sauf que cela me compresse la poitrine. J'ai envie de hurler pour sortir tous mes maux. Le dilemme me fait mal. Tuer ou être tuer. J'eclate en sanglot. Je m'endors avec les larmes séchées collant à mes joues brûlantes.

Je me réveille, peu motivée.
Je repense à hier soir. Comment mes sentiments m'ont brisés ont dû être parce que j'était simplement fatiguée. Je me suis emportée. Il faut que j'aille m'excuser. Me reprendre. Établir intelligemment un plan où personne ne soit tué. Là où je ne perdrai personne. Je jure que personne ne va mourir cette fois-ci. Personne.
Je me redresse et sors de ma tente, déterminée. Je dois me prendre en main. Rien ne doit plus être pareil. Je ne dois pas être si fragile. Qu'est-ce que j'ai pu être faible auparavant.

Sortant de ma tente, les peau-rouges me devisagent un à un lorsque je passe pour traverser le camp. Je ne comprends pas, il veulent mon portrait ?
Enfin, après de longues minutes, je trouve enfin la jeune femme. Quand elle lève son regard brun vers moi, je vois qu'elle n'est plus aussi hospitalière qu'avant. Elle semble m'en vouloir vraiment pour hier soir.

- Elisabeth, que veux-tu ? Me demande-t-elle froidement.

Je cligne des yeux, je n'y crois pas mes yeux. C'est bizarre de la voir ainsi alors qu'elle était si familière avec moi.

- Je... On peut parler seule à seule ? Je lui demande avec peu de constance.

Elle me regarde, hautaine. J'arrête de respirer.

- Nous n'avons pas grand chose à nous dire.

Je fronce les sourcils.

- Mis à part que tu es définitivement exclu de la tribue. Lâche-t-elle enfin.

- Hein ?!

Je suis totalement choquée, statufiée sur place.

- Tu as très bien compris. Je ne veux plus te voir ici.

Je cligne des yeux.

- Vas-t'en et ne reviens plus jamais.

Je ravale ma salive avec difficulté. Je hoche la tête, lève le menton, va prendre mes affaires mis dans mon sac à dos.

Je ne suis pas totalement fière de ce qui a pu se passer. Ce qui me dérange, c'est que je n'ai pu m'expliquer avec elle. Aussi, on est autant têtu l'une que l'autre.
Alors que je frôle son épaule, je lui dis.

- Je suis sincèrement désolée.

Et je m'en vais.
Heureusement que j'ai retrouvé mes souvenirs puisque je sais où et comment dormir. Comme mes premiers jours, je grimpe dans un arbre assez haut afin de ne pas être trop dérangée. Je n'aime pas les visites fortuites. De ce fait, je me repose un peu en faisant un petite sieste.
Je prend alors le temps de penser à un prochain plan pour libérer Killian sans tuer mon amant. Ce qui n'est pas simple affaire.
Surtout que tout me semble voué à l'échec car desormais je suis seule et abandonnée par tous.

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