CHAPITRE XXXVIII

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Les soldats de Hadès glapissent, tandis que les miens sont silencieux et attentifs. Le roi des Enfers lève ses mains en signe de départ d'un geste théâtral. Les créatures courent, ou plutôt se traînent rapidement vers nous, terrorisant.
Peter me attrape ma main pour la prendre, sentant certainement la peur violente qui m'envahit. Eole sort son épée miroitant de lumière de son fourreau. Je fais de même. Les créatures à moins d'un mètre de nous, je lève mon épée pour faire signe à mon armée de riposter. Les anges courent en lévitant tels des fantômes vers l'ennemi droit devant eux.
Le choc est brutal. Les armes se croisent dans des bruit de massacre. Des deux camps, des soldats sont déjà à terre.
Eole enchaîne les pertes du côté de l'adversaire, tous s'effondrant à son passage telle une chorégraphie lugubre.
Quand à moi, je me précipite dans la direction ce que je pourrais appeler mon "père". Celui-ci, en me voyant foncer dans sa direction en esquivant les créatures, fait apparaître à son tour son arme, un sceptre en fer. À quelque pas de lui, il frappe avec le sol, ce qui me projette sur le dos. Je serre les dents en fermant min visage mais me relève. Je reprends mon épée qui était tombée à quelque centimètres de mon bras et me précipite de nouveau vers lui. Encor une fois je m'étale par terre face au choc généré par sa magie. La douleur m'envahit de tout mon être, néanmoins je l'ignore. Je ne peux m'empêcher naturellement d'en tirer une grimace pourtant je ne flanche pas. Je me relève encor une fois. Cette fois arrivée à sa hauteur, je débute un corps à corps enchaîné sans faillir une seconde. La fatigue fait prévaloir l'enchaînement de coups, je reste cependant debout. Je deviens plus lente dans mes mouvements. Le Dieu me projette une nouvelle fois à terre, manquant ma tête la première.

- ELI !

Je me retourne pour voir Peter me regarder après avoir tranché la tête d'une de ces créatures démoniaques, ce qui produit une vague de bouillasse gluante. Puis j'aperçois Thomas en train de pleurer, impuissant, au beau milieu de cette vague de terreur. Il est retenu sous cette cage invraisemblable. Les regarder tour à tour m'apprend que je ne dois abandonner. Si je suis là où je suis maintenant, pour une raison, c'est que je dois gagner.

Je retourne ma tête vers ce qui se trouve être mon "père" malgré moi. Ferme les yeux. Je pense à l'amour. Mon frère, Thomas, et mon cher Peter. L'espoir aussi, que m'apporte de croire, et de voir les sourires des gens heureux qui m'entourent.
À travers mes paupières plissées, un éclair de lumière m'éblouit. Quand je les rouvre, les créatures sont repliées sur elle-même sur le goudron, dans une masse sombre. Ils ont l'air d'agoniser, pliées en deux. Les anges, eux, sont au contraire beaucoup plus vives et moins transparents.
Hadès semble ébahi, tout comme mes amis. Je ne comprends pas, jusqu'à ce que je regarde mes mains. Elles irradient. Le reste de mon corps aussi dans une douce lumière. Le Maître des Enfers recule en me regardant tel un monstre à fuir. Cela me peine un peu subrepticement. Toutefois, cela me laisse un sentiment de satisfaction. Je domine la situation. Me levant, je le fais reculer un peu plus, ne faisant pas attention à la souffrance physique que cela devrait me faire endurer.
Plus j'avance, plus il trébuche. Jusqu'à ce qu'il tombe. Je me penche vers lui, il se protège de ses mains crispées, ses veines de ténèbres ressortants.

- Libère Thomas.

Je matérialise mon épée qui a du tomber et lui place sous la gorge. Il déglutit avec difficulté. Levant ses prunelles froides dans les miennes, je plante dans son esprit morne mon sérieux et mon courage peut-être dû à l'adrénaline .

- Libère Thomas !

Je lui pique d'autant plus fortement avec la pointe sa chaire, une goutte noire coule sur l'argent gravé.
Il tente un sourire laid et bourge.

- Tu as toujours ressemblé à ta mère. Lance-t-il.

J'appuie plus sans vraiment m'en rendre compte.
Malheureusement, il ne ressent rien. Dans le monde des Morts, il n'y a aucune sensation. Cet enfoiré ne ressent pas cette douleur que j'aimerais qu'il ressente, celle de tout le mal qu'il a porté. Ça me peine un peu lointainement. Je n'y pense pas réellement. Or, avec mon impulsivité, la vengeance me ronge.

- Je te demande de libérer mon frère !! Je tente de le persuader.

Je suis au bord des larmes. Pas que l'envie me manque, mais le tuer ne me plait pas. Il me laisse plutôt de la pitié, parce que, je viens de comprendre qui il est véritablement. Il n'est plus que ce qu'il reste de ce dont il fut lorsqu'il était encor un homme. Il n'est plus rien. Ce n'est qu'une pâle copie de lui-même, de son passé. Avec le temps, il s'est simplement perdu. Effacé tel une roche en poussière sableuse s'envolant au vent des malheurs.

Devant moi, Hadès est figé. Tous me regardent choqués, pas par la situation, par moi.

- Tu n'es rien, Elizabeth.

Je fronce les sourcils, la colère étant mon aura.

- C'est à cause de toi si Thomas est enfermé. C'est de ta faute si tous souffrent autour de toi. Tu es comme la peste, une maladie. Tu détruis tout sur ton passage. Dit-il dans un souffle.

La haine n'est que la seule émotion me maintenant devant lui. Ma main tremble un peu, faisant tomber un peu de son sang.

- Tais-toi ! Je lui hurle avec le reste de mes forces.

- Même si tu me tues, je te hanterai à jamais. Je fais parti de tes chaînes que tu traînes derrière toi.

Dans un seul geste, je lui tranche la gorge. Le sang obscure comme son âme, s'il en possède une, coule à flot. Ses vêtements, déjà sombres, deviennent encor plus foncé. Dans une respiration saccadée, cherchant désespérément de l'oxygène, il tente de retenir ce liquide vital qui lui tâche ses main. Il se débat contre ce qui est inévitable. Avant qu'il ne rend son dernier souffle, il s'effondre complètement sur le goudron rugueux.

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