CHAPITRE V

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La terreur arracha un long cri à Lewis. Tout était sombre, le noir complet. Comme les parois était rapproché, le garçon tombait à la verticale, les pieds devant. Enfin, Lewis eut tant peur qu'il commença à perdre connaissance dans sa chute. Il fut ramener brutalement à la réalité lorsqu'il percuta le sol. Il avait la tête enfouit dans de la terre humide. Il s'appuya sur sa main droite qui s'enfonça dans la boue. Il se releva, la tête couverte de vase. Il avait atterri aux abords des douves du château dans un marécage. Pour l'instant il était sur une bande de terre humide entourée d'eau vaseuse. À plusieurs mètres, la forêt. Il n'y avait pas d'autre échappatoire, il fallait traverser le marais pour la rejoindre. Lewis enfonça son pied dans l'eau boueuse. Jusqu'à la cheville, puis au genoux et quand il eut pieds, elle lui arrivait à la taille. Il avança péniblement, prenant garde de ne pas mouiller sa sacoche en la tenant juste au dessus de la surface. Soudain il sentit une quelque chose lui griffer la jambe. Bientôt, il ressentit un second coup et ils se répétèrent plus fréquemment à chaque fois. Il se dépêcha autant qu'il pût pour rejoindre la terre ferme, grimaçant à chaque fois que la douleur se faisait ressentir. Enfin quand il n'y eut plus que deux mètres, Lewis envoya sa sacoche qui atterrit sur la berge à dix centimètres du bord. Le garçon se hâta aussi vite qu'il pût. Une douleur plus forte que les autres lui traversa la jambe. Il cilla : Ça l'avait mordu. Il ne s'était pas égratigner sur quelconque plante aquatique ou roche. Une chose l'avait mordu. La panique remplaça l'inquiétude. Il devait sortir de là, plus rien d'autre ne comptait, seul cette idée résonnait dans sa tête. Enfin il atteint la berge, s'agrippa aux touffes d'herbes pour remonter. Il tachait de trouver une prise chaque fois que la précédente cédait, soulevant des nuages de terre et des brins d'herbe. Puis il fut soudain tiré vers le fond. Ça l'avait agrippé fermement. Il se retrouva la tête sous la surface si rapidement qu'il inspira un peu d'eau. Avec si peu d'air dans les poumons, il ne tiendrait pas longtemps. Lewis se débattait pour échapper à l'étreinte de la chose qui l'entraînait au fond, en vain. Brusquement, il sentit qu'on le tirait vers le haut. Il fut écartelé entre deux force. L'espoir de s'en sortir vivant revint et le jeune garçon s'efforça de retenir sa respiration. Tantôt il sentait qu'il remontait, tantôt qu'il s'enfonçait. Enfin, il remonta à une vitesse stupéfiante et fut propulsé sur le sol à un mètre du bord. Soulagé, il inspira une grande goulée d'air. Son visage et ses cheveux étaient couvert de vase. Il était trempé et avait froid. Il aurait voulu se relever, mais la force et la volonté lui manquaient. Il resta allongé là et ferma les yeux. Il sentit qu'on le soulevait mais il n'avait pas le courage de regarder ce qui le portait. Pendant quelques heures, Lewis était plié en deux. Il devinait à cela qu'on le portait sur l'épaule. Puis il se sentit tombé en arrière avant d'atterrir sur ce qui lui sembla être un lit. Se sentant à présent moins fatigué, il ouvrit un œil après l'autre. Il était dans une maison en bois. En face de lui, il y avait une fenêtre à gauche de laquelle se trouvait une rambarde d'escalier qui menait au rez-de-chaussée. Le lit sur lequel était installé Lewis était dans le coin gauche de la chambre face à l'ouverture qui laissait filtrer la lumière du crépuscule. Déjà ? Le jeune anglais n'avait plus la notion du temps. Il observa la pièce. Sur l'étagère au dessus étaient disposés des chapeaux, des hauts-de-forme, très colorés. Il y avait aussi une paires de ciseaux. Le drap qui recouvrait le lit était fait de plusieurs morceaux de tissus variés cousus ensembles. Lewis voulut descendre du lit mais il souffrait chaque fois qu'il bougeait la jambe. Il dirigea son regard vers sa celle-ci. Il était horrifié. Sa jambe était couverte de sang et avait une profonde entaille. Il entendit qu'on montait rapidement les escaliers. C'était un homme, la vingtaine, sans doute l'occupant du logis. Il avait des yeux bleus, un nez droit, des cheveux bruns foncés bouclés et emmêlés. Il était habillé d'une veste de tissus qui, là encore, était faites de plusieurs bout de tissus assemblés, comme son pantalon. Bleus, verts, violets, pourpre, jaunes, à fleur, à carreaux, à pois. Enfin, il était coiffé d'un haut-de-forme bordeaux avec un ruban blanc duquel dépassait un étiquette sur lequel était inscrit des nombres que Lewis n'arrivait pas à discerner. L'homme tenait un petit sac raccommodé et affichait un grand sourire.
