C'était un après-midi tranquille dans une forêt de Londres du XIXe siècle. Laissant sa mère en pleine conversation avec Mme Liddell, Lewis marchait entre les arbres. Son amie était partie se cacher un peu plus loin. Au bout de quinze minutes de recherche, Lewis se dit qu'elle était vraiment douée. Au bout de trente minutes, le jeu je l'amusait plus.
"C'est bon ! cria-t-il. Sors je suis fatigué.
-Lewis, l'appela sa mère, revenez. Il se fait tard, il nous faut rentrer.
-Je ne l'ai pas encore trouvé, mère, lui répondit Lewis.
-Comment ? s'égosilla Mme Liddell. Mais où est-elle alors ?
-Je ne sais pas, soupira le garçon sans prêter attention à l'air inquiet des deux femmes."
L'enfant n'était pas encore en mesure de comprendre l'inquiétude de ses aînées. Pour lui, son amie était juste partie se cacher et il pensait qu'elle finirait par sortir de sa cachette. Mais sa mère et Mme Liddell pouvaient envisager plus de possibilités. Celle qu'elles redoutaient le plus se révéla être la réalité. La fille de Mme Liddell ne revint jamais de cette promenade. Ils l'ont cherchée jusqu'à une heure après la tombée de la nuit. Lewis et sa mère avait raccompagné Mme Liddell chez elle. La pauvre femme était en pleurs. La tristesse défigurait son visage, elle hoquetait et reniflait comme une truie. On aurait dit qu'elle s'étouffait. Presque tout son poids reposait sur la mère du jeune enfant. Elle s'effondrait presque sur celle-ci. Lewis, lui, marchait derrière elles en les observant. Il pensait qu'elle était triste parce qu'on avait pas retrouvé sa fille.
Les recherches ont durées quatre mois. Après quoi, Mme Liddell dût commencer à faire le deuil de sa fille.Deux mois après qu'on eut cessé les recherches, le jeune Lewis se réveilla en pleine nuit suite à un cauchemar. La sueur perlant sur son front il se redressa dans son lit et observa les éléments qui constituaient sa chambre. Sa petite table de chevet en bois de hêtre sur laquelle reposait un livre qu'il lisait le soir avec ses parents. Son armoire et son petit bureau du même bois que la table de chevet. Le grondement du tonnerre le fit sursauté. Il tourna la tête vers sa fenêtre cachée par un rideau. Il entendait le crépitement de la pluie contre la vitre, mais pas seulement. Il avait l'impression qu'on l'appelait. L'appel était faible, étouffé. Il entendait aussi des coups contre la vitre. Le garçon prit peur. Lentement, il sortit de son lit, se leva et se dirigea vers la fenêtre. Plus il s'approchait, plus il était sûr qu'on l'appelait. Il mît en place son petit tabouret, monta dessus et écarta d'une main tremblante le rideaux de tissu bleu ciel. La scène effroyable qu'il découvrit le fit basculer en arrière. Il retomba lourdement sur le sol et releva la tête, un peu sonné. Une fillette frappait la vitre de sa fenêtre en hurlant son nom. Ses cheveux trempés tombaient en paquet devant son visage. Ses yeux écarquillés reflétaient la peur et la panique. Sa robe déchirée était, comme son visage, couverte de boue. Elle était écorchée au coude droit et avait des égratignures sur la joue droite et le menton. Terrorisé, Lewis rampa à reculons vers la porte de sa chambre. Puis, il reconnut le visage de la petite fille qui se tenait à l'extérieur. Il se releva abasourdi et se précipita hors de sa chambre. Il se dirigea affolé vers un petit meuble à tiroir. Il en ouvrit un et fouilla de ses deux petites mains le contenu. Il trouva enfin le trousseau de clefs. Il courut jusqu'à la porte d'entrée. Lewis enfonça une première clef dans la serrure. Ce n'était pas la bonne. Il peinait à saisir la deuxième tant il tremblait. À cause de ses mains moites, le trousseau lui échappa. Il se baissa aussitôt pour le ramasser. Il utilisa une autre clef. Le mécanisme s'actionna et la porte s'ouvrit. Lewis fit entrer la fillette transie jusqu'aux os et la fit s'asseoir sur le fauteuil du salon. Il lui apporta la couverture de son lit pour la réchauffer. Elle balbutia des remerciements et commença à s'apaiser. Lewis lui fit part de son inquiétude et celle de ses proches. Elle commença alors à lui raconter sa mésaventure. Son récit n'avait aucune cohérence. Plus elle avançait dans ses explications, plus le jeune garçon se sentait mal à l'aise. Et elle le racontait avec frénésie comme si elle avait l'impression de toujours y être. Les éléments farfelus se succédaient les uns après les autres. Si bien que Lewis crut que son amie divaguait. Soudain, elle s'arrêta. Il suivit son regard et vit son père et sa mère en chemise de nuit, les observant bouche bée.
"Ce n'est pas...murmura la mère à son mari.
-Pourtant, si, lui répondit-il à voix basse."
Le lendemain, on prévînt Mme Liddell du retour miraculeux de sa fille. D'abord elle déborda de bonheur et de soulagement, puis elle demanda à sa fille ce qui lui était arrivé. Elle lui rapporta les mêmes événements qu'à Lewis. Dès lors, sa mère perdit le sourire. Tous tentèrent de la raisonner, de la persuader que de telles choses étaient impossibles. Mais l'enfant s'obstinait, jurait que ce qu'elle avait vu et vécu était bel et bien la réalité. Il était devenu clair qu'elle avait perdu l'esprit. Il fallut trois semaine pour convaincre la mère de se séparer de sa fille. Un matin, on vint la chercher pour la transférer en hôpital psychiatrique. Elle ne comprit pas ce qui lui arrivait. La jeune fille se débattait avec vigueur sous les yeux du garçon et de ses parents. Voyant qu'elle ne pouvait convaincre ses parents, elle se tourna vers la seule personne qui pouvait peut-être encore la croire.
"Lewis, je sais ce que j'ai vu ! Dis, tu me crois toi au moins ?"
Lewis se contenta de la regarder. Soudain, elle fit de grands yeux ronds.
"Lewis, le terrier ! Hurla-t-elle. Il faut bloquer le terrier !"
Il ne répondit toujours rien.
"Plus rien ne dois en sortir ! Tu dois le boucher ! Je t'en supplie Lewis !"
On la jeta dans le fiacre, qui s'éloigna jusqu'à disparaître au détour d'une route. C'était la dernière fois qu'il voyait Alice.
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Lewis
FantasyLewis est un jeune garçon de l'Angleterre du XIXe siècle. Un jour, son amie disparaît mystérieusement pendant une promenade en forêt. Elle reparait six mois plus tard et est envoyer en asile psychiatrique. Six ans après, Lewis, à qui elle a raconté...