CHAPITRE XXIII

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Arrivés dans ma cabane, Félix ne ressemble plus à Félix. Son visage est totalement boursoufflé. Il est à peine reconnaissable.
Il suffit de croire, me répètent chaque nouvelle rencontre. De ce fait, je place ses mains dans les miennes, ferme les yeux. Je me concentre de sorte d'imaginer son visage non blessé. En rouvrant les yeux, je vois un Félix qui n'aurait jamais rien subi, du moins physiquement. Il n'a même plus sa balafre affreuse qui lui traversait la joue.
Je souris satisfaisaite. Il passe sa main sur son visage indemne, ébahis.

- Comment t'as fais ça ?

Je lui souris davantage.

- Il faut croire pour voir.

Il me sourit à son tour.

- Pourquoi il a fait ça ? Me demande Chaton.

J'hausse les épaules.

- Son histoire que je lui appartiens. Je crois qu'il est jaloux cet idiot.

Il hausse les sourcils.

- Explique ton histoire ou est jaloux ?!

- Ça te regarde pas. Je réponds sur la défensive.

- Comment ça se fait que je ne suis pas au courant, je suis son second.

- Bah peut-être que je t'ai remplacé.  Le casse-je.

- Risque pas. Tu semble bien plus.

- Tu veux dire quoi là ?

Il se racle la gorge en guise de réponse.

- Je pige plus rien. Je souffle.

Me fixant, il place avec la plus grande douceur sa main sur ma joue.

- T'es vraiment aveugle Eli.

Je le repousse.

- Aveugle ou pas tu restes seulement mon meilleur ami, rien de plus.

Il se gratte la nuque.

- Tu sais, c'est pas grave. Tant que tu es heureuse et en bonne santé, je ne suis pas inquiété, et même dans un certain bonheur. M'explique-t-il.

Je lui sourit donc, en l'etreignant de toutes mes forces.

- Eli ?

- Hum hum...

- Tu es en train de me broyer les côtes.

Je le serre d'autant plus fort. Il rit. On s'éloigne.

- Je l'envie. Me murmure-t-il.

- De qui ?

- Pan.

Un silence s'impose entre nous.

- Bon, c'est pas tout ça mais tu devrais parler à Pan.

- Qu'il aille se faire foutre.

- C'est pas si simple et tu le sais très bien.

Je soupire longuement en me frottant le front.
Sans le prévenir, je me téléporte. Il a l'habitude au fur et à mesure.
Sachant parfaitement ou le trouver dans ce genre de moment, je me rends directement à la falaise. Blondie y est assis en tailleur. Pour une fois que ce n'est pas moi qui est surprise par quelqu'un dans mon dos.

- Si tu viens pour me poignarder, je suis tout à toi. Lance-t-il.

- Je croyais que c'était toi qui devait me tuer.

Je sais parfaitement qu'il en arque son sourcil et sourit en coin sournoisement, ce qui se confirme lorsqu'il se lève et se retourne vers moi. Son visage a guérit. Il n'a plus aucune blessure que j'ai pu lui affliger un peu plus tôt.

- Ce qui m'énerve, c'est que tu ne ressens rien.

- Ce qui m'énerve c'est que tu te mets beaucoup trop en travers de mon chemin.

- M'en fiche de ce qui t'énerve.

Il contracte la mâchoire.

- Bon sinon pourquoi t'es aussi jaloux de Félix ? Cassante, je demande.

- Je te l'ai déjà dit. Il me semble que je me répète un peu de trop.

- Moi aussi alors. Félix t'a rien fait personnellement, t'avais pas à le frapper gratuitement.

Il rit jaune.

- Il n'a qu'à pas tenter de me voler mon bien.

- Euh, je crois que t'as toujours pas compris, j'suis pas ton meuble.

- Ce n'est aucunement ce que je t'ai dit.

Je soupire lassement.

- Peter, je crois que t'as pas saisi le truc en fait, je fais ce que je veux avec qui je veux.

Il hausse les épaules. Mais je vois que cela le dérange tout de même.

- Cela m'est égal. Il affirme.

- QUOI ?!

Il ne cille pas.

- Tout ce que tu as à comprendre est que tu ne t'approches plus de Félix.

Sur ces mots sévères, il part, or, je le ratrappe en le faisant retourné par les épaules. Il ferme les yeux.

- Eli, moi je ne peux plus me téléporter, toi tu le peux, alors laisse-moi.

- M'en fiche.

Il me sourit en coin face à mon entêtement.

- J'ai encor un peu de magie, tu sais.

Je met mes mains sur mes hanches.

- Et tu ne m'as jamais encor coursée.

J'hausse mes soucils, pas très impressionnée.
Pour réponse à ma réaction, il fend encor plus son sourire. Sur ce geste, il part d'une foulée qui n'existe pas. Blondie va tellement vite qu'il devient flou. Sa course est si surnaturelle.
Face à ce défi, je ris et me commence à courir. J'imagine que mes jambes vont aussi à une vitesse incroyable. Que je sens le vent sur mon visage. Que mes pieds touchent à peine la terre.
En rouvrant les yeux, je vois tout au ralentis, y compris les papillons en suspends qui sont en train de butiner. Les oiseaux qui volent. Le vent qui emporte les feullages. Les grains de poussière au travers les rayons de soleil. Un cerf majestueux en train de courir. Tout est beau dans un moindre detail. La nature si logique et magique me submerge d'émotions intenses. Cet instant restera dans ma mémoire. Je me rends compte d'un chance certaine que tout le monde ne peut voir tel que moi.

Bon faudrait-il que je me concentre sur mon objectif, celui de suivre Peter Pan qui tente de filer à l'anglaise sous mon nez, cet enflure. J'arrive à le rattraper lorsqu'il tombe soudain lourdement. Bizarrement, je ressens la douleur de mon âme soeur, donc je tombe à mon tour, pas si loin de lui. Malgré la souffrance de mon corps endoloris, je me relève et va voir l'autre blondinet. Il s'est relevé, la mine si fermé, si sombre. Je déteste le voir ainsi.

- Je l'ai aussi ressentie.

Sa bouche ne forme plus qu'une ligne tellement il se la pince.

- C'est à cause de mes pouvoirs.

Je le regarde, dépitée, sachant le coup dur que cela lui assène.

- Combien ? Je lui demande, la voix cassée.

- Pas plus de deux.

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