"Ah bien ! s'exclama-t-il. Tu es réveillé, comment te sens-tu ?
-Euh, je...je, balbutia Lewis.
-D'accord ! Eh bien, mon petit marcassin à moustache, tu as eu plus de chance qu'une mouche dans une mare de sirop de miel de poche.
-Quoi ?
-Tu viens de l'autre bout du terrier, pas vrai ?
-Euh, oui, répondit-il timidement.
-Eh, tu es le premier à avoir tenter de t'échapper par les douves et à t'en sortir vivant, fit-il en riant un peu même une fois sa phrase finie.
-Excusez-moi, mais qui êtes-vous ?
-Oh c'est vrai ! Désolé, je ne sais plus où j'ai la tête depuis onze ans, dit-il en riant de plus belle. Chapelier, reprit-il en serrant la main du garçon, c'est comme ça qu'on m'appelle.
-Mon nom est Lewis, répondit-il toujours un peu confus.
-Enchanté, et maintenant si je m'occupais de ta jambe."
Son regard obliquait vers la blessure du jeune garçon puis vers le sac qu'il tenait toujours. Il s'assit sur le lit et sortit une petite bouteille de verre contenant un liquide bleuâtre. Il fit remonter le bas du pantalon de façon à ce que la blessure soit découverte. Il versa un quart du flacon sur la jambe du blessé qui eut un petit mouvement de recul. Ç'était glacé ! Puis il sortit un long ruban de soie blanche et commença à l'enrouler autour de sa jambe.
"Qu'est-ce que c'était ? demanda Lewis.
-Quoi ?
-La chose qui m'a attaqué dans le marais ? précisa-t-il.
-Je ne sais pas. Tout ce que je sais c'est qu'elle est là pour empêcher quiconque de s'échapper par les douves, expliqua le chapelier. Et qu'elle ne peut pas aller à la surface, pas même un bras, une jambe une patte qu'en sais-je ! s'exclama-t-il en riant. Heureusement que j'étais là, sinon tu y serais passé.
-Est-ce que vous savez où je suis ?
-Gamin, ici, c'est un endroit dangereux, dans lequel les choses qui sont censés ne pas exister existent. Ici, les enfants ne sont pas en sécurité.
-Pourquoi ? Quel est le problème ?
-Le problème, c'est la reine..."
Il perdit le sourire et poursuivit sans s'arrêter de panser la plaie.
"Je...je ne sais pas pourquoi, mais...elle attire les enfants ici...avec...ce lapin. Pfff, lapin...ce rat, cette créature pourrie de l'intérieur. Et après elle...elle...enfin..."
Ses cheveux bouclés se raidirent et retombèrent sur son cou. Le son d'un pendule raisonna au rez-de-chaussée. Ses cheveux se frisèrent de nouveau et il afficha un grand sourire.
"Il est temps de dîner ! Tu dois avoir faim."
Lewis opina du chef timidement. Il était affamé et n'avait pas manger depuis sa fugue.
"Parfait, reste là, il faut que tu évites de bouger ta jambe. Je te monterais ton repas."
Sur ces mots, il descendit, laissant Lewis à l'étage. Celui-ci lança un regard au ciel encore rougeoyant en se demandant si ses parents s'étaient rendu compte de sa disparition.
"Père, mère...pardonnez-moi..."
Une larme roula sur sa joue.
"Qu'est-ce que j'ai fait..."

LewisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant