CHAPITRE XXX

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Je me retrouve dans ma chambre. Passant devant le miroir, je remarque que mes vêtements sont pleins de terre séchée. Beurk. Et Hades m'a laissé ainsi, enflure. Il aurait pu me changer. Je prends une douche. L'eau est vraiment sale, je frotte mes cheveux collés. Rahhh. La galère. Bon passont.

Sortant dans la rue telle une nouvelle personne, je vais naturellement en direction du bar. Cependant, il est fermé. Je peux apercevoir à travers la vitre sale la tasse de café n'ayant pas bougé depuis notre départ.
J'espère sincèrement que Robin va bien, qu'il a pu sortir, qu'il va retrouver les gens qu'il aime. Je me demande si l'on revient à la vie ou que l'on est un être spécial. Fin bref.
Je me balade dans la rue principale. Sans but précis. Et c'est là que je remarque quelque chose d'anormal. À son habitude, la ville est vide. Robin m'a dit qu'il y avait des habitants, mais je n'en ai jamais vu. D'ailleurs c'est étrange. Je vois une boutique d'antiquités éclairée. Jamais auparavant elle n'était éclairée. Juste abandonnée. Enfin je vais voir du monde. Alors que je m'y avance, je me dis que c'est peut-être une personne mauvaise. D'un autre côté, je ne peux pas mourir, où est le problème !?
Lorsque je pousse la porte aux informations écrites en doré, je fais le tour. Ce sont de très jolies choses de mon ancienne vie. Pourquoi on a nommé Antiquités. C'est plutôt un brics à brocs. Une poupée de porcelaine, très belle, est exposée. Je carresse son visage de perle.

- Tu cherches quelque chose ?

Je me refroidis de suite, figée par cette voix trop familière. Comme au ralentis, je lève mon regard vers celui qui était resté omniprésent dans ma mémoire depuis tout ce temps. Peter me fixe avec tout son sérieux.

- Elizabeth... Souffle-t-il.

Il sourit un peu. J'ai l'impression de voir une illusion. Son visage reflète la lumière chaude du lieu. Ses cheveux clairs sont coiffés en arrière. Il porte une tailleur gris foncé mettant en valeur ces prunelles exceptionnelles emeraudes.

- Tu es toujours aussi belle.

Il s'approche de moi tandis que je me recule manquant de tomber et en bousculant les objets. On dirait que j'ai vu un fantôme.
Mon geste le refroidi.

- Réaction logique puisque je t'ai tué.

Je deglutis difficilement.

- Comment... Pourquoi t'es là !? Je crie presque en balbutiant.

Je suis quasiment en panique. Elisabeth ! Reprends-toi ! Ce n'est que cet enfoiré de Peter Pan !! T'es vachement plus forte que ça quand même.
Je cligne des yeux puis me redresse.

- Pourquoi t'es là ? Je répète plus calmement mais tout de même froidement.

Il detourne le regard en étirant son sourire en coin hypocrite.

- Cela me parait évident.

- Joue pas avec moi Peter !

Il plante de nouveau ses yeux verts forêt dans les miens.

- Je suis mort, idiote.

Je fronce les sourcils, suspicieuse de je ne sais quoi.

- Qui a eu cet honneur ?

- Killian.

- Quoi ?! Le pirate ?

Il hoche la tête.

- Bah comment tu t'es  débrouillé !? Avec mon coeur, t'étais pas censé être immortel ?!

- Pas vraiment. Il y a une différence entre immortalité et jeunesse éternelle.

Je grince des dents.

- T'as pas répondu à ma question.

Il arque son soucil.

- Je te reconnais bien là, Eli.

- Elizabeth. Je casse.

- Eh bien, on va dire que c'était un accident.

Bon j'ai pigé. Il ne va pas m'en dire plus.

- Ça me déçoit. Je lance. T'avais mon coeur, t'aurais pu en prendre soin.

Il contracte sa mâchoire.

- Je regrette ce que j'ai fait.

Je lève les yeux au ciel.

- Tu crois que je vais te pardonner comme ça, du jour au lendemain

Ses yeux sont de plus en plus mouillés. Il est sérieux ?! Il ne va pas pleurer tout de même ! Si quelqu'un doit pleurnicher, c'est moi !

- J'en suis bien conscient. Murmure-t-il.

Il deglutis tandis que je ne détourne absolument pas mon regard du sien qui est gêné.

- Pourquoi une boutique d'antiquités ? Je lui demande.

- C'est une affaire de famille.

Je hoche la tête, lasse.

- Ça fait des années que tu dois être là, pourquoi t'es pas partie ?

- Ah parce que tu crois que j'ai pas tenté de fuir d'ici !? C'est mal me connaître. Ça fait plus de six ans, Peter ! Six putains d'années !

Il vacille.

- Je suis désolé.

C'est le mot de trop. Sans qu'il ne s'y attend, je le gifle.
Avec toute ma haine et tout mon désespoir, je claque la porte.
J'ai envie de pleurer, toutefois, je l'ai ravale à mon habitude.

- Elizabeth !!! Crie-t-on dans mon dos.

Je ne veux plus le voir, je continue sans ciller, à grand pas devant moi.
On me prend par le poignet. Peter a les larmes aux yeux. Cependant il reste sérieux.

- Si t'es enfermé, c'était d'abord à cause de moi.

Je fronce les sourcils. Il me coupe alors que j'allais le contredire.

- Laisse-moi parler ! Oui, si t'es là c'est puisque Hades me déteste. Tu sais pourquoi ? Parce que ça fait des années qu'il attend mon jugement pour m'en faire baver.

- Et... Et qu'est-ce que j'ai à foutre là-dedans ? Je m'énerve.

- Il se sert de toi pour me faire abandonner la raison de vivre.

- J'vois pas comment. Je lâche, cassante.

- Parce que je t'aime ! Sombre ignorante.

Il l'a presque crier comme si ce n'était qu'une évidence.

- Tu mens. Je murmure.

Désespéré, il tourne la tête négativement.

- Pourquoi je te mentirai ?!

- Parce que c'est toi qui m'a tué.

Je le frappe au ventre tandis qu'il est projeté, propulsé à des mètres de moi. Je regarde mes mains qui brillent. Toutefois, dans cet instant, où je deverse tous mes sentiments auparavant enfouis, je n'y prête pas attention. M'en fiche.
Je m'approche de lui en marchant rapidement alors qu'il se relève. Je le prend par le col de sa chemise noir, ce qui l'oblige à me regarder. Lui lançant tellement mon plus grand regard assassin, je pourrai lui crever les yeux.

- T'es vraiment qu'un salaud égoïste. Je lui largue furieusement.

Il me pousse à terre quand je ne m'y attendais le moins. De ce fait il se relève avant moi. De ces bras puissants, il me prend par les épaules.

- T'es réellement une débile, Eli.

Instantanément, il plaque ses lèvres sur les miennes, ce qui ravive les sensations à son contact jadis oubliées. Naturellement, je l'enlace des mes bras à sa nuque et y répond. Car, malgré moi, je l'aime encor.
Notre intense et langoureux baiser est interrompu un applaudissement.

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