Fichu(s) Malefoy

Article XII

Drago ouvrit la porte du dressing qui se trouvait juste à côté de l'entrée principale du manoir pour retirer veste et chaussures et vit qu'Hermione était déjà occupée à la même tâche. Elle lui tournait le dos et donc ne l'avait pas encore vu. Il la vit se masser doucement la plante des pieds en soupirant et ne put retenir un léger sourire.

- Je n'aurais pas cru que tu serais du genre à t'infliger volontairement ce genre de traitement, déclara-t-il, la faisant sursauter.

- Oh, salut ! lui répondit-elle. Je ne t'avais pas entendu. Celles-ci sont plutôt confortables en temps normal, précisa-t-elle en montrant les chaussures, mais là, avec la chaleur, j'ai les jambes qui gonflent un peu...

- Tu n'as pas à te justifier. J'adore te voir porter des talons, ça te fait des jambes superbes...

- Ce qui est évidemment mon but ultime, le coupa-t-elle en levant les yeux au ciel. Tu sais, Drago, les femmes ne portent pas des talons pour satisfaire une lubie masculine ! J'en porte parce que j'aime ça, c'est tout. Comme j'aime également porter des baskets à d'autres moments...

- Tu n'as pas besoin de me sortir ton laïus féministe, c'était juste un compliment.

- Totalement déplacé vu les circonstances, répliqua-t-elle.

Rah, ce qu'elle pouvait être agaçante quand elle s'y mettait ! Mais en même temps, sa réaction était tellement prévisible.

- Tu as passé une bonne journée, sinon ? lui demanda-t-il pour éviter une énième dispute entre eux.

- Tu tiens vraiment à ce qu'on fasse la conversation dans le dressing ?

Un éclat de rire lui échappa et Drago lui proposa alors d'aller prendre un rafraîchissement dans le parc, ce qu'Hermione accepta.

Leur cohabitation était beaucoup plus paisible depuis qu'elle avait frappé à la porte de sa chambre pour s'excuser quelques semaines plus tôt. Ils n'étaient pas encore amis, loin de là, mais elle ne l'évitait plus comme elle avait pu le faire après son emménagement. Ils dînaient régulièrement ensemble, discutant de leurs journées ou se retrouvaient à lire dans la bibliothèque en même temps. Ils apprenaient à se connaître et Drago aimait de plus en plus ce qu'il découvrait à son sujet.

Heureusement d'ailleurs que Théo ou Daphné ne pouvaient pas lire dans ses pensées sinon il en aurait encore entendu de belles à ce sujet !

Hermione et lui passèrent par la cuisine pour prendre un pichet de jus de citrouille et allèrent s'installer dans une balancelle qui se trouvait à l'ombre d'un chêne majestueux.

- J'aime tellement ce parc ! soupira la jeune femme après avoir bu une gorgée de sa boisson.

Drago reposa son verre près du pichet, sur une table d'appoint et se contenta de la regarder en souriant.

- J'ai toujours adoré cette maison. J'ai passé des heures entières à jouer dans ce parc pendant que ma grand-mère brodait sur cette balancelle...

- Tu semblais proche de tes grands-parents, souligna Hermione.

- Très, oui. Ma grand-mère est morte quand j'avais huit ans, je n'ai pas trop compris à l'époque... J'étais triste de ne plus la voir, mais la mort était un concept encore assez abstrait.

- Elle est décédée de quoi ?

- Je ne sais pas trop. Tu sais, ma grand-mère avait une santé fragile, elle a eu mon père sur le tard, à plus de quarante ans. Je sais que mon grand-père l'aimait beaucoup, malgré leur différence d'âge...

- Leur différence d'âge ? l'interrompit-elle.

- Oui, il avait une vingtaine d'années de plus qu'elle, mais ils étaient très amoureux. Ça a beaucoup fait jaser à l'époque, d'ailleurs. Enfin, comme je le disais, elle avait la santé fragile et ça ne s'est pas amélioré avec sa grossesse et son accouchement. Je crois qu'Abraxas en voulait un peu à mon père, pour ça.