Fichu(s) Malefoy

Addenda

Mai 2008

La vie d'un portrait n'était déjà pas spécialement excitante, vu que sa liberté de mouvement était plus que limitée, mais lorsqu'il se retrouvait accroché dans une aile isolée du Ministère, entre des toilettes et des archives inexploitées, c'était pire que tout. Certes, l'occupant pouvait toujours aller rendre visite aux autres tableaux du bâtiment, mais la plupart étaient, objectivement, relativement inintéressants.

Et pour son grand malheur, c'était justement là que se trouvait le dernier portrait connu d'Abraxas Malefoy. Son fils s'était évertué à détruire tous ceux disposés dans les différentes propriétés familiales lorsqu'il avait découvert qu'il avait été déshérité, ce qui l'irritait profondément. Par la faute de son idiot de fils, il ne pouvait plus se promener à travers le pays... ni rendre visite à sa défunte épouse vu que le seul portrait d'elle qu'ils avaient fait faire se trouvait dans le manoir du Somerset.

Et donc, Abraxas Malefoy, ou du moins ce qu'il restait de sa conscience et de ses souvenirs, ruminait de plus en plus à mesure que le temps passait, la solitude n'aidant pas.

Heureusement que d'autres portraits étaient nettement mieux placés que le sien et qu'il pouvait ainsi se tenir au courant de ce qu'il se passait dans le monde. Ainsi, Elfrida Clagg lui avait appris que son petit-fils avait épousé une née-Moldue. Elle avait d'ailleurs été assez déçue de le voir sourire à cette nouvelle et non pester par les quatre fondateurs comme elle s'y était sans doute attendu.

C'était bien fait pour elle. Abraxas n'entretenait des rapports cordiaux avec elle que parce qu'elle était toujours au courant de tout. Sans ça, ça ferait bien longtemps qu'il éviterait de se rendre dans son tableau qu'il trouvait bien trop désordonné.

C'était toujours à lui, d'ailleurs, de se rendre dans les tableaux des autres, personne n'ayant envie de traîner près des toilettes du cinquième étage... Quelle ingratitude ! Sans tous ses dons, il n'y aurait même pas de cinquième étage !

Enfin, pour l'heure, il profitait d'un paysage de campagne situé non loin de l'Atrium. Les autres portraits préféraient les peintures plus animées, et s'étaient d'ailleurs tous rassemblés dans les quelques tableaux du hall pour pouvoir assister aux festivités liées à la commémoration de la fin de la Guerre.

Mais Abraxas, lui, aimait bien la quiétude qu'offrait ce décor champêtre. Rester assis parmi les coquelicots et les chicorées sauvages lui faisait toujours penser à sa femme, qui n'avait jamais aimé les fleurs plus aristocratiques telles que les roses ou les orchidées.

Perdu dans ses pensées, il ne perçut la présence d'un jeune couple dans le couloir que lorsqu'il entendit un bruit de régurgitation plutôt écœurant. Quelqu'un venait-il réellement de vomir sur le sol ?!

- Oh mince ! Je suis affreusement désolée, s'excusa une voix féminine. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris... Ces crevettes avaient pourtant l'air bonnes...

- Tu sais très bien que tu ne les digères pas, répondit une voix masculine, d'où perçait cependant une pointe d'inquiétude. Mais ce n'est pas la première fois que tu vomis, ces derniers jours...

- J'ai dû attraper la gastro de Jamesy, répliqua la première voix. Ginny m'avait prévenue, quand elle nous a demandé de le garder...

Récurvite, lança la seconde voix avant de reprendre :

- Eh bien si c'est ça, tu devrais aller consulter le médicomage ! Tu veux toujours faire la guerrière, Hermione, mais tu es humaine, comme nous tous !

Hermione ?! Ce prénom capta l'attention d'Abraxas nettement plus que leur babillage précédent. Serait-il possible que le couple qui était en train de se chamailler non loin de lui soit...