J'ai l'impression d'attendre mon mariage. C'est vachement bizarre à dire. Mais vous savez, c'est un peu ce que peuvent ressentir un acteur qui va entrer sur scène alors que la salle est pleine à craquer d'oligarques. C'est exactement ce que je ressens en ce moment. Comme vous pouvez le deviner, je n'arrivais pas à fermer l'œil. Je pense à je ne sais combien de choses que je pourrais bien lui demander, l'assener de question qui ont été si longtemps sans réponse. Ce que je suis, mon but dans l'existence, les pourquoi incessants. Je ne serai même pas par quoi débuter.
Sans trop de conviction, je sors de ma tente. Le camp dort encor à ces heures indues pour un être humain normalement constitué. Je pars dans la jungle humide sans destination particulière. Malgré que ce soit improbable, je me sens comme chez moi, tout est familier. Avec sureté qui m'est étrange, ma marche aboutit sur une immense falaise. Je m'assois avec timidité. Ce lieu me procure une sensation de déjà-vu. Je respire l'air marin frais. Les pieds dans le vide, j'observe l'eau qui reflète la suave lumière froide de la lune.
Tout un coup je sens cette présence derrière moi, je me retourne. L'autre blondinet est adossé à un arbre, les bras croisé. Remarquant sa jambe droite qui est aussi enfermé tout comme moi dans du tissus, on dirait qu'il a la même blessure que moi. Je fronce les sourcils en me retournant vers l'étendue. Je me sens nauséeuse.
- Toi aussi tu le ressens. Me dit-il.
Je prend ma respiration. Je ne peux pas le nier, c'est là. Il s'approche de moi à la manière d'un prédateur. Croyez-moi ou non, je n'en ai rien à faire de son jeu, maintenant, tout de suite.
Plus il s'approche, plus je ne me sens pas bien. Mon environnement tourne autour de moi comme un cyclone. Surtout en ce lieu. C'est une douleur sourde, pressant ma tête, mon corps. Lui aussi, il tente ne rien laisser transparaître sauf que la douleur se lit aisément dans ses hallucinantes prunelles smaragdines. Il s'assoit non sans mal à mon côté. Il me fixe de toute la profondeur de son âme. je ne peux pas détourner le regard du sien. Je suis tétanisé par son pouvoir hypnotique. Pourtant j'ai mal. Partout. Au cœur. Il sonde mon esprit. Il approche sa main de mon visage. Quand il la pose, son contacte me brûle. C'est une torture indescendante. Je me plie en même temps que lui en deux par terre. Mon souffle se bloque. Je peine à respirer. Je cherche désespérément à inhaler. Lui aussi, il est comme à l'agonie. Les larmes aux yeux. L'affliction n'est plus que le seul lien sui nous lie. Le coup de poignard nous consume de l'intérieur. Nous nous figeons, face au ciel noir d'encre, l'un à côté de l'autre en parallèle. La poitrine au rauque qu'oppresse un halètement répété gémit, un battement pénible agite ses flancs épuisés, une écume sèche reste coincé dans la gorge. La puissance des maux m'avale.La souffrance fait partie de ces domaines d'expérience où il est trompeur de se représenter séparément le vécu corporel et le vécu psychique, quel que soit celui que la personne met en avant dans sa plainte et sa demande d'aide.
Je suis en train de me perdre.
Il disparaît tel un mirage. La pression disparait de suite. Je me sens encor un peu endoloris mais ce n'est que la plume m'effleurant la peau. Les larmes salées s'échappent un peu du coin de les yeux. Les astres semblent danser.
Je reste bien là jusqu'à la levée du jour où l'aube illumine l'horizon. Le vent se lève dans un brise. Je me lève pour rejoindre le camp indien d'où je viens. L'activité fourmille de tous côtés. Chacun élabore sa tache pour aider l'autre et entretenir sa famille. Au centre, il m'attend le vieil chaman à la peau dégradée majestueusement par les débris du temps. Il plante son regard terreux d'une bonté universelle. Après m'voir souhaité le bonjour, il se lève et m'invite à le suivre dans la forêt. Il se stoppe devant un immense arbre tortueux. Ses branches paraissent toucher les cieux emprisonnés par ces nuages grisâtres.
- Pour nous, ce bois est sacré.
Il pose sa main sur le tronc sinueux. La brise fait trembler les feuilles ténues.
- Le légende dit que c'est le premier à avoir poussé parce que le premier homme l'aurait imaginer dans ses songes.
J'acquiesce.
- Nous nous recueillons ici.
Je m'approche à mon tour du centenaire et pose aussi ma main.
- Ferme les yeux.
Je peux sentir des vibrations sous mes doigts. La vie sous ce bois visiblement inactif.
Je rouvre les yeux afin d'interroger du regard le vieux peau-rouge.- L'invisible est souvent plus fort que le visible, Elizabeth.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Le souvenir, c'est la présence invisible.
J'enlève ma main du bois rugueux.
- Vous pouvez me donner des réponses.
Il hoche la tête. Ensuite, il prend place au sol en tailleur.
- Mon vieux père qui fut chef Cherokee m'a enseigné ceci lorsque je n'étais encor qu'un enfant.
Il y a un grand combat qui se passe à l'intérieur de nous tous. Me dit- il. Et c'est un combat entre deux loups l'un est le mal, il est colère, l'envie, culpabilité, tristesse et ego, et l'autre est bon, il est joie, amour, espoir, vérité et foi.- Quel est le loup qui gagne ? Je lui demande en s'assaillant
Et le chaman me répond rieur.
- Celui que tu nourris.
Je médite quelques minutes sur ce qu'il vient de me dire. Lui observe la nature nous entourant.
- Mais d'où je viens ? Je lâche en cassant ce silence qui était si tranquille.
A son tour, il regarde dans la vastitude du vide afin de se concentrer. Il se racle la gorge en prenant le temps de me répondre. Je m'attends pas forcément à une réponse concrète.
- Es-tu véritablement prête à entendre la vérité, à suivre ce que tu es réellement, qui tu es et qui tu as été. Qui tu espère être. Murmurer la nature de son âme et la vérité sur son environnent malgré qu'elle soit blessante ? Es-tu véritablement prête dans ta tête, Croyance ?
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CROYANCE
FanfictionElliesabeth est une jeune femme de 17 ans vivant dans les rues de Londres depuis toujours. Elle est considérée comme courageuse mais elle se trouve plutôt désespérée. Cette jeune femme a un caractère bien trempé à cause de son histoire où elle a dûs...