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Faire semblant c'est pas facile. 

**

Je me frappais mentalement, essayant de me rappeler : quand avais-je essayé de l'embrasser au juste ? Je n'arrive pas du tout à me souvenir de la soirée. Ça craint de ouf, je vais plus jamais arriver à le regarder dans les yeux. Je suis vraiment débile quand je suis bourré, sans oublier que j'ai littéralement vomi dans son salon. Mais bon, j'ai quand même l'impression de me rapprocher de lui, je veux dire, j'ai pris une douche chez lui, il m'a même prêté un pull. Prêter ou donner ? Donner c'est bien, évidemment.

J'arrive au lycée en saluant mes potes, et je constate qu'ils ont tous l'air défoncés, fatigués, limite pire que moi et mes cernes énormes. Seul les filles ont l'air bien, elles ont pas beaucoup bu aussi, alors le dimanche n'a pas été dur pour elles. Dans mon cas, je n'ai presque pas dormi, appréhendant le cours avec un certain Monsieur Isaac.

Ce matin on a exceptionnellement commencé à neuf heure car l'Homme Rat n'était pas là. Tant mieux pour ça, mais après on a anglais et littérature avec la sorcière. On se dirige vers notre salle d'anglais puis de littérature et honnêtement, la voix stridente de notre professeure quand on a mal dormi, plus un mal de tête à vous faire bourdonner les oreilles, ça donne envie de s'enterrer très profond sous terre ou de devenir sourd. Puis, on a décidés d'aller manger chez Sonya qui habite à deux pas du lycée. On était tellement fatigués avec Gally et Minho, qu'on a séché le cours d'art pour se reposer, dans un parc à côté du lycée, alors que les filles sont retournées en cours. Gally est le premier à parler :

— Min' tu as bien parlé avec Sonya, à la soirée ?

— Ouais de ouf, c'était génial... et j'ai aussi vu que Thomas et Lucas étaient bien proche.

Je rougis un peu en repensant au blond. En parlant de lui, il m'avait envoyer un message et on avait passer notre dimanche à s'écrire.

— Quand c'est pas Teresa, c'est Lucas ! Arrêtez ! Et Gally ? On en parle jamais de lui ?

— C'est parce que il n'y a rien à dire, prononça ce dernier, visiblement gêné.

— Même sur le fait que tu es en kiff sur Brenda ? ajouta Minho.

— Min ! C'était notre se-

— Secret ? Comme quand tu as lâché que je kiff Sonya ?

Je rigole, ils sont désespérant et c'est ça qui est drôle. Quand à moi, est ce que j'ai quelqu'un en vu ? Newt ? Quand je pense à une potentielle relation amoureuse, je pense directement à lui. Chacune de mes pensées me ramène à lui, surtout après ce week-end. J'ai eu l'impression de le redécouvrir, en tant que Newt, et non en tant que Monsieur Isaac. Mais j'ai essayé de l'embrasser, et ça m'effraie : on dit que les personnes bourrées sont plus sincères, alors ça confirme mon attirance envers lui. Être attiré par lui ne me mènera nul part, c'est un enseignant et il est suffisamment intelligent pour savoir ce qu'il risque à fréquenter un élève. Je le sais, mais je n'arrive pas à le sortir de ma tête.

C'est bientôt l'heure d'aller en histoire et honnêtement, j'appréhende. On se lève pour aller devant la salle qui est déjà ouverte, alors que ça n'a pas encore sonné. Notre professeur est dedans en train corriger des copies. Quand il nous voit, il nous dit d'entrer ce qu'on fait. Il n'a pas l'air de relever qu'on venait de sécher un cours, et heureusement. Nos têtes d'enterrement permettent de lui faire comprendre, que j'étais avec eux samedi soir.

Je me pose à ma place habituelle au fond, et enfouis ma tête dans mes bras. Je me sens vraiment mal, mon mal de tête ne s'est pas calmé. Minho et Gally sont dans le même état, et quand la sonnerie se mit à retentir, j'ai eu envie de l'étriper. Les élèves rentraient dans la salle faisant du bruit, ce qui me donna de fortes envies de meurtres. Les élèves se calmèrent quand le cours débuta. Il donna un exercice à faire et tout le monde sauf moi, Minho et Gally, car nous étions totalement endormit. Je tentais de me relever et de faire l'exercice, mais j'étais vraiment pas bien. Je tournais mon regard vers la classe, toujours allongé sur ma table. Je les observe en train de travailler, quand je sens une main de poser dans mes cheveux. Monsieur Isaac s'abaissa à mon niveau, un léger sourire sur les lèvres.

