CHAPITRE XXVI

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Je reprends conscience.
Non, je viens d'agoniser, je n'ai pas envie d'exister. La mort est paisible, simple. C'est beaucoup plus difficile de vivre.
Me décidant d'ouvrir mes paupières lourdes, je vois en premier lieu un plafond blanc tamisé d'une lumière chaude. Je n'ai plus cette fureur.

Durant des minutes, je reste immobile comme pour revivre mon propre décès. Je peux même me revoir cent fois avec cette sensation où mon souffle s'échappe définitivement. C'est tel un dernier rayon.

J'ai eu un rendez-vous avec la Mort. Quand le printemps ramène les beaux jours bleus. Il se peut qu'elle prenne ma main. Et me conduise dans son pays ténébreux. Et ferme mes yeux et éteigne mon souffle. Il se peut qu'elle passe encore sans m'atteindre. C'est ce que je me disais lorsque j'étais insurmontable. Bien avant tout.

Perdue dans mes pensées. Me disant que je vais me lever, je remarque que je suis aux Enfers, encor une fois. Aucunement surprise, je descends les escaliers pour sortir de la maison que le dieu des Enfers m'a légué.
Dans la rue, comme d'habitude elle est déserte. Je sais où je dois aller. De toute manière, Hades sait parfaitement où je vais me rendre, et où me trouver par la même occasion.

Je m'assois sur le banc en bois. Oui, j'aime venir ici. L'étendue d'eau salée est vraiment splendide. Les bateaux amarrés sont diverses. On peut en voir de multiples modèles de différentes époques.

Après des heures de cheminement dans mes raisonnements, car en effet il m'arrive de réfléchir.
C'est étonnant que personne ne soit venu me voir. Pour une fois que je ne me suis pas faite interrompre. Je rentre "chez moi", poussant le pas de porte, je appercevoir de suite Hades assis dans un de mes fauteuils confortables.
Fermant la porte, je lève les yeux instantanément.

En haussant les sourcils, je m'assois en face de lui qui est positionné de la manière la plus aise.

- Je vous attendais au port. Je lance un peu trop sévère.

Il claque des mains en affable.

- Il me semble que malgré que l'on se trouve aux Enfers, les civilités ne changent pas.

Je ris à gentiment.

- Franchement, mon cher Hades, on en est encor là ?!

Il rit à son tour.

- Il est vrai, Elizabeth. Tu as raison.

Il m'adresse un franc sourire.

- Je suis fier de toi, honorable soldat.

Je lui fais une de ces reverences théâtrales. Après cela, j'enlève ma chaîne de dessous mon vêtement. Je laisse pendre à son bout le petit sablier doré émettant un légère lumière. La partie supérieure est totalement remplie. Le sable s'écoule avec lenteur.

- Tu m'impressionne sans cesse ma chère. Plaisante-t-il avec son accent noble.

Je range le sablier sous ma chemisette bouffante. Il fronce les sourcils, en ne m'interrogeant du regard, n'enlevant pas son sourire qui fend son visage.

- Certes nous avons conclu un marché, cependant, je veux en plus échanger un information.

Il place ses doigts sur sa tempe.

- Quel sens des affaires. Rigole-t-il. Sais tu que il n'y a pas le besoin d'un contrat quel qu'il soit. Si tu souhaites obtenir des réponses, il te suffit de simplement me demander.

Il tend la main alors que je ne bouge pas d'un pouce, figée. Il comprend que je ne changerai pas de position.

- Parfait. Que veux-tu savoir ?

Je fais semblant de réfléchir sachant qu'il y a une question qui me brûle les lèvres.

- Je me demandais, vu qu'avec Peter nous sommes des âmes soeurs, est-ce que je l'ai emporté ici avec moi ? Le questionne-je.

On dirait qu'il s'attendait à ce que je lui la pose.

- Cela apparaît tel ton manque de connaissance concernant le surnaturel. Persifle-t-il.

Je soupire. Il se redresse pour s'approcher de moi dans le plus grand sérieux. Qu'est ce qu'il peut paraître trop bourge parfois...

- Vois-tu, dans un temps normal, tu aurais dû mourir et retrouver les airs purs et paradisiaque.

J'ai extrêmement envie de l'interrompre pour qui ma donne la réponse, mais bon, on va dire que j'ai l'éternité.

- Vu que Pan a pris possession de ton coeur, soit celui du plus pur des croyants, il s'adonne à la vie immortelle. Ainsi, il te l'offre par la même occasion.

J'acquiesce.

- Bien évidemment, si il perd la vie d'une quelconque rustre façon, cela empiètre sur ton rêve frais d'avenir et même de futur.

- Alors... Je suis immortelle !?

Il se réinstalle au fond du fauteuil.

- Quelle clairvoyance !

La, je suis en digestion des informations. Waouh. Bon c'est plutôt cool.

- Mais si je me blesse ... ?

- Ce qui te blesse ne te tue point.

Je laisse mon corps s'affaller dans le cuir, choquée. J'imagine ma tête, cela être drôle à voir. D'ailleurs je peux lire de l'amusement sur le visage de mon interlocuteur.

- As-tu d'autres questionnements existentiels qui valent de garder ton précieux sablier ? Ironise-t-il.

Je bouge ma tête négativement. Il me semble avoir fait à peu près le tour.
Je reprends le sablier tenu par la longue chainette. Tirant dessus d'un coup sec, je le lui tend. Il le prend avec lenteur même si je peux comprendre qu'il est inexorablement impatient.
Il le regarde entre ses doigts.

- Comment une chose si petite peut-elle être si primordiale. Chuchote-t-il comme une pensée laissée dite à voix haute.

Je hausse les épaules.

- C'est souvent les plus petites choses qui ont la plus grande importance. Je réponds même si sa question ne m'était pas destinée.

Soudain, il range dans sa pochele petit objet et me regarde avec ses prunelles d'un bleu si froid.

- Le temps des réponses est advenu. Me déclare-t-il.

Je fronce instantanément des sourcils.
Hades regarde ses main, neutre. Il semblerait approximativement gêné.

- Elizabeth, en réalité tu te prénomme Croyance.

- Il paraît. Je me renforgne.

- Le chaman semble m'avoir malencontreusement devancé. Rit-il comme pour lui-même.

Je lève les yeux au ciel, lassée par ses minauderies.

- Bah il m'a pas dit grand chose. Je le pousse.

Il relève ses yeux vers les miens.

- Elisabeth, je suis ton père.

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