— Tu ne vas pas mieux ? il chuchota afin de ne pas déranger les autres.

Je secouais négativement la tête et il semblait un peu... inquiet ? Sérieusement il s'inquiète pour moi ? Il se relève sans rien ajouter et repart à son bureau calmement. Il semble moins froid avec moi depuis dimanche, j'ai l'impression qu'il se soucie un peu plus de moi, et ça me réchauffe le coeur.

Je repense aux vacances : plus que deux semaines et la liberté sera de retour. Je retourne mon regard vers la fenêtre, et il commence un peu à pleuvoir, ça me déprime, les arbres commence à perdre leurs feuilles et le ciel est de moins en moins clair. Je ferme et sens que je m'endors. Cette fois-ci, seul la sonnerie réussit à me sortir mes songes, je regarde Minho qui semble émerger lui aussi. Il me regarde à son tour, visiblement déboussolé.

— Il s'est passé quoi mec ?

— Je ne sais pas du tout, répondais-je, autant perdu.

Je donnais une tape à Gally avec ma trousse pour le réveiller, en rangeant mes affaires, quand notre professeur m'interpella pour me parler. Mes potes vont finir par trouver ça louche, quand c'est pas moi qui reste, c'est lui qui me demande. Gally se retourne et chuchote tout bas :

— Tu en penses quoi du prof Thomas ?

— Même pas en rêve ! Occupez-vous de vos meufs avant de vous les faire voler...

— Touché, répondit Minho en mimant une chute.

Je leur dit au-revoir et ils s'en vont, me laissant seul avec Monsieur Isaac. Ce dernier se lève pour aller fermer la porte, et je me rapproche de son bureau. Je suis fatigué, je veux juste rentrer chez moi. Il revient vers moi, l'air neutre et je repense à ce qu'il a écrit sur ma copie. Je me surprend à rougir et l'envie de m'enfuir me prends.

— J'aimerais savoir une chose Monsieur... est ce que j'ai vraiment essayer de vous... de vous...

Je ne finis pas ma phrase, et baisse la tête honteux.

— Oui et j'aimerai savoir pourquoi.

— Honnêtement, je n'en sais rien, j'étais bourré... je ne m'en rappelle même pas.

— Tu sais ce qu'on dit Thomas : les personnes soûles sont plus honnêtes et disent ce qu'elles ressentent vraiment.

— Je vous dis que je ne m'en souviens pas...

Il fit un pas en avant, et j'en fis un en arrière, mais je me cognais contre son bureau. Il profita de cette occasion pour me bloquer contre son bureau, posant ses bras de chaque côté de mon corps.

— J'aimerai juste m'assurer que tu étais inconscient de tes actes.

— Je l'étais...

— Tu t'attendais à quoi de ma part, sérieusement ?

Je sentais son souffle sur mon visage, j'étais à deux doigt de m'écrouler. Il était si proche de mon visage, son corps si près du mien. Je descendis mon regard vers ses lèvres si tentante, mais j'enlevais tout de suite ces mauvaises idées de ma tête. Je le repoussais en posant ma main sur son torse.

— Je suis vraiment désolé Monsieur, j'ai beaucoup trop bu ce soir là et je sais que je n'aurais pas dû faire ceci, mais je ne m'en souviens vraiment pas. Cependant, de votre côté, si vous ne m'aviez pas ramené chez vous, rien de cela ne serait arrivé.

Il me regardait de ses yeux sombres, mais je ne me laissais pas déstabiliser :

— Je sais que j'ai un comportement de gamin, et que je suis immature... rien que pour vous avoir forcé à me dire votre prénom, je suis fautif pour cette fois-là. En revanche, en ce qui concerne ce week-end, je ne suis pas le seul à blâmer, car vous m'avez ramené chez vous en premier lieu.

Il baissa la tête quelque secondes avant de relever le visage vers moi.

— Je m'en serai voulu de te laisser.

— Vous auriez dû... si vous voulez bien m'excuser, je vais rentrer chez moi maintenant...

Il retira ses bras, me laissant passer et je m'empressais de quitter la salle. J'ai l'impression que les faibles liens qui nous avait rapproché ce week-end venaient de se briser, tout comme mes illusions.

☆ ★ ☆

✎ Yena

Leave Me || Newtmas [